Jonathan
Il est quatorze heures lorsque j'émerge enfin. Une bonne douche tiède me remet la tête à l'endroit. Je zieute les dégâts d'hier soir sur mon corps. Pas de doute, je ne peux continuer à être autant influencé par mon ex. Elle aime avoir encore un contrôle sur moi, ce qui me dégoutte. Je ne peux rester ainsi. Le meilleur moyen de lui clouer le bec est de reprendre ma vie professionnelle que j'ai mis de côté.
Je regarde l'appareil photo que j'ai posé en évidence sur la commode de ma chambre. J'enfile mon boxer, mon vieux jean, un simple t-shirt noir manche courte et mes baskets. J'évite de trop cogiter à l'idée que j'ai en tête.
Mes lunettes de soleil sur les yeux, ma casquette et je saisis mon matériel photos. Je prends une grande et profonde inspiration. Aujourd'hui aucun médicament, je n'oublie pas mon portable en cas de problème et mon portefeuille.
Mes mains tremblent, je décide de ne pas laisser mon corps prendre le dessus. Ma respiration s'accélère. Je mets donc en place les exercices de détente que ma psy m'a conseillés. « Mon mental est plus fort que mes angoisses », mon mantra de la journée. C'est parti pour photographier des inconnus dans la rue planqué derrière mon objectif, il saura me protéger du monde extérieur. La photo m'a toujours apaisé, sauf que depuis ma rupture je n'y ai plus touché. Je n'avais plus l'inspiration nécessaire.
Barcelone est une ville que je connais bien, autant arpenter les rues qui m'interpellent. Je ne vais pas beaucoup bouger juste me poster à un endroit stratégique, une manière de me protéger du monde extérieur.
J'hésite un instant à prévenir mes parents. Je m'oblige quand même, en tout cas pour mon père. Je n'ai pas envie de stresser davantage ma mère. Je claque avec hésitation la porte de ma cabine.
J'avance un peu comme un zombie dans les couloirs, heureusement, il y a des rampes partout en cas d'intempérie. Pour le coup, ça m'aide à avancer. Mes premiers pas sont compliqués. Je dois prendre sur moi. Je transpire par tous les pores de la peau. Mes mains sont moites, elles tremblent sans que je maîtrise. Je dois sortir d'ici pour respirer. J'accélère le pas tant bien que mal.
J'arrive au niveau du contrôle de sécurité pour quitter le bateau. Je n'ose y croire, jusqu'ici seul, sans aide de qui que ce soit, sans médicament, je me réjouis. C'est un tel progrès, que je n'en reviens pas. Un peu ailleurs, je présente ma carte d'identité au contrôleur. Ma sacoche d'appareil photos, passe sous les rayons X.
Une fois à l'extérieur, je respire. J'ai la présence d'esprit d'appeler un taxi, pour ma tranquillité d'esprit, celui-ci m'amène en ville. Quand je vois la population, mon coeur accélère, je me répète « J'en suis capable, j'en suis capable ».
Il suffit que je me cache derrière mon objectif et mon états'améliore. J'expire doucement pour apaiser mon pouls. Ça fonctionne mieux que tout à l'heure. Je paie le chauffeur après avoir négocié le tarif.
J'envoie un message à ma petite sœur pour lui raconter mon exploit. Ni une, ni deux elle me répond dans la foulée.
« Je suis si fière de toi. Je crois en toi. Je suis ta première fan. Crois moi quand je te dis que tu iras bientôt mieux. Bisous j'ai mon cours de danse qui va commencer. Je t'aime ».
Son message me fait chaud au cœur. Je lui réponds dans la même veine. Je crois également en son talent. Elle souhaite devenir professeur de danse, elle est actuellement en formation sur Paris pour réaliser son rêve de toujours.
Je sors mon appareil photos et je commence à mitrailler au hasard les passants qui m'interpellent. Le temps passe bien plus vite que prévu. Derrière mon objectif, je me sens pousser des ailes. La confiance est revenue, une mécanique bien huilée,
Je me balade dans le quartier gothique au cœur de Barcelone, j'aime le côté médiéval de ces lieux. Je suis transporté dans un autre monde. J'apprécie de me promener dans ces rues étroites, un véritable plaisir autant pour les yeux que pour l'ambiance. Ce dépaysement m'est très bénéfique je l'avoue.
J'aperçois à une terrasse de café mes parents accompagnés d'Amélia et d' une vingtaine de personnes, tout pour me garder à distance. Je les photographie de loin. Je me surprends à faire des portraits d'Amélia, sa photo génie attire mon œil de photographe.
Je suis bousculé, mes mains tremblent, mon cœur accélère de nouveau. Il est temps pour moi de rentrer le plus vite possible sur le bateau pour retrouver ma sécurité et souffler. J'héle rapidement un taxi, je préviens mon père que je rentre et que pour le moment tout va bien. Le chauffeur tente d'entamer la conversation, mais je suis peu réceptif. Mon esprit s'égare, je sens la crise d'angoisse s'installer, je me focalise à nouveau sur ma respiration, Le retour me semble long. Je reste concentré en regardant les photos que j'ai prise aujourd'hui. J'ai la matière suffisante pour proposer un sujet intéressant,
Le retour au bateau s'effectue dans le calme, il n'y a peu de monde heureusement. Je presse le pas pour regagner ma cabine. Je me sens complètement étourdi. Je me rappelle que je n'ai rien mangé aujourd'hui. J'appelle l'accueil pour monter un croque monsieur et un coca. Ça me suffira amplement.
J'ouvre l'ordinateur pour y télécharger toutes mes photos. Je les retouche légèrement pour améliorer les lumières et les poste sur mes réseaux. Ça fait tellement longtemps que je n'ai plus partagé mon travail. Heureusement pour moi. Je suis suffisamment connu pour que mes abonnés et mes clients comprennent que je suis de retour.
Je trie les photos prises d'Amélia, je me surprends à les regarder plus longtemps que je le devrai. Ce n'est pas le moment pour me laisser distraire. Je décide de reprendre le thriller que j'écris, ça me défoule d'assassiner et de torturer mes personnages. Je peux évacuer ma rage ainsi que mes chaos.
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Nos âmes torturées
RomanceCollision amoureuse sur un bateau de croisière : Amélia, pétillante et pleine de vie, rêve de vacances ensoleillées sur un bateau de croisière. Mais son destin prend un virage inattendu lorsqu'elle se retrouve nez à nez avec un homme au charme ténéb...