42 | Un joli méli/mélo

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Amélia

Jamais je n'ai agi de la sorte avec qui que ce soit. Je ne me reconnais plus du tout, et pourtant, je me sens si femme, si moi, pour la toute première fois de ma vie. Ultérieurement Je n'étais pas entreprenante, par manque d'envie mais avec Jonathan, je suis en feu. Il effleure à peine ma peau que tous mes sens s'enflamment. À chaque fois qu'il m'embrasse, il augmente mon plaisir, je prononcerai sincèrement les mots "je t'aime", ce que je ne comprends pas, jamais je n'ai eu cette impulsion pour qui que ce soit. Pourquoi ce soir ça me paraît si simple de le ressentir et de le dire. Je dois être complètement folle alors, à plusieurs reprises, je me mords la langue pour me taire. Je ne veux pas anéantir ce que nous venons de mettre en place.

Serai-je capable de tout quitter pour lui ? Bien entendu. Je ne suis pas impulsive en règle générale mais pour Jonathan je suis prête à tout et ça me terrorise. Ai-je perdu la raison ? Carrément !

Je suis au bord de l'explosion et hors de question que je sois la seule. Ses doigts s'agitent en moi telle une douce torture qui m'emmène vers un plaisir intense que je souhaite faire perdurer. J'aime cette intensité juste avant de craquer, l'instant fatidique que je tente de retarder au maximum.

« Lache toi mon cœur »

Oh que non, il ne m'aura pas comme ça. C'est bien trop facile. J'aime le défi qu'il me lance sans s'en rendre compte. J'accélère et je resserre ma prise sur sa hampe, pour qu'il vive le même supplice que moi. Ses râles me motivent mes soupires l'inspirent davantage. « Putain ». Son mot favori. Mes yeux plongent dans les siens, nos bouches ne peuvent s'éloigner trop longtemps. Cinq, quatre, trois, deux, un, zéro.... Jonathan n'a su résister bien longtemps tout comme moi, son sperme sur les mains, je me sens victorieuse d'avoir mis cet homme dans un tel état. Je n'ai pas non plus été en reste, je suis tellement montée en puissance que j'ai besoin de plusieurs minutes pour reprendre mon souffle. Toujours dans ses bras, nos jambes entremêlées. Je suis bien, protégée et surtout en paix.

- C'est là que je m'en veux de ne pas  toujours avoir des préservatifs en ma possession

J'étire mes lèvres.

- Je ne suis pas mieux que toi. Je n'ai pas trouvé utile d'en emmener pour ces vacances tellement convaincu que je ne rencontrerai personne.

- Grave erreur de jugement.

Il m'embrasse le sommet du crâne. Je souris en lui mettant une petite tape qui ressemble plus à une caresse sur son torse.

- Tu peux parler. Tu penses que si on appelle l'accueil ils pourront nous en fournir.

Jonathan se passe la main sur le visage.

- Je n'y ai même pas pensé. Comme un con.

Il s'éloigne de moi pour se lever. Je râle.

- J'aime ta frustration quand je prends un peu de distance.

Je ne peux me retenir de grimacer. Jonathan va dans la salle de bain et revient avec un gant de toilette pour nous nettoyer. Trop chou.

Une fois que Jonathan se replace dans le lit, Il tente de me prendre dans ses bras, seulement je m'éloigne à mon tour, je lui pique son t-shirt et l'enfile.

- Pudique ?

Me demande-t-il. Je hausse les épaules un peu embarrassée, non pas que je sois pudique mais je n'aime pas mon corps.

Jonathan émet un léger rire et mon cœur fond. Lorsque je reviens des toilettes, il regarde son portable l'air soucieux.

Je grimpe dans le lit, le corps de Jonathan se tend imperceptiblement, ce qui me vexe. Je ne comprends pas ce qui a pu se passer en quelques minutes à peine. Il se passe la main sur le visage, claque violemment son téléphone sur la petite table de nuit à côté du lit. Il expire. Je me fige à mon tour. Je comprends qu'il souhaite que je dégage. En rage, je me lève, je récupère mes fringues qui ont valdingué un peu dans toute la pièce. Je me r'habille en quatrième vitesse sans un regard pour cet enfoiré, qui ne fera rien pour me retenir. Je réalise alors que je ne devais être qu'un amusement pour lui. Vexée, en rage, je retire son teeshirt que je balance au sol sans ménagement. Sans demander mon reste je quitte sa chambre les larmes aux yeux. Hors de question qu'il s'en rende compte. Une fois dans ma cabine, j'emballe mes affaires dans mes valises étant donné que je n'ai pas eu le temps  avant. Je regarde l'heure : il est plus de deux heures du matin. Je suis coincée, je devais résider deux nuits chez Mag et Etienne, mais je ne m'en sens absolument pas capable. Je ne veux plus revoir Jonathan. Même s'il ne m'a rien dit et que je n'ai pas compris son attitude, son rejet envers moi est d'une violence inouïe. Je regarde mon portable plusieurs fois ne sachant pas quoi faire. J'ose envoyer un sms à mon père, après tout, j'ai besoin d'aide pourquoi ne pas lui demander. Il m'a proposé de l'appeler au moindre souci, j'espère qu'il tiendra parole. J'envoie donc mon SOS.

«  Désolée de te déranger mais j'ai un problème. Je devais passer deux nuits à Marseille chez des connaissances, et il s'avère que maintenant c'est impossible. Peux-tu m'aider ? »

Quelques secondes après mon téléphone sonne, rassurée je décroche.

- Christophe ?

- Oui !

- Que se passe-t-il ?

Avec des sanglots dans la voix que je tente de calmer. Je tente de détailler le moins possible.

- C'est compliqué.

- L'homme que j'ai vu l'autre jour ?

Je ne sais pas si je dois pleurer ou  sauter de joie, mais mon père à peine retrouvé me pose de véritables questions sur ma vie. Je n'y suis absolument pas habituée.

- Possible ?

- Je suis devant mon pc, j'ai trouvé un vol Marseille - Lisbonne pour demain dix heures. Est-ce possible pour toi ?

- Oui, mais comment as-tu réussi il n'y avait plus de place la dernière fois.

- Je viens de trouver,  je te transferts la réservation. Demain je te récupère à l'aéroport. Rassure-toi je serai là, rappelle-moi si tu as un problème de jour comme de nuit. Ok ?

- Oui. Merci !

- Ne me remercie pas c'est normal.

Je voudrais lui répondre que non ça ne l'est pas. Mais je me retiens.

- À demain.

- À demain Amélia.

Je raccroche. Soulagée par ce qui se profile.

Bien entendu je ne dors pas de la nuit. Pour éviter Jonathan je décide même de quitter ma chambre dans la nuit. Je me suis renseignée pour la récupération des valises, j'ai réglé les suppléments de mon séjour. Installée dans le petit salon non loin du quai de départ, je suis parée à débarquer la première de ce fichu rafiot, laissant derrière moi Jonathan. Je me suis attaché à lui en dix jours je vais  l'oublier aussi rapidement, j'en suis certaine. Mon père m'envoie plusieurs sms s'assurant que je vais bien. Je n'ai pas tout perdu, c'est l'essentiel.

Nos âmes torturées Où les histoires vivent. Découvrez maintenant