Tenderness

Chapitre 56 - Hope

Hope Howell ne jurait pas. Ou très peu.

Sa mère lui avait un jour dit que c'était quelque chose qui ne se faisait pas. Et elle avait été éduquée de façon à toujours écouter et respecter ce qu'on lui disait.

Hope Howell n'avait jamais eu peur de demander quoi que ce soit à ses parents. Elle se sentait en confiance, eux, étaient ouverts à toutes discussions. Le plus important était le fait de respecter l'autre et de ne pas juger.

Quand à 13 ans, elle avait embrassé son premier amoureux, Hope Howell s'était empressée d'aller le raconter à ses parents. Ils avaient été heureux pour elle, mais sa mère avait tenu à « lui expliquer certaines choses », pour reprendre ses mots. Alors, Hope s'était retrouvée à suivre un cours d'éducation sexuelle par sa mère. Si, dans sa tête, elle se répétait en boucle « merde, merde, merde, dans quoi me suis-je donc embarquée ? », vu de l'extérieur, elle semblait parfaitement sereine. Elle avait, cependant, tout écouté très attentivement. Elle avait surtout retenu qu'elle devait se protéger, à tout prix. Sa mère lui avait dépeint les maladies qu'elle pouvait être susceptible de développer et Hope ne voulait pas ça. Ni pour elle-même, ni pour décevoir sa mère.

Hope Howell ne jurait pas. Elle ne l'avait pas fait quand ce garçon lui avait brisé le cœur, en la trompant avec la fille la plus populaire de l'école, Rachel. Ce jour-là, elle avait pleuré, sa mère l'avait prise dans ses bras, son père avait juré, et sa mère lui avait soufflé son mécontentement « on ne jure pas dans cette maison, voyons ».

Hope avait passé la nuit à pleurer. Beaucoup. Des torrents de larmes. C'était dur, quand notre premier amour s'en allait avec notre cœur.

Quelques mois plus tard, Lyall était arrivé. Nouveau en ville. Nouveau au collège. Il était beau. Si beau que quand il était entré dans sa salle de classe, Hope avait lâché un « oh merde » qui avait fait rire Savannah, sa meilleure copine.

Il avait des yeux verts. Et le vert était la couleur préférée de Hope.

Et puis, il était gentil, Lyall. Vraiment très gentil. Il la faisait rire, ramassait les livres et cahiers qu'elle faisait souvent tomber, lui demandait quelles étaient les fleurs qu'elle dessinait sur ses copies. Il s'asseyait même à côté d'elle en classe alors que Rachel lui faisait signe de venir à côté d'elle.

Ils avaient partagé leur premier baiser devant le garage à vélos du collège. Hope avait eu les mains qui tremblaient quand elle avait défait son cadenas en forme de cœur. Et son cœur, à elle, battait fort, si fort, contre sa poitrine.

Ils étaient rapidement devenus le couple le plus emblématique du collège et la cote de popularité de Rachel semblait avoir diminué en flèche. Comme quoi, la gentillesse l'emportait parfois.

Et puis... et puis Hope s'était souvenu de tout. Elle savait exactement comment mettre un préservatif. Elle s'était entraînée, car c'était quelque chose qui n'était pas négociable. Elle tenait à sa santé et à la santé des autres.

Hope n'avait pas eu à sortir le préservatif du fond de son sac à dos, Lyall en avait de lui-même sorti un du sien. Ils l'avaient mis ensemble. De la bonne manière. A l'endroit. Ils avaient fait attention.

Il devrait être écrit en gros, sur les boîtes, que parfois, un préservatif pouvait se percer et qu'on ne s'en rendait pas compte directement. Il devrait être écrit en gros, sur les boîtes, que parfois, ce n'était pas de la faute des personnes qui utilisaient un préservatif si une erreur arrivée. Il devrait être écrit en gros que, parfois, tout était bien fait, mais que ça ne se passait pas comme il faudrait. Il devrait être écrit en gros, qu'il ne fallait pas faire culpabiliser les jeunes filles pour une erreur qui n'était pas la leur, pour une erreur qui n'en était pas une.