15 | Je vais bien, tout va bien !!! Erreur système

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Amélia

Je me réveille, et surprise... je ne suis pas dans ma cabine. Il me faut un laps de temps pour percuter qu'hier soir je me suis assoupie sur le canapé de Jonathan. Alors que fais-je dans ce lit qui doit certainement être le sien.

Je me redresse en sursaut, j'espère avoir dormi seule cette nuit ? Bonne nouvelle je suis vêtue comme hier soir. Je n'ose pas sortir de cette chambre, je suis à l'affût du moindre bruit mais c'est le silence complet. Dort-il encore ? Je ressemble à une cruche de ne pas avoir la bonne méthode pour réagir, ce n'est pas compliqué... Je viens de me réveiller donc je file dans ma cabine ce n'est pas plus compliqué. Si ? Alors pourquoi je reste dans le lit comme une gourde.

Je me foutrai des baffes parfois. Allez un peu de courage, je me faufile jusque ma cabine et le tour est joué. Go ! Je me pousse du lit. J'ouvre et suis dans l'immense salon, Je cherche ma carte d'accès et mon téléphone que j'ai semés je ne sais où. J'ai beau regarder partout, je ne trouve pas. Fait chier, Je dois m'échapper d'ici sans que Jonathan ne le remarque. J'avance afin de jeter un œil sur la table à côté du canapé où dort paisiblement Jonathan. Bien entendu mes yeux n'en font qu'à leur tête et décryptent le corps de mon sauveur. Est-il canon ? Bien sûr. Il faudrait être difficile pour dire le contraire. Mon regard fixe le poignet qu'il a libéré d'un énorme bracelet qu'il ne quitte jamais. Lorsque j'y vois des cicatrices plus ou moins profondes, comme s'il s'était lacéré. En me déplaçant, je remarque d'autres traces qui indiquent .... Je me fige à l'idée qu'il se serait tailladé les veines. Est-ce la motivation de l'inquiétude de ses parents l'autre jour ?

Je ne réalise pas tout de suite que Jonathan a les yeux ouverts et qu'il m'observe. C'est lorsqu'il se redresse brutalement pour remettre ses bracelets que je percute.

- C'est bon tu peux rentrer dans ta cabine maintenant.

Son ton sec et froid m'agace.

- Ce n'est pas toi qui m'a dit que chacun avait ses secrets et qu'il n'y avait pas forcément de jugement.

Il se ferme encore plus mais je m'en fou. Je ne vais pas pour autant me taire.

- Vu ton expression, c'est évident qu'il n'y avait aucun jugement.

Son ricanement de tueur en série me met les nerfs à vifs.

- Je n'étais pas dans le jugement, juste surprise. Après tout penses ce que tu veux, j'en ai rien à foutre de ta vie.

- Tant mieux alors sors d'ici.

- C'est bon j'ai compris pauvre con.

Cette fois-ci je récupère les affaires que j'ai enfin retrouvées, elles auraient pu apparaître plus tôt. Bon sang, cela m'aurait éviter le réveil du guerrier insensible.

- Tu me l'as déjà dit,  change de registre.

- Je t'en merde !!!!! Voilà ça te va là ? 

Furieuse je claque la porte de la cabine. Lorsque je me retrouve nez à nez avec Etienne, qui se fend d'un immense sourire, content de m'avoir surpris sur le vif.

- Belle entente !

Je souffle d'exaspération. Je tente de me reprendre mais c'est difficile.

- Comment faites-vous pour le supporter ?

Etienne éclate de rire. C'est dingue comme le père et le fils peuvent se ressembler. Je suis certaine que Magali a craqué en premier pour ce sourire ravageur. J'avoue que c'est ce qui m'attendrit le plus chez Jonathan. Non mais je déraille complètement.

- Déjà c'est mon fils donc je n'ai pas le choix.

- Effectivement !

- Et pour être honnête avec toi, je ne l'ai pas entendu aussi vif d'esprit, à vouloir vanner ou sauver quelqu'un depuis de nombreux mois. Il était plutôt morne et sans entrain, même Érika n'arrivait plus à provoquer un sourire. Grâce à toi je récupère mon fils.

Saisie par les mots d'Etienne, je perds le sens de la répartie. J'ouvre et je ferme la bouche sans laisser échapper un seul mot, ce qui me ridiculise une fois de plus. Gênée, ne sachant plus où me mettre, je me précipite pour ouvrir ma cabine en lâchant un « À plus tard », formidable. De mieux en mieux, j'ai l'impression d'entendre Étienne continuer à se foutre de moi.

Je me précipite vers la douche pour me libérer de l'agression d'hier. J'étais tellement assommée que mon esprit ne fonctionnait plus normalement. Après m'être séchée, je découvre un nouveau message de ma mère que je n'ouvre pas et un autre de Magali qui me propose de prendre un petit déjeuner entre filles ce matin.

J'avoue avoir besoin de compagnie, et sans perdre de temps, je lui réponds,  prends quelques selfies pour mon compte insta. Je débloque de mes brouillons une vidéo que j'avais préparéee sur TikTok et le tour est joué.

- Comment te sens-tu ce matin ?

Assise à une table, à l'abri des regards, Magali et moi partageons le petit déjeuner. Après un passage au buffet où je n'avais quasiment rien pris, Magali m'apporte une quantité phénoménale de victuailles.

- Je vais... J'ai des difficultés à réaliser ce que j'ai vécu hier soir.

Magali me regarde en souriant.

- Ta dispute de ce matin t'a peut-être changé les idées ?

Je secoue la tête de droite à gauche.

- Vous êtes terrible dans cette famille. Vous vous passez le mot pour tout.

- Effectivement nous sommes proches les uns des autres, ce qui n'était pas le cas avec nos parents. Lorsque nous avons eu nos enfants nous nous sommes promis d'être là pour eux quoi qu'il arrive, même si parfois ça ne suffit pas. Nous ne pouvons pas protéger nos enfants de tout et de tout le monde. Hélas.

Remarquer le visage de Magali se fendre de tristesse n'était pas ce que je voulais. Je pense immédiatement aux différentes cicatrices sur les poignets de Jonathan...

Nos âmes torturées Où les histoires vivent. Découvrez maintenant