29 | Cap ou non...

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Jonathan

Pourquoi ai-je balancé cette phrase ? aucune idée. Trop tard pour revenir en arrière de toute façon. Vu la tête d'Amélia, elle m'a très bien entendu.

J'attends une réaction qui ne vient pas. Suis-je soulagé ? Oui ! Je sers mon café pour m'aider à reprendre mes esprits.

- Pourquoi ne pas être venu me voir alors ?

Je m'attendais à ce qu'Amelia change de sujet mais non. Dommage. Je vais devoir assumer maintenant.

- Je me suis dis qu'il était préférable pour toi que je m'éloigne.

- Wahou, tu décides à ma place en fait ?

Est-ce que je décide réellement à sa place ? Je ne vois pas les choses de cette façon.

- Écoute, hier soir tu m'as demandé si une fille comme toi pouvait être avec un mec comme moi. Ma réponse est non !

Amélia se vexe exactement comme hier soir.

- Je ne suis pas assez bien pour toi ! C'est ça ?

- C'est marrant j'ai l'impression de rejouer la scène de discussion. Un air de déjà vu.

- Sauf que, là, je suis sobre.

- Je préfère que tu le sois. Ça n'a rien à voir avec toi, ni d'où tu viens. Le problème c'est moi. Voilà pourquoi je te répète que c'est impossible.

Amélia avale une gorgée de thé. Cela lui laisse le temps de réfléchir à la réponse.

- Donc, tu décides à ma place.

- Non ! Je dis simplement que tu mérites mieux que moi.

- Belle manière de rejeter quelqu'un.

Je souffle, parce que ce n'est absolument pas ce que je voulais. Enfin si, je ne souhaite pas qu'elle s'attache à moi, mais je refuse qu'elle imagine que c'est une excuse.

- Ça n'a rien à voir Amélia. Déjà j'ai dix ans de plus que toi.

Amélia lève les yeux au ciel.

- Ensuite, je suis agoraphobe, j'ai des crises d'anxiété et d'angoisse à répétition. Je ne pourrai jamais te donner ce que tu attends de moi. Tu veux vraiment être avec une personne qui a une santé mentale comme la mienne ?

- Pour être honnête, je ne vois pas le problème.

Je soupire...  d'exaspération.

- Parce que tu ne me connais pas bien. Je me persuade que tu ne veux t'attacher à personne.

- Effectivement, mais étant donné qu'hier j'étais bourrée et que j'ai ouvert la boîte de Pandore autant en discuter en toute franchise. Tu as lancé les hostilités.

Oui, ça c'est certain j'aurai dû me taire.

- Donc nous sommes d'accord tous les deux.

Amélia me fixe, je n'arrive pas à définir clairement son expression. Elle repose sa tasse de thé.

- D'accord sur quoi ?

- Sur le fait que toi et moi c'est impossible.

Amélia plisse légèrement le nez, ce qui la rend encore plus adorable.

- Tu vois maintenant que je comprends tes propos, j'ai envie de te prouver le contraire.

- Amélia ! Je râle.

Il ne manquait plus que ça. Avec son air le plus innocent, elle me répond.

- Quoi ? Pourquoi tu déciderais à ma place ? Si j'ai envie de tenter une relation avec toi ? Que feras-tu ?

- Arrête ce petit jeu.

- Ça ne fait que commencer Jonathan. Je déteste que quelqu'un dicte ma conduite ou décide à ma place.

- Donc tu vas aller à l'encontre de tes principes de ne pas t'impliquer sentimentalement.

- Qui te dit que c'est sentimental ? Tu m'as manqué d'accord mais ce n'est pas pour autant que je suis amoureuse de toi. J'aime discuter et passer du temps en ta compagnie, et soyons honnête, physiquement, tu es carrément mon genre.

Quoi lui répondre ! Surtout lorsqu'elle me déshabille du regard. Je n'ai pas envie de tenter quoi que ce soit, parce que de mon côté, mon cœur joue déjà des siennes. Je ne pourrai pas lui cacher longtemps, ce que je commence à ressentir pour elle.

- Je préfère que nous restions « amis » ?

Amélia retente sa petite moue boudeuse.

- Nous ne serons jamais « amis ». Tu le sais aussi bien que moi.

- Nous verrons bien.

- D'accord. Que parions-nous alors ?

- Je ne rentre pas dans ton petit jeu.

Amélia se rapproche de la table. Elle me regarde intensément, je suis foutu. Mon cœur s'emballe.

- Je suis extrêmement sérieuse Jonathan. On ouvre les paris maintenant, à moins que tu aies peur.

Bien entendu que j'ai peur. Peur de ce que je ressens et de ce que je vais advenir lorsqu'elle en aura assez de moi, parce qu'il est évident qu'elle finira pas comprendre que je ne suis fait pour elle.

- Je n'ai pas peur. Je trouve ton pari ridicule.

- Tu essaies surtout de te dérober. J'arrive à lire en toi Jonathan. Tu n'es pas aussi énigmatique que tu le prétends.

- Je ne cherche pas à être quoi que ce soit et encore moins à être énigmatique. Je trouve simplement que parier sur ce sujet ne servirait à rien d'autre que de nous faire inutilement souffrir. Je n'ai plus envie de jouer avec les sentiments de qui que ce soit et encore moins mettre les miens en danger. Je dois préserver le peu de santé mentale et d'équilibre qu'il me reste.

C'est la première fois que je suis autant honnête avec une femme.

- Ce qui signifie que tu sais par avance que tu t'attacheras à moi.

Mal à l'aise, je passe plusieurs fois la main dans mes cheveux. Vais-je au bout de mes aveux ? Je m'y refuse pour le moment.

- Mange et parlons d'autre chose.

- Non ! Je continue sur ce sujet.

- Tu es usante. Tu le sais ?

- Oui, on me le répète souvent. Je n'aime pas qu'un être humain fuit la situation.

- Je ne fuis rien du tout. Je veux simplement rester le plus franc possible avec toi dans mon positionnement.

- Je ne te laisse pas indifférent ?

- Tu le sais très bien Amélia. Sommes-nous obligés de discuter de ce sujet maintenant ?

- Oui.

Je souffle. Je me demande encore pourquoi je tente de négocier avec elle. Au plus je suis sincère sur mes actions, au plus elle me provoque.

- Tu ne lâcheras rien.

- Tu as tout compris.

- Reprenons point par point alors. Je suis trop vieux pour toi, tu ne veux pas t'attacher à qui que ce soit de peur de l'emmener dans tes problèmes, je ne souhaite pas être une plaie pour la femme qui m'accompagnera. Donc en résumé, ne commençons rien. Nous ne sommes pas faits pour nous entendre.

- Au contraire, me répond elle.

- Amélia !!!

- J'aime quand tu m'appelles comme ça.

- Tu vas continuer à m'allumer, c'est ça ?

- Il semblerait bien que oui.

- Tu joues avec le feu.

- Et alors ?

Nos âmes torturées Où les histoires vivent. Découvrez maintenant