Chapitre 44 - The Circle

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Il fit ralentir sa moto quand sa roue avant frôla les graviers blancs comme neige. On aurait dit qu'ils avaient tous étaient nettoyés au karcher, un par un. Lucius avait certainement payé quelqu'un pour faire ça.

Il avança au pas, et regarda la grande bâtisse qui se dessinait devant eux, son cœur semblant peser de plus en plus lourd dans sa poitrine à chaque centimètre gravi.

Il détestait cette baraque.

De tout son cœur.

De ton son corps.

De toute son âme.

Il sentit les mains de Regulus serrer rapidement ses hanches, et il se rappela que ça irait.

Presque rien n'avait changé dans la maison. Le sol en marbre brillait toujours autant, les murs étaient toujours aussi hauts. Seule la décoration était devenue un peu plus moderne. Et encore... Il y faisait toujours si froid.

Il regarda le portrait accroché dans l'entrée et grimaça. C'était surprenant que Lucius ait accepté de le laisser là. Même Narcissa, d'ailleurs, en y réfléchissant un peu. Les souvenirs qui y étaient attachés n'étaient pas heureux.

Il avait l'air si triste sur ce cliché. Ils avaient tous l'air tristes, en y regardant de plus près. Les sourires étaient forcés, et ne gagnaient pas les yeux. Pas même un tout petit peu.

Il se souvenait encore du moment où la photo avait été prise. De la crise de cris qui avait retenti avant, des portes qui avaient claqué ensuite, des pleurs qu'il avait taché de tenir éloigné.

Bordel, ce qu'ils les détestaient.

—Je n'ai jamais eu le cœur de la retirer. On est ce qu'on est, comme famille, mais je crois que c'est la seule que j'ai avec toi.

Il se tourna vers Narcissa et lui sourit.

—Alors il est temps de faire un selfie dans cette maison outrageusement grande. Sérieusement, quelle idée t'a eu d'accepter de vivre là-dedans ?! Vous êtes trois ! Pas trois cents !

—Je sais ! Rigola-t-elle en lui déposant la main sur le coude pour le conduire vers la cuisine. Mais tu sais aussi bien que moi, qu'on ne peut pas vraiment leur refuser quoi que ce soit. Je ne sais pas pourquoi ils ont voulu qu'elle me revienne. J'imaginais plus Bella vivre ici que nous trois. Mais, on s'y fait. Ajouta-t-elle en haussant les épaules. On a redécoré toute la bibliothèque !

—Qui donne sur le jardin ?

—Oui ! Il va falloir que je vienne te chercher des fleurs pour l'habiller un peu !

Dans la cuisine, Andromeda et Regulus préparaient des cocktails en échangeant sur la semaine qu'ils avaient passée. Regulus aborda Ted et le sourire d'Andromeda fit étinceler ses yeux. Elle lui répondit que tout se passait bien pour lui, pour eux, mais ne s'attarda pas.

Malgré les années et le fait que les deux sœurs aient réussi à mettre leurs différends de côté, certains sujets restaient parfois délicat à aborder.

Leurs cocktails en mains, Narcissa leur avait fait visiter la bibliothèque. Elle était sublime. Sirius se serait cru dans un film. Le plancher était toujours foncé, mais les murs étriqués et l'unique fenêtre qui donnait sur le jardin n'étaient plus. A la place, il y avait maintenant une grande verrière. Sirius s'imagina assis dans ce grand fauteuil suspendu, à regarder les arbres dehors en écoutant la pluie qui s'abattait contre le verre au plafond.

Sa cousine avait toujours eu bon goût, et elle le prouvait d'autant plus aujourd'hui.

Ils avaient apporté le repas qu'ils s'étaient fait livrer dans le salon et l'avaient mangé sur la table basse. Narcissa les jambes en tailleur sur son canapé à côté de sa sœur. Sirius avait eu l'impression de vivre dans un univers parallèle. Il y a longtemps, dans cette maison, on y mangeait à la longue table de la salle à manger. On se tenait bien droit sur les chaises, on ne déposait pas les coudes sur la table, c'était la fourchette qui venait à la bouche, et non l'inverse et, surtout, surtout, on ne transportait pas de nourriture dans une autre pièce que la salle à manger ou la cuisine. Narcissa était celle qui avait toujours tenu le plus protocolairement les bonnes manières. Assise, droite, la tête haute, la main délicate et les gestes gracieux. Elle n'avait jamais fait un faux pas. C'était émouvant, de la voir si décontractée, enfin. A sa façon.

TendernessOù les histoires vivent. Découvrez maintenant