Chapitre 6 - L'écoute

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Ça avait été plutôt insidieux. Ça n'avait pas eu l'effet d'une bombe comme c'était pourtant souvent le cas.

Ça avait été des fourmillements, des impatiences dans les jambes et son cœur qui manquait quelques battements. Ça avait été ses mains qui tremblaient plus que d'habitude et sa paupière qui tressautait. Ça avait été la quantité importante de cigarettes en l'espace d'une seule journée.

Alors, au lieux de succomber, et pour se prouver qu'il valait mieux que ça, qu'il en était capable, il avait rassemblé son courage.

Il regardait cette salle d'attente, rongeant l'ongle de son pouce, son pied battant une mesure qui n'existait même pas dans sa tête. Il observait les tableaux et la décoration. Un peu vintage, un peu pop, très colorée. Il n'y avait pas de magasines santé, mais des livres de photographies ou d'art.

Il y avait des feuilles et des stylos à disposition. Il n'y avait pas le cliquetis incessant des aiguilles d'une horloge qui tournent, et qui tournent, et qui tournent, et qui terminaient bien souvent par vous faire tourner la tête. Il y avait une douce playlist qui tournait en fond. Le son était bas, les mélodies étaient douces. Du violon, reprenant chansons actuelles ou anciennes.

Et puis il y avait cette porte. Blanche. A la poignée dorée. Et il savait, que quand elle s'ouvrirait, elle laisserait entrer avec lui toutes les choses qu'il essayait de refouler, de camoufler.

Il fixait la porte tellement fort, essayant d'imaginer la pièce derrière celle-ci, que son regard aurait pu l'embraser.

Il vit la poignée s'abaisser et il sentit son cœur s'arrêter.

Il fut accueilli par un sourire et un regard avenant. Il se leva et serra la main qu'elle lui tendait.

Il entra dans la pièce et, comme prévu, les ombres qui le suivaient se faufilèrent derrière lui avant qu'elle ne referme la porte.

Les fauteuils en velours vert sapin et la décoration sobre lui inspira confiance. Il observa les photographies aux murs, et ne put s'empêcher de croiser le regard de la boîte de mouchoirs déposée sur une petite table entre les deux fauteuils.

Il était prêt à parier que certaines plantes venaient de sa boutique. Il s'approcha du ceropegia qui trônait sur une étagère et grimaça.

- Vous l'arrosez trop. Ne put-il s'empêcher de commenter avant de s'asseoir sur le fauteuil de libre.

- Vraiment ? Questionna-t-elle en observant la plante.

- Ouais. Il faut attendre que le dessus de la terre soit sec, pour remettre de l'eau, et il faut pas qu'il y en ait dans votre soucoupe. Elle est belle, ça serait dommage de la tuer parce-que vous en prenez trop soin.

- J'en prends bonne note. Lui sourit-elle.

Il croisa ses jambes en tailleur sur le fauteuil et enroula ses doigts autour de ses chevilles. Il poussa un long soupir et fixa trop longuement la photo d'étoiles qui était accrochée juste derrière elle.

- Est-ce que vous voulez que l'on discute fleurs et plantes ou est-ce que vous êtes prêt à me dire pourquoi vous êtes ici, Monsieur Black ?

Elle lui sourit, et il déglutit avant de lui répondre. Pour une raison qu'il ignorait, elle était impressionnante. Pourtant, son visage était avenant, elle respirait la bienveillance et la sympathie. Mais il y avait de nombreuses fois où il se sentait tout petit face à certaines personnes, sans savoir l'expliquer. Et aujourd'hui, il était très impressionné.

- Sirius. C'est Sirius. Articula-t-il.

Elle hocha la tête, poliment.

- J'sais pas trop ce que je suis censé vous dire, en fait. Reprit-il fébrilement.

TendernessOù les histoires vivent. Découvrez maintenant