Chapitre 1 - Fermeture

806 64 56
                                    

— Bonsoir.

Sirius leva les yeux au ciel en retenant un grognement. Le panonceau indiqué "fermé" et il détestait quand les gens osaient franchir la porte malgré ça.

A quoi bon servait-il qu'il se donne la peine de le tourner chaque matin et chaque soir, si personne n'en tenait compte ?

Fichtrement à rien, apparemment.

— On est fermés.

Il ne prit même pas la peine de lever les yeux de sa caisse, ni de prendre un ton aimable.

Le client venait d'entrer malgré le panonceau. La boutique était fermée, cela voulait dire qu'il n'avait plus besoin d'assurer une relation client des plus appréciables.

Il était en train de compter sa caisse et il ne supportait pas être interrompu. Il avait la capacité de concentration d'un chaton et n'aimait pas devoir recommencer de compter dix fois.

Et puis, il voulait terminer sa journée. Et vite. Il était attendu.

— J'ai vu, je suis désolé. Mais je crois que vous avez oublié quelqu'un dehors et, si c'est toujours possible, j'aimerais bien le sauver des griffes de la nuit.

Agacé, mais intrigué, Sirius leva finalement la tête, un billet de 10 livres coincés entre ses doigts.

Il tomba d'abord dans les yeux de l'intrus. Ou plutôt les  deux billes d'ambre d'une intensité innommable qui lui servaient d'yeux. Puis, vint le sourire, doux, et presque embarassé d'être ici. Et, enfin, il fit glisser ses yeux sur le bouquet qu'il tenait entre ses mains.

Et merde.

Il avait définitivement la capacité de concentration d'un chaton...

— Merde. C'était une longue journée, j'ai dû l'oublier. Répondit-il en déposant le billet de 10 livres dans sa caisse. C'était le plus beau bouquet du jour, en plus.

Le jeune homme lui sourit, avant de pincer les lèvres et de froncer légèrement les sourcils. Il avait l'air tout d'un coup embarrassé.

— Est-ce que je peux le prendre, ou j'arrive vraiment trop tard ?

— Pour cinq minutes, ça devrait aller, j'suis pas si mauvais.

Il vit son sourire s'agrandir, puis il attrapa un porte feuille dans le fond de la poche de son pantalon à pince beige.

Qu'importe ce que ce type prévoyait de faire de sa soirée, il comptait arriver à ses fins et ce bouquet semblait en être la clef.

— J'espère que l'heureuse élue connaîtra l'histoire derrière ce bouquet. Lança Sirius lorsque le jeune homme déposa les fleurs sur le comptoir.

Il attrapa du papier de soie derrière lui, rose pastel, s'assurant qu'il s'assortisse avec les couleurs des fleurs.

Ce type avait finalement l'air d'être plutôt sympathique, alors autant lui rendre service.

— Je me ferai une joie de lui conter le fabuleux destin du bouquet oublié sur un trottoir de Covent Garden.

Sirius esquissa un sourire. C'était, de loin, l'échange le plus intéressant qu'il avait eut de la journée.

Le jeune homme déposa la monnaie sur le comptoir et en clin d'œil Sirius vit rapidement qu'il avait fait l'appoint.

Il était, certes, arrivé après l'heure d'ouverture, mais il était aimable, s'était excusé, prenait le temps de discuter, et faisait l'appoint. Il cochait toutes les cases pour passer en tête de la liste des clients préférés de Sirius.

TendernessOù les histoires vivent. Découvrez maintenant