Chapitre 2 - Entrevues

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Ça avait été une longue nuit.

Une longue nuit qui avait commencé par des cauchemars, puis qui s'était terminée en insomnie.

Ça avait été long. D'attendre. Allongé sur le dos, la respiration lourde et les yeux qui brûlaient, d'attendre que les premiers rayons du soleil viennent chasser les ténèbres.

Quand l'heure sembla décente, Sirius s'était extirpé de son lit et s'était traîné jusqu'à sa cuisine pour se préparer un café alors qu'il allumait sa première cigarette de la journée. Savourant la fumée qui s'immisçait le long de son œsophage et emplissait ses poumons.

Il faudrait qu'il arrête, un jour. L'idée lui passait souvent par la tête, mais s'y échappait aussitôt, tout comme la fumée qu'il expirait.

Il ouvrit ses fenêtres et sourit en voyant les fines gouttes de pluie zébrer le ciel comme un rideau. La fraîcheur était bienvenue. Et il avait toujours aimé les jours de pluie.

Il pianota une réponse au texto de James, en se persuadant que la soirée qui se présageait allait être bonne. Il embarqua sa tasse de café avec lui et s'enferma dans sa salle de bain en se demandant comment il allait faire pour convaincre Regulus de les accompagner.

*

— Pourquoi tu me traînes dans cet endroit ? Questionna son frère alors qu'ils passaient les portes du pub.

— Parce-que ça va être une bonne soirée, frangin ! Répondit Sirius en souriant et en saluant la table autour de laquelle ses amis étaient installés. Et que t'as besoin de voir du monde autre que tes fleurs. Regarde, Mary est ici !

— N'essaie même pas. Siffla-t-il en prenant la direction du bar alors que Sirius se dirigeait en rigolant vers la table.

Scannant rapidement les gens, il statua que, définitivement, la soirée allait être bonne et qu'il ne rentrerait pas seul chez lui. Et ça, c'était un bon point non négligeable.

Il se laissa tomber entre James et Frank et attrapa le verre que ce dernier lui tendait. Le premier d'une longue série.

D'une trop longue série.

L'alcool coulait à flot, la musique, trop forte, remplissait l'espace et les rires retentissaient plus fort encore.

C'était le genre de soirée auquel il était toujours réticent à se présenter mais qui, au final, lui apportait son lot de satisfaction. Il pouvait profiter de Peter, qu'il ne voyait plus autant qu'avant, il rattrapait les bribes de la vie d'Alice et Frank, prenait des nouvelles d'Emeline, dansait au milieu de la foule avec Lily, et feignait s'intéresser un minimum à ce qu'un garçon mignon pouvait bien raconter. Riant plus fort que ce qu'il ne le devrait, dansant plus grand, s'approchant plus près.

Les regards insistants ne passaient pas inaperçus, ni les mains déposées contre les hanches, rapprochant les corps l'instant d'une danse. Les murmures glissés à l'oreille ne laissaient pas place à l'imagination, et le chemin jusqu'à la maison se faisait dans la précipitation.

Le lendemain matin, tout autant.

Sirius ne s'attardait pas, jamais. Et les garçons qui décidaient de franchir la porte de chez lui, ou de l'accueillir chez eux, savaient dans quoi ils s'engageaient : dans rien de plus qu'une nuit. Une nuit représentant déjà une victoire. Quelques heures étaient parfois amplement suffisantes. Voir beaucoup trop. Son alarme retentit et il ne prit pas de pincettes pour faire sortir Étienne, Jean ou qu'importe quel était son prénom, hors de son lit, puis hors de chez lui.

— Je ne prends pas la peine de te demander ton numéro ? Demanda-t-il sur le seuil de la porte, un sourire plein d'espoir accroché à ses lèvres.

— Oh, non. On se recroisera certainement. Répondit-il en lançant un clin d'œil avant de fermer la porte sur le jeune homme, ne le laissant pas le temps d'ajouter quoi que ce soit.

TendernessOù les histoires vivent. Découvrez maintenant