Chapitre 36 - Démission

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Sirius coinça son pinceau derrière son oreille et alla ouvrir sa porte après avoir lu le message qui venait d'arriver sur son téléphone. 

Remus se trouvait sur le trottoir, son nouvel étui à guitare se balançant le long de son corps, un sac contenant ses autres cadeaux au bout de son bras, et le plus beau des sourires accroché sur son visage.

—Je n'ai pas osé sonner, j'avais peur que tu sois en train de dormir. Dit-il en passant la porte et en déposant un baiser sur la joue de Sirius.

—Quand est-ce que tu comprendras que je dors jamais vraiment ?

Remus déposa ses affaires et s'approcha du caneva qui trônait au milieu du salon de Sirius.

—C'est là où on était...

Sirius se laissa tomber sur son canapé en regardant la toile. Puis il raconta à Remus.

Qu'il avait passé une grande partie de son enfance sur ces pontons. A courir parfois, à y marcher silencieusement plus souvent.
Que sa famille avait un bateau, qui était toujours présent dans le port. Le plus grand. Certainement le plus cher, aussi. Il lui raconta les réceptions à son bord, et les virées sur la Tamise qui lui procuraient des crises d'angoisse.
Il avait toujours eu peur qu'Orion et Walburga le fasse passer par dessus-bord. Il en avait cauchemardé tellement de fois.
Quand il eut été adolescent, les sorties en mer s'étaient faites rares, puis inexistante. C'était typique des familles riches. Elles exhibent leurs richesses un temps en achetant des choses à des prix mirobolants, les exploitent juste ce qu'il faut pour se faire remarquer, puis les laissent tomber dans l'oubli.
Sirius avait continué à venir sur le bateau. Il avait toujours fait en sorte de savoir quand le code d'accès au ponton changeait, et il avait toujours su comment se le procurer.
Ce bateau avait pendant un moment été son chez lui. Quand ses parents l'avaient jeté hors du Square Grimmauld une première fois.
Il avait été son repère pour les coups d'un soir et la prise de stupéfiants. C'était dans ce bateau qu'il s'était perfectionné en musique et en dessin.

Il lui expliqua qu'Alphard avait acheté deux appartements sur la Sun Walk, l'un à côté de l'autre, qu'il avait ensuite mis en location. Les loyers partaient sur les comptes bancaires de Regulus et Sirius et ces appartements étaient à leurs noms. Leur oncle avait toujours fait en sorte d'assurer les arrières de ses neveux. Ils s'étaient d'ailleurs promis qu'un jour ils habiteraient là-bas.

Il avait déballé ces souvenirs en se préparant à aller dormir. Remus suivant son rythme, répondant et écoutant tout en trouvant bien trop naturellement sa place à ses côtés. Dans la salle de bain en se saisissant du dentifrice, dans la chambre en rangeant ses affaires à un endroit bien précis, en revenant de la cuisine avec deux petites bouteilles d'eau, en déposant ses lunettes dans le recoin de la table de chevet de manière à les trouver facilement le lendemain.
Il s'était glissé dans le lit et avait ouvert la couverture, Sirius s'y était engouffré en le serrant dans ses bras et en frottant son nez contre son cou.
C'était bien, de l'avoir ici. Et de voir que tout n'était pas si compliqué. Qu'au contraire tout était fluide et naturel.

Il le fit parler de sa soirée, lui demanda s'il était heureux, s'il avait vraiment été surpris. Remus lui répondait en glissant ses doigts dans ses cheveux ou contre son dos. Le son de sa voix berçant Sirius.

—Je ne peux pas accepter la guitare, Sirius. Souffla-t-il après un moment de silence.

Sirius grogna et roula sur le côté, s'éloignant du cou de Remus pour le regarder.

—Bien sûr que si. C'est un cadeau. On refuse pas un cadeau.

—C'est un cadeau qui vaux beaucoup trop cher. Je ne pourrai jamais t'offrir quelque chose de cette valeur là, et...

TendernessOù les histoires vivent. Découvrez maintenant