Chapitre 22 - Lily

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Il fronça les sourcils quand on sonna à sa porte. Il déposa son crayon et son carnet, coinça sa cigarette entre ses lèvres et alla ouvrir, en marmonnant. Il n'attendait personne et n'avait pas spécialement envie d'être dérangé.

À la porte, les yeux pétillants, un sourire aussi chaleureux qu'un soleil de Juillet, de gros sacs entre ses mains : Lily.

—On passe la soirée ensemble !! S'exclama-t-elle en sautillant.

Sirius lui sourit, tout signe de mauvaise humeur ayant soudainement disparu. Il attrapa sa cigarette entre ses doigts et la sera dans ses bras avant de la laisser entrer dans la maison, attrapant de ses mains un des sacs pour essayer d'y voir le contenu.

—Enfin... On passe la soirée ensemble si tu n'as rien de prévu. Lança-t-elle dans son dos alors qu'elle était déjà en train d'enlever son long manteau et ses chaussures.

—Absolument rien ! Répondit-il en allant dans la cuisine. Tu as décidé d'apporter tout le magasin de peinture du coin ou...?

Il déposa les sacs sur son comptoir, puis partit ouvrir son frigo en quête d'une bouteille de vin et de verres.

—J'ai ramené des choses de la maison, et un italien à manger !

—Dov'è il tuo Italiano ? Je m'en mettrais bien un sous la dent.

—Des pâtes, Sirius. J'ai ramené des pâtes du restaurant italien.

Il rigola alors que Lily lui donnait un coup de hanches en déballant les plats.

—Loin de moi l'idée de te faire culpabiliser ou t'amener à penser que je ne te veux pas à la maison, et que je ne suis pas content de te voir, mais c'est pas ton genre d'arriver sans prévenir.

—Oui. Je sais. Répondit-elle en fouillant dans le tiroir à couverts. Mais Harry est chez mes parents et James est bloqué au bureau. Alors au lieu de rentrer, je me suis dit que ça pourrait être bien que l'on passe une soirée tous les deux. Ça fait tellement longtemps.

Elle se saisit de son verre et de son plat et prit la direction du salon en faisant de rapides petits pas.

Sirius savait déjà qu'elle se dépêchait de prendre la place que lui, d'habitude, préférait. Il la regarda avec un sourire aux lèvres et prit sa suite, se laissant tomber sur le sol en poussant ses carnets, crayons et autres fusains.

—Et tu as apporté tout un magasin de peinture parce que...

—C'était à la maison. Je comptais les laisser au travail pour les étudiants, mais je me suis dit que ce soir ça pouvait nous être utile. Ça fait une éternité que l'on n'a pas peint ensemble. Si on ne s'en sert pas, ce n'est pas bien grave, mais au moins, c'est là. Juste au cas où. Hé, c'est beau ça !

Elle pointa son doigt sur le croquis de son carnet avant de planter sa fourchette dans ses linguine.

—Merci. Répondit-il en haussant les épaules, en espérant que Lily ne creuse pas trop le sujet.

Il avait représenté des vagues. Beaucoup de vagues. Mais ce soir, il comptait bien profiter de sa meilleure amie pleinement, s'imprégnant de sa bienveillance et de son sourire et non pas la noyer de ses tourments. C'était vrai, quand elle avait dit que ça faisait longtemps qu'ils ne s'étaient pas vus, tous les deux.

Adolescents, ils avaient un jour découvert leur passion commune pour la peinture, ils avaient alors trouvé un terrain d'entente. Des pauses repas s'étaient déroulé les doigts baignés dans la gouache, des récréations en compagnie de toiles et fusains.

Ce soir, Sirius avait un peu l'impression de revivre cette époque. Ils avaient évoqué leurs  souvenirs, avaient ri et il avait écouté Lily lui parler de l'avenir. Alors lui, s'était engouffré dans le passé. Se rappelant qu'à 13 ans, il rêvait d'en avoir 18 et d'être libre comme l'air. Qu'à 15 ans, il rêvait déjà d'en avoir 25, un appartement avec James et une moto. Il se remémorait toutes ces choses qu'ils s'imaginaient faire, tous leurs rêves à cette époque-là. Lily aurait été peintre. Lui et James auraient joué de la guitare dans un champ de coquelicots  pendant qu'elle les peignait. Leurs sourires, leurs yeux, leurs mains et leurs rires.

TendernessOù les histoires vivent. Découvrez maintenant