11 | Après le soleil, la pluie ? Non !

20 3 0
                                    

Amélia

Je suis sur les rotules, j'hésite à me rendre au restaurant pour le repas mais Magalie et Étienne m'ont suppliée de les rejoindre. Je n'ai pas non plus spécialement envie d'être seule après une telle journée. J'ai adoré rencontrer mes followers c'était de la pure folie, je n'en reviens pas. Je prépare ma diffusion en direct pour partager ce moment extra.

« Aujourd'hui, j'étais en escale à Barcelone, j'y ai rencontré certains d'entre vous et c'était wahou. Comment vous expliquer que j'ai kiffé ce partage avec vous. »

En même temps que je parle dans mon live TikTok, je regarde les commentaires. Plusieurs d'entre eux attirent mon attention.

« Amélia, nous avons été photographié par Jokil, il était là... Oh mon dieu imagine ».

« Amélia as-tu vu tes photos ? Je t'ai mentionnée »

Par acquis de conscience je vérifie et effectivement l'artiste dont je suis hyper fan vient de publier à nouveau sur son compte. Incroyable il était sur Barcelone, c'est complètement dingue. Je dois m'en remettre. Pourquoi m'a-t-il photographiée ? Comme il ne m'a pas taguée, il ne sait pas qui je suis. Rapidement je le mentionne pour le remercier même si j'ai des doutes qu'il me réponde. Un photographe de son calibre ne s'intéressera jamais à une petite influenceuse comme moi.

La journée se termine  en beauté, je suis sur un petit nuage. Vu l'heure j'ai encore le temps de me détendre. Je prépare mon maillot de bain, mon peignoir, mes sandales, ma serviette, mon tote bag dans lequel je mets mes lunettes, ma crème solaire, mon téléphone, mes écouteurs.  Un petit selfie au passage. On ne me changera pas. Go ! Direction la piscine d'après l'aperçu de ma terrasse, il n'y a  personne.

Allongée sur le transat je scrolle sur les réseaux sociaux et notamment sur le compte de Jokil,  photographe certifié sur tous les réseaux. Je suis fan de son travail depuis des années. J'étais dans ses tous premiers followers et aujourd'hui il me photographie, c'est complètement fou, surtout que je n'ai rien remarqué, bon ok, mon attention était focalisée ailleurs. 

J'aurai tellement aimé le rencontrer, même si je comprends que l'anonymat est très important pour lui. Les modèles qui ont la chance de travailler en sa compagnie, n'ont jamais évoqué un seul petit indice, c'est frustrant et fascinant. J'ai liké ma photo et noté un pauvre commentaire qui est loin d'être à la hauteur de ce que j'aimerai lui écrire. Je m'évalue totalement stupide. Je range mon portable et pique une tête dans la piscine sans cesser de penser à ce photographe qui était au même endroit que moi. Je n'en reviens toujours pas.

Un sifflement me sort de mes rêveries, un jeune d'une vingtaine d'année, se prenant pour un playboy, tente d'attirer mon attention. Que fait-il sur ce pont uniquement ouvert aux cabines VIP. Il insiste en approchant du bord de la piscine.

- Salut, on t'a déjà dit que tu étais super canon.

Je reste au milieu du bassin méfiante. Hors de question de me laisser alpaguer.

- En général ta technique fonctionne ?

Un peu surpris par ma repartie, il peine à me répondre, le temps que la question lui monte au cerveau.

- De quelle technique tu parles ?

Je souffle en levant les yeux au ciel.

- Ton plan drague ! À quel moment as- tu cru que je souhaitais de la compagnie ?

- Oh ça va, tu es seule ! Si j'étais toi, je ferai attention à ce que je dis à un bel inconnu. Je serai gentille si j'étais toi.

Mon regard le fusille. Des types comme lui, je n'ai connu que ça dans mon quartier. Je les vomis.

- Tu oses me menacer ? Tu penses que je suis une femme douce, frêle bourrée de fric sur qui tes petites menaces auront de l'effet. Tu te plantes de cible mec.  J'en connais des bien plus coriaces que toi. Alors ne me cherche pas et casse toi d'ici. Et un conseil, revois ton approche drague.

Le gars commence à s'échauffer en m'insultant, ça ne me fait ni chaud, ni froid. Pour le confronter, j'approche du bord, il agit en sorte que je ne puisse remonter. Je me marre.

- Tu veux me noyer ? M'agresser ? Sais-tu que sur ce bateau il y a des caméras partout ? Je ne sais pas pour qui tu te prends mais un conseil, lâche l'affaire.

Rapidement j'arrive à sortir de la piscine. Je veux l'affronter en face à face mais il se dégonfle en quittant les lieux. Avec un sentiment de victoire,  j' hurle :

- Petit joueur !

- Calme-toi rambo !

Il ne manquait plus que Jonathan... Décidément je suis maudite. Je souffle en réalisant que le type s'est barré après avoir remarqué Jonathan arriver.

- Dis moi comment as-tu survécu jusqu'à aujourd'hui ? Entre tomber, te cogner et te faire agresser verbalement par un type.  Tu les collectionnes.

- La bonne blague. Je te l'ai dit la première fois me semble t'il. Il y a des journées spéciales "connards" et encore plus lorsque je suis en vacances. Je dois malgré tout gérer étant donné que je suis toujours vivante jusqu'àprésent. Hourra.

Bien entendu mon ton est sarcastique.

- Tu te joins à nous ce soir ?

Je ne sais même pas pourquoi je lui pose cette question qui semble l'amuser. Quelle conne ! Il n'y a pas d'autre mot.

- Mes parents t'ont adoptée. Ma sœur leur manque tellement qu'ils ont besoin d'une remplaçante.

- Toujours aussi charmant. Peut-être ont-ils besoin d'une compagnie plus charmante que la tienne.

- Wahou ! Félicitations tu sors les griffes « chaton ».

- ... Décidément dans le genre connard tu dois être le roi.

- Et toi la reine des connasses.

- Formidable !

Je me sèche et m'enveloppe dans mon peignoir douillet. Il a réussi à me vexer, par une pique ridicule. Âge mentale six ans. Super ! Ce type arrive à ce que je fulmine en un temps record. Il est temps de rentrer dans ma cabine et de m'éloigner de Jonathan pour préserver ma santé mentale.

Je regroupe mes affaires au moment où mon téléphone sonne. Agacée je regarde qui m'appelle. Je me liquéfie sur place en voyant le prénom « Sylvia » apparaître. Que me veut-elle à part continuer à me pourrir la vie ? Dans un réflexe de survie, j'éteins le smarphone les mains tremblantes, ma tête tourne, je manque de tomber, lorsque Jonathan me rattrape une fois de plus.

Nos âmes torturées Où les histoires vivent. Découvrez maintenant