Chapitre 60 - Rugby

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Il entra dans la boutique de la façon dont il détestait que ses clients le fassent.

Rapidement, sèchement, sans bonjour. Il s'approcha du comptoir et déposa ses paumes de mains dessus.

—Vous vous êtes bien foutu de sa gueule.

Les sourcils froncés, Lyall déposa le bouquin qu'il tenait entre ses mains pour porter toute son attention sur Sirius.

—Vous avez discuté avec nous dans votre propre intérêt. Quand vous m'avez demandé si « mon ami » avait lu ce stupide roman avant de regarder le film, vous saviez très bien ce que vous faisiez, et c'est pas honnête. Ni envers lui, ni envers moi, ni envers Hope. J'vous trouvais franchement sympa, mais en fait vous avez juste abusé de notre confiance.

A la fin de sa tirade, Sirius porta son regard sur l'étagère derrière Lyall. Puis il souffla avant de reporter ses yeux sur lui.

—J'peux vous le prendre ? Demanda-t-il en tendant son index vers le vinyle.

Lyall suivit son doigt du regard et attrapa l'album qu'il déposa sur le comptoir entre Sirius et lui. Il ne le lâcha pas quand il prit finalement la parole.

—Je suis désolé. Je n'ai jamais eu l'intention de blesser qui que ce soit, et je suis bien conscient de ne pas avoir agi correctement. Avec aucun d'entre vous. Ce n'était pas mon but, et je me sens coupable.

Il avait l'air sincère. Vraiment sincère. Et ça agaça Sirius davantage.

—Vous auriez pas juste pu m'envoyer chier d'être entré dans votre boutique comme un connard ? Là j'vous trouve encore une fois sympa et j'suis pas d'accord avec ça. J'ai pas envie de vous trouver sympa.

Lyall sourit et c'est là que Sirius les remarqua : les fossettes. C'était sous ses yeux depuis tout ce temps, mais il ne se rendait compte que maintenant que la ressemblance était frappante.

—Ce n'est pas mon genre, et puis... vous aviez vos raisons, qui sont plutôt valables, alors, je ne vais pas vous en tenir rigueur.

Il poussa le vinyl vers Sirius et le lâcha finalement.

—C'est vraiment quelqu'un de super, vous savez ?

—Je m'en suis rendu compte. Acquiesça-t-il en hochant la tête.

—Gâchez pas tout, quand il reviendra ici.

—Ce n'est pas ce que je compte faire.

—J'vous donnerai pas de conseils, par contre. Je galère déjà de mon côté à me racheter, chacun sa merde, je garde mes tips sous scellés.

Sirius ponctua sa phrase d'un sourire et sortit son téléphone afin de régler l'album. Lyall secoua la tête.

—Je vous l'offre. S'il peut vous rendre service, ça me fera plaisir.

—Je vous devrai un bouquet, quand vous vous serez vraiment excusé auprès de la bonne personne. Bonne soirée !

Son album sous le bras, Sirius sortit de la librairie sans attendre une réponse de la part de Lyall.

Il ne savait pas s'il avait bien fait de venir ici, ni même si c'était une bonne idée, mais sans réellement savoir pourquoi, il lui semblait que c'était la meilleure chose à faire. Surtout après que Regulus lui ait dit de ne surtout pas se mêler de ce qu'il ne le regardait pas, et que James lui ait dit d'y aller mais « l'air de rien ». Sauf qu'il ne pouvait pas agir comme si de rien était. Il était trop impliqué depuis que Remus lui avait tendu sa feuille, la veille.

Il s'attendait à tout. Mais pas à ça. Il s'attendait à ce qu'il eût écrit en quoi il avait nui à ses étudiants en leur préparant le pire examen que la terre ait connu. Mais non. La première partie de son écrit était concentré sur la façon dont il pensait avoir nui à Sirius. C'était une longue partie. La plus longue. Qui avait donné l'impression à Sirius que son cœur se contractait. Puis il avait écrit sur comment il pensait avoir nui à Hope, en omettant une partie de la vérité. Puis comment il pensait avoir nui à Lyall.

TendernessOù les histoires vivent. Découvrez maintenant