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TW : mention de suicide, parent malade, propos virulent vis à vis d'un parent, climat familial violent.
Prenez soin de vous.
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Remus attrapa l'un des plaids sur le canapé pour le déposer sur ses jambes avant de piocher un nouveau biscuit, prêt à écouter la tragédie que Sirius s'apprêtait à lui raconter. Sans réellement savoir par où commencer. Parce que tout semblait décousu, sordide, bancal.
"J'me suis fait tabasser la gueule toute mon enfance, abuser physiquement et verbalement par mes propres parents, devant le reste de la famille, en toute impunité. C'est pour ça que je supporte pas d'être touché, parce qu'une caresse représente une griffure pour moi et j'ai l'impression qu'à tout moment, on va éteindre sa cigarette sur moi ou qu'on va me ruer de coups. On m'a mis en tête que je ne valais rien, mon estime de moi-même a été réduite à néant, alors que je fais croire à tout le monde que c'est le contraire. J'ai plongé dans la drogue parce que c'était le seul moment où j'oubliais que j'étais complètement brisé. J'me suis rapproché de gens très peu digne de confiance et d'intérêt. Et j'ai fait une tentative de suicide parce qu'il me semblait que c'était la chose la plus saine à faire pour résoudre mes traumatismes et ne plus être un poids pour personne. Des fois, je me demande pourquoi je me suis raté et ce que je fou encore ici."
Voilà qui semblait être un bon début. Un bon début pour le faire se lever, et claquer la porte de chez lui sans même un regard, pour ne plus jamais lui adresser un mot.
Sirius soupira et attrapa un sablé qu'il plongea allègrement dans le chocolat et les guimauves. Remus avait raison, c'était définitivement la chose la plus réconfortante qu'il avait jamais goûté.
- Tu t'es déjà réjoui d'un truc pour lequel tu devrais peut-être pas, parce que c'est pas quelque chose de cool ?
- Tu entends par là quelque chose qui te profiterait à toi, mais au détriment de quelqu'un d'autre ?
- Si on veut, ouais.
- Ça m'est déjà arrivé, oui.
- Tu es un monstre, Remus.
Son rire lui réchauffa le cœur. Peut-être qu'il ne partirait pas, finalement, s'il lui avouait tout.
- Le pire. Mais, dans ce cas-là, je crois que nous sommes nombreux à être des monstres. C'est quelque chose d'humain, tu ne crois pas ?
- Même quand il s'agit d'un truc qui touche à la santé de quelqu'un ?
- Tu voudrais bien développer davantage ?
- J'essaie, Remus. Mais j'essaie toujours d'analyser l'information, ce que j'en pense et surtout ce que je vais devoir en faire.
Sirius passa une main sur son visage en soupirant.
- Orion est mourant. Une de mes cousines m'a appris ça aujourd'hui. Et depuis que j'suis tout jeune, j'attends qu'une chose : qu'il crève. Et maintenant que c'est là, j'sais pas ce que j'en pense. Sur le coup, j'ai sauté de joie. Et puis j'ai pensé à Reg'. Et Reg' ne va pas sauter de joie. Clairement pas. Et je suis censé lui dire, parce que c'est la bonne chose à faire et que j'veux pas qu'il l'apprenne par quelqu'un d'autre que moi. Et je sais pas comment je vais faire. Parce que j'ai pas envie d'être encore une fois la personne qui brisera le coeur de mon petit frère. Même si ça devrait pas lui briser le cœur parce que c'est le pire connard de la terre, mais ça reste son père, et ça, il y porte beaucoup plus d'importance que moi. Et putain, j'ai tellement hâte qu'il crève, mais c'est mon père, même si ce mot m'écorche la bouche, et j'crois que je culpabilise d'avoir hâte, alors que je devrai pas culpabiliser. Il mérite de crever. Et il mérite même de crever salement. Tu sais où est la porte si tu veux partir.
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Tenderness
FanfictionQuand Sirius apprend petit à petit à laisser tomber sa garde après que Remus ait décidé de braver les horaires de fermeture de sa boutique. Univers alternatif non magique. Les personnages n'ont pas tous vécus des choses heureuses, mais tout se termi...