La joue sur son poing, sa jambe droite battant une mesure qui n'existait pas, le bruit des jeux d'arcade en fond, son doigt qui grattait le rebord de son verre, il tâchait d'écouter James.
Tâchait, parce que, ce qu'il était en train de dire, il l'avait entendu au moins cent fois. Et que, au moins cent fois, il lui avait dit ce qu'il en pensait. Pour que, cent fois encore, James ne change rien à la situation.Il sursauta et posa son regard sur la main qui venait de se poser sur son genou, et qui se retira presque immédiatement. Il cessa d'agiter sa jambe, son regard suivant le chemin de la main qui se saisit de son verre. Il croisa le regard de Remus avant de prendre la parole, essayant de camoufler et les battements étranges de son cœur, et son agacement quant au fait de répéter la même chose depuis des années.
—Et si tu lui disais exactement la même chose que ce que tu viens de dire, James ?
—Parce qu'elle me dira de le faire !
—Et est-ce que ce n'est pas ce que tu souhaites ? Questionna doucement Remus en reposant son verre sur la table après avoir pris une gorgée de sa boisson.
James passa une main dans ses cheveux.
Si. Si, c'était ce que James souhaitait. Mais c'était ce qui le terrifiait également, et qui l'empêchait de sauter le pas.
—Je n'en sais rien.
Sirius leva les yeux au ciel, et se leva pour prendre la direction du bar, non sans lâcher :
–Si, tu le sais. Sauf que ça te fait flipper. Parce que finalement, tu te confortes très bien dans cette situation qui te plaît pas depuis des lustres.
Il lui ébouriffa les cheveux en le dépassant.
Il l'aimait de tout son cœur, mais ce soir, il se serait bien passé de la crise existentielle annuelle de James. Mais en même temps, quand il lui avait envoyé ce message désespéré, il n'avait pu faire autrement que de lui dire où il était, et de venir les rejoindre.
James passait en priorité. Tout le temps. Qu'importe la situation. Même s'il était en train de gagner contre Remus à ce jeu de paniers et que son rire sonnait plus doucement à ses oreilles que la voix de James.
Quand il déposa les trois pintes de bière à leur table, c'était Remus qui était en train de parler.
—Je ne vous connais certainement pas suffisamment pour avoir un avis qui soit tangible, mais de ce que Lily a pu me dire et de ce que tu sembles dire là, vous souhaitez tous les deux la même chose : que chacun puisse être heureux et épanoui. Je l'ai entendu plusieurs fois dire à quel point le temps que tu consacrais à ton travail pouvait te déranger parfois. Et puis, de ce que j'ai compris, vous êtes loin d'être dans le besoin, alors tu peux te laisser le temps de te trouver un plan B, en te reposant, et profiter de ta famille sans trop t'inquiéter.
—T'épuise pas. Répondit Sirius en déposant son pied sur l'assise de sa chaise, son verre de bière en équilibre sur son genou. Ça fait plus de cinq ans que je lui répète ce que tu viens de dire.
-Moins gentiment, cela dit. Rigola James. Mais franchement, là, j'ai l'impression que j'ai un peu atteint le point de non-retour. Je rentre épuisé à la maison, je n'ai pas le temps de profiter de Lily et de Harry comme j'aimerais pouvoir le faire, et j'ai l'impression de passer à côté de beaucoup trop de choses importantes. Même toi, je n'arrive plus à te voir autant qu'avant et ça me rend dingue. Vous voir tous cinq minutes entre un café, des fleurs, un petit déj ou un dessert, ça ne me suffit pas. Je ne profite même pas, parce que je pense déjà à tout le boulot que je vais devoir rattraper, et...
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Tenderness
FanfictionQuand Sirius apprend petit à petit à laisser tomber sa garde après que Remus ait décidé de braver les horaires de fermeture de sa boutique. Univers alternatif non magique. Les personnages n'ont pas tous vécus des choses heureuses, mais tout se termi...