Chapitre 24 - Thé

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Remus n'était pas parti.

Il avait bu le thé que Sirius lui avait servi, assis sur son canapé, les jambes en tailleur. Il avait jeté un regard au carnet noir dont la couverture était remplie de traces de peintures.

Sirius s'en était saisi et le lui avait déposé sur les jambes lançant un "Tu peux demander des choses, tu sais ?"

Remus lui avait répondu qu'il ne voulait pas empiéter sur quoi que ce soit que Sirius ne voulait pas partager. Sa tasse dans une main, il avait ouvert de l'autre le carnet. S'arrêtant sur certains portraits, certaines couleurs. Ses yeux miel redessinant les contours des traits déposés sur le papier, ses yeux miel semblant avoir la capacité de lire les émotions au travers des couleurs.

C'était terrifiant, de se sentir si vulnérable.

Remus n'était pas parti.

Quand il s'était levé pour aller enfiler chaussures et manteau, Sirius s'était saisi de sa main avant de se perdre dans ses yeux. Lui demandant silencieusement de rester. Parce que le formuler était trop compliqué. Puis il l'avait embrassé. Parce que cela paraissait plus simple que de parler. Parce que ses lèvres contre les siennes et leurs langues qui se rencontraient semblaient lui procurer plus de sérotonine et d'adrénaline que ce que pouvait lui apporter une ligne. Et que la redescente serait plus douce. Parce que le contact de ses mains contre sa nuque lui provoquait de délicieux frissons. Et que les doigts qu'il glissait dans ses cheveux pour lui retirer son élastique lui faisaient perdre pied. Parce que ses mains ne le brûlaient pas.

Alors, un doigt glissé dans un passant de ceinture, il l'entraînait vers sa chambre. Tâchant d'ordonner à son cœur de ne pas redoubler ses battements, parce que tout irait bien.

Leurs vêtements retirés, Remus avait scellé leurs doigts et déposé sa main contre le torse de Sirius, le laissant mener la danse.

Remus n'était pas parti. Il avait été à son écoute, avait retiré sa main quand il comprenait que c'était trop.

Même si une main sur son ventre n'aurait jamais dû être trop.

Remus n'était pas parti.

Il était resté.

Maintenant emmêlés tous les deux dans ses draps, Sirius s'était perdu dans ses bras. Son corps contre le sien, lui donnant l'étrange impression de pleinement exister.

Remus n'était pas parti cette nuit-là.

Et, les yeux rivés sur son plafond, c'était ce que Sirius se répétait.

—Parle-moi de toi. Lui demanda-t-il en tournant la tête vers lui pour se rendre compte que Remus le regardait.

Son cœur manqua un battement, et il remonta sa couette sur son corps encore nu. Comme si cela pouvait bien le protéger de sa vulnérabilité. Celle qui cherchait tant à dissimuler.

—Que veux-tu savoir ?

Il plaça son index sur le torse de Remus et le laissa glisser le long de son sternum, traçant les contours de sa cicatrice, ignorant les yeux qui lui irradiaient le visage.

—Je me suis fait opérer d'une coarctation de l'aorte. Répondit-il à la question silencieuse de Sirius.

—Ils ont resuturé ? Questionna-t-il en effleurant toujours la cicatrice.

—Non, ils m'ont posé un stent.

—Ils t'ont refermé comme des barbares... Souffla Sirius.

—Tu trouves ? Demanda-t-il en basculant la tête vers sa cicatrice. Je crois que je ne l'ai jamais trouvé trop moche, pourtant...

TendernessOù les histoires vivent. Découvrez maintenant