Chapitre 58 - Remus

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Il viendrait toujours. En courant, ou même en rampant s'il le fallait. Mais Remus viendrait toujours s'il savait que Sirius avait besoin de lui.

Comme pour le jour des funérailles, comme celui où Regulus lui avait téléphoné, terrifié.

Il viendrait toujours.

Les dernières semaines, ou plutôt les derniers mois, avaient été intenses, doux et amers à la fois.

Ça allait, parce que sa propre compagnie ne le terrifiait pas, ne le terrifiait plus. Mais il sentait qu'il lui manquait quelque chose. Qu'il y avait une part de lui qui lui faisait défaut.

Il ne comptait plus le nombre de fois où il avait eu envie de se saisir de son téléphone pour écrire un message. Juste parce qu'il pensait à lui. Juste parce qu'il avait envie de lui raconter quelque chose de pas bien intéressant, mais qui aurait certainement fait sourire Sirius. Mais aussi parce qu'il avait eu besoin de partager un moment de sa vie avec lui et qu'il aurait besoin d'avoir son avis. Il avait eu besoin de lui.

Il avait besoin de lui.

Puis, il lui manquait.

Un peu.

Beaucoup.

Tellement.

Sirius avait quelque chose de magique. Il lui avait toujours donné l'impression qu'il pouvait à tout moment se métamorphoser en étoile sous les yeux de Remus. En même temps, avec le prénom d'une constellation, cela tombait sous le sens. Sirius était une étoile vivante. La plus brillante. Remus semblait s'en être rendu réellement compte au moment où il avait décidé de l'éteindre de sa vie.

Mince, ce qu'il regrettait, et culpabilisait. Il aurait dû être présent et ne pas lui tourner le dos. Remus n'était pas du genre à ressasser les événements, mais celui-ci... il avait beaucoup de mal à le digérer. Il s'en voulait, beaucoup.

Penché sur les cours qu'il préparait pour le lendemain, à même son tapis, il n'était absolument pas concentré. Ses pensées divaguaient. Partout. Sauf là où elles devaient aller.

Il avait fait en sorte d'avoir une vie bien rangée, en toute simplicité, dans laquelle il évitait les drames. Ces derniers semblaient récemment vouloir lui faire savoir qu'ils existaient bel et bien.

Au lieu de voir ce qu'il avait écrit sur ses feuilles, il revoyait des images de sa vie. Revivant certains moments de son enfance.

Lui sur son petit vélo dont les petites roues venaient d'être retirées. Son grand-père derrière, faisant mine de l'aider à se stabiliser alors qu'il était loin, très loin de lui, Hope devant. Lui ouvrant grand les bras en l'encourageant vivement.

Lui, un yukulele à la main, Hope chantonnant des musiques inventées sur le rythme qui sortait de l'imagination de Remus.

Eux, sur le canapé, un jour de neige, regardant des dessins animés et buvant des chocolats chauds brûlants.

Lui, adolescent, roulé en boule dans son lit, un mal de cœur immense dont il ne pensait jamais se rétablir, Hope glissant sa main dans ses cheveux et ses mots réconfortants.

Lui, tendant à sa mère la nouvelle qu'il avait écrite pour le journal du lycée et qui avait été publiée. Dans le journal du lycée, puis dans le journal local. Elle, la fierté dans ses yeux.

Eux, assis sur le canapé, devant des boîtes de nourriture chinoise, après que Remus ait rassemblé son courage pour lui demander des conseils et après qu'Hope ait rassemblé le sien pour le lui en donner, suite à toutes les recherches qu'elle avait déjà effectuées, prête à répondre à tout. 

TendernessOù les histoires vivent. Découvrez maintenant