1 | Vacances j'oublie tout, enfin presque...

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Amélia

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Amélia

Les vacances sont OFFICIELLEMENT lancées ! Je rentre rapidement chez moi pour boucler ma valise... Place à deux semaines de rêve...

Voyager seule, c'est une GRANDE première ! Le cœur battant, je récupère mon téléphone pour poster une story sur Instagram.

Coucou mes anges, J'ESPÈRE QUE VOUS ALLEZ BIEN ! Moi c'est le top du top. Je CLÔTURE MA DERNIÈRE JOURNÉE DE TRAVAIL EN TANT QU'INTÉRIMAIRE ! Je rentre chez moi préparer ma valise pour une croisière de deux semaines. Vous allez TOUT SUIVRE EN LIVE. N'hésitez pas à VOUS ABONNER sur mon compte TikTok pour découvrir MES PÉRIPÉTIES. LA GRANDE NOUVELLE EST QUE je pense créer UN VLOG PLUS COMPLET SUR YOUTUBE. J'approche de mon domicile, je vous quitte et VOUS DIS À TOUT À L'HEURE. Promis, je posterai un selfie avec mes bagages bouclés.

Une fois rentrée, je m'attelle à la préparation de ma valise. Je fais une liste de tout ce dont j'ai besoin et vérifie que j'ai bien mes papiers en règle : carte d'identité, billet de train et billet pour le bateau.

Comme je suis plutôt du genre à privilégier la sécurité, j'ai choisi une croisière. C'est un moyen de voyager sans trop sortir de ma zone de confort.

Les notifications de mon portable attirent mon attention. Déjà les premiers messages privés arrivent et je suis critiquée parce que le bateau n'est pas écologique.

Ces messages me prennent la tête, je décide de ne pas y prêter attention. Rien ne viendra ternir ces moments euphoriques. Enfin, c'est ce que je pense parce que bien entendu mon esprit travaille.

Tout en m'activant, je réfléchis. Je comprends les critiques sur l'écologie, ma spécialité sur réseau social étant de parler « astuces, bien-être au naturel ». Zut, je n'y avais pas pensé auparavant. Pour moi « naturel » ne veut pas forcément dire que j'ai une vie cent pour cent écologique.

Je me creuse donc la tête pour trouver la formule adéquate afin de justifier mon choix. Je zieute mon compte Insta durant la soirée et constate des désabonnements. Je me pose deux minutes, me ronge les ongles en me répétant que ça n'est rien et que j'aurai de nouveaux abonnés durant mon voyage si je trouve le bon angle d'attaque.

Mon but est de développer davantage mes réseaux sociaux pour en vivre, je reçois déjà une gratification financière de la part de mes partenariats, ce qui me procure un sacré coup de pouce financier.

Je lis à nouveau mes messages privés et suis soulagée, mes plus fidèles abonnés sont heureux pour moi.

Maintenant que j'ai reçu du positif, je me sens un peu mieux. Ma valise est définitivement bouclée. J'ai rangé mon studio. Tout est en ordre. Mes vêtements pour demain sont prêts. Voilà ! Je suis opérationnelle.

Je me lève pour farfouiller dans le frigo, je l'ouvre et bien entendu il est vide parce que je pars demain. J'investis mes placards un à un, je saisis un paquet de chips, deux paquets de gâteaux. Pas très équilibré, j'en ai conscience, mais ce remontant paraît indispensable.

Je laisse mon téléphone de côté, finalement je n'aurai pas réalisé le selfie de bouclage de bagage sur TikTok. J'ai partagé une petite vidéo où je communique mon bonheur, même si ce n'est pas le top, cela fera illusion et c'est le principal.

Devant Netflix je cherche une série qui pourrait me plaire, difficile comme toujours lorsque je suis anxieuse. Entre le départ de demain qui me stresse et les messages négatifs reçus, je cogite. J'arrête mon choix sur un drama coréen que je connais par cœur et que j'adore « Healer », c'est léger et ça va me changer les idées sans oublier le charme de l'acteur principal Ji Chang-wook.

Après deux épisodes l'effet Ji Chang-wook ne fonctionne plus, j'ai englouti mes chips, mes biscuits mais ce n'est pas suffisant, j'essaie malgré tout de ne pas visiter mes placards à nouveau, mais je viens de me souvenir qu'il y a un pot de Nutella et des biscottes. Ni une, ni deux je me lève pour engouffrer une bonne dizaine de biscottes jusqu'au mal de ventre.

Pour me soulager, une seule solution, vomir, un procédé habituel. Je me dégoûte d'agir ainsi mais j'évite de trop y réfléchir. Pour me changer les idées, je file prendre une bonne douche tiède.

Demain je serai sur le bateau, j'ai hâte de prendre le large pour m'éloigner de ma mère.

Elle m'a appelée hier comme si elle pressentait mon départ. Je n'ai pas eu le courage de la rappeler, ça me ronge.

C'est ma mère et je me dois de m'occuper d'elle mais à quel prix ! À chaque fois que je lui tends la main, je me détruis un peu plus.

Elle me reproche sa déchéance comme si j'étais la cause de son addiction à la drogue.

Comment aller mieux si ma mère reste dans mon sillage ? C'est impossible, j'ai la réponse depuis longtemps. Je tente désespérément de couper les ponts mais à chaque fois, je flanche.

Je recherche son attention. J'ai suivi un parcours universitaire de licence de psycho, en plus d'une psychothérapie pour mieux comprendre mes troubles.

Le problème n'est pas moi mais ma mère. Je ne peux guérir tant qu'elle sera dans ma vie. Je dois trouver le courage de m'en éloigner. Ce voyage est un premier pas.

Nos âmes torturées Où les histoires vivent. Découvrez maintenant