Tenderness

Chapitre 51 - Remus

Remus se massa les tempes en attendant que son café coule. La cafetière parue ne jamais avoir été aussi lente.

Il but l'espresso rapidement, grimaçant à l'amertume, se brûlant la langue au passage.

Il déposa de nouveau sa tasse sous la machine et en fit couler un deuxième. Cette fois-ci, il se servit en lait d'avoine dans le frigo de Sirius.

Il lui avait un jour dit qu'il pouvait faire ici comme chez-lui. Ce n'était peut être plus d'actualité, mais il avait inéluctablement besoin de douceur.

James et Lily étaient partis chercher de quoi faire un petit-déjeuner. Remus avait insisté pour qu'ils aillent tous les deux prendre l'air. Ils en avaient bien besoin.

Regulus, lui, dormait toujours en boule sur le canapé de Sirius. Remus avait remonté le plaid sur ses épaules quand il était passé devant lui ce matin. Il avait une tendresse infinie pour ce garçon.

Il s'adossa contre le plan de travail de Sirius et bu son latte. Les images de la veille se superposant, se bousculant dans son cerveau. Ciel qu'il avait eu peur. Rien qu'à se remémorer les événements, son cœur s'emballait et il se sentait en proie à une crise de panique intense comme il n'avait pas connu depuis des années.

Quelle idée avait-il eue ? Qu'avait-il bien pu se passer dans son cerveau pour qu'il décide de boire jusqu'à l'ivresse avant d'aller chercher des ennuis à des gens qui ne lui souhaitaient pas du bien ?

Il entendit une porte se fermer et de l'eau couler.

Il déposa sa tasse et prit la direction de la salle de bain. Il tapa contre la porte et n'obtint aucune réponse. Il entendait seulement le bruit de l'eau.

—Je vais entrer, Sirius. Lança-t-il en mettant la main sur la clenche.

Il ouvrit la porte et son cœur se fissura.

Il referma derrière lui, ôta son t-shirt et son pantalon avant de se saisir d'un gant de toilette, puis il grimpa dans la baignoire. En se demandant bien comment Sirius avait fait pour se traîner jusqu'ici.

—T'es pas obligé de rester. T'as mieux à faire.

Remus fit tout son possible pour ne pas soupirer. A la place, il glissa sa main dans le gant de toilette et la tendit vers le visage de Sirius.

—Tu n'es pas obligé de me parler. Répondit-il alors que Sirius venait de hocher la tête, l'autorisant à déposer sa main sur sa joue.

L'entaille sur sa pommette s'était rouverte durant la nuit et du sang avait séché. Remus tacha de nettoyer son visage sans trop appuyer.

—Pourquoi t'es encore là ?

—Tu sais très bien pourquoi, Sirius. Lui répondit-il en le regardant dans les yeux.

—Non. Aux dernières nouvelles, tu voulais que ce soit moi qui vienne jusque chez toi.

Il toussa et grimaça, enroulant son bras autour de sa cage thoracique.

—C'est toujours le cas. Mais je n'allais pas laisser James et Lily venir te récupérer alors que j'étais là aussi.

—T'aurais pu.

—J'aurais pu. Répondit-il simplement, avant de l'aider à se débarrasser du sang qu'il restait contre sa peau, que Poppy n'avait pas vu, ou pu, nettoyer la veille.

Quand ils sortirent de la baignoire, Remus aida Sirius à refaire le pansement sur son abdomen. Sirius ne fit aucun commentaire. Tout s'était passé en silence. Ce qui avait été beaucoup trop étrange.

Remus était ensuite parti. En silence.

Il referma la porte de chez lui, des larmes lui piquant les yeux, sa gorge tellement nouée qu'elle lui brûlait, l'estomac retourné et le cœur au bord de l'implosion.

Il s'était promis de ne plus s'occuper à recoudre le cœur des autres. Pourtant... Pourtant il savait pertinemment qu'il reviendrait vers Sirius en courant s'il le lui demandait. Parce qu'il l'aimait tellement, tellement fort.

Remus s'en voulait. Énormément.