Putain de mardi.
Sirius détestait les mardis.
Sirius détestait les mardis depuis deux semaines.
Parce que, depuis deux semaines, Remus ne venait plus inopinément. Parce que, depuis deux semaines, Sirius n'allait pas taper chez Remus avec un repas à partager.
Sirius détestait les mardis depuis deux semaines parce que ça faisait deux semaines que Remus ne lui parlait plus. Et que c'était horrible.
C'est long, deux semaines.
Et puis, de toutes façons, la journée avait été horrible. Horriblement chiante. Ça avait été calme. Très calme. Trop calme. Tellement calme qu'il s'était réfugié dans l'arrière-boutique préparer des bouquets pour le lendemain. Le magasin en avait nullement besoin. Mais, lui, avait besoin d'occuper son cerveau. Regulus n'était pas là aujourd'hui, alors il était d'autant plus difficile d'avoir une distraction.
Il avait beau être des plus discrets, sa présence lui apportait toujours du réconfort et un certain calme. Puis... quand il était trop dans sa tête, emmerder son petit frère résolvait souvent la situation.Il entendit le carillon au-dessus de la porte tinter et il grogna en levant les yeux au ciel.
Il avait certes râlé que la boutique avait été calme toute la journée, en y réfléchissant bien, ne pas avoir à faire à des clients pointilleux lui avait fait du bien.
Avec un peu de chance, s'il restait planqué ici, la personne s'en irait.—Bonsoir.
Merde.
Putain de bordel de merde.
Il lâcha sa paire de ciseaux rapidement, elle tomba dramatiquement de la table pour se retrouver par terre, il faillit glisser dessus, mais arriva dans la boutique en passant une main dans ses cheveux.
—Salut... souffla-t-il.
La bandoulière de son étui à guitare sur l'épaule, un espèce de sourire en coin au bord des lèvres, plus beau que n'importe qui sur cette putain de terre : Remus.
Les mardis n'étaient peut-être finalement pas tous aussi moisis qu'il le pensait.
—Alors comme ça... commença Remus en se déplaçant dans la boutique, prenant entre ses mains un fittonia d'une étagère qu'il reposa quelques instants après. On doit aller manger chez ma mère ?
Merde.
Les mardis étaient pourris.
Il avait rendu les mardis pourris.
Sirius déglutit, ne sachant trop quoi répondre.
Il fit rouler son piercing contre son palais, tout en tachant de trouver une réponse qui ne l'enfonce pas davantage dans son merdier.Quand Remus se tourna vers lui, et que ses yeux rencontrèrent les siens immédiatement, Sirius eut envie de courir vers lui et de le serrer dans ses bras.
A la place, il resta immobile. Ici, au milieu de ses plantes, face à Remus qui soutenait son regard et qui devait le prendre pour un arriéré.Remus ferma les yeux une longue seconde en prenant une inspiration. Quand il rouvrit les yeux, il pinça les lèvres puis reprit la parole.
—J'ai beaucoup de mal à te suivre, Sirius.
—J'ai paniqué. Dit-il rapidement, non pas parce que c'était intelligent, mais pour éviter que Remus ne continue sa phrase, qu'il dise une chose à laquelle il n'arriverait pas à faire face. C'était stupide, et j'ai paniqué.
Remus hocha simplement la tête. Une fois.
—Je suis venu te rendre la guitare.
Sirius ne réussit pas à décrocher ses yeux du visage impassible de Remus. Son cœur, par contre, lui, sembla se décrocher et tomber au fond de son estomac.

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Tenderness
FanfictionQuand Sirius apprend petit à petit à laisser tomber sa garde après que Remus ait décidé de braver les horaires de fermeture de sa boutique. Univers alternatif non magique. Les personnages n'ont pas tous vécus des choses heureuses, mais tout se termi...