34 | Attraction

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Amélia

Voir Jonathan assis devant la porte de ma cabine, l'air penaud, accélère mes battements de cœur. Tout à l'heure, je l'ai laissé prétextant devoir passer un appel et enregistrer un live, ce que j'ai réalisé. Mais avant tout, je voulais que la tension qu'il y avait entre nous retombe. Je suis prête à jouer et à provoquer, mais je n'en mène pas large malgré tout.

- Que fais-tu devant ma cabine ?

Mon ton est sec, je ne peux me contrôler. Je suis sur la défensive.

- À ton avis.

Je souffle d'exaspération.

- Comment veux-tu que je le sache ?

- Je t'attends. Ne joue pas l'innocente. Je t'ai aperçue du coin de l'œil. Lorsque tu m'as calculé, tu as pris un laps de temps pour te reprendre.

Je ne réponds pas. Il a raison. Pas besoin de nier l'évidence.

- Tu faisais quoi ?

Je lève les yeux au ciel.

- Mon live a duré plus longtemps que prévu, ensuite je suis allée au spa pour un massage.

- Hmmm !

Jonathan ne me regarde pas, ses yeux fixent le tapis.

- Qu'est-ce qui t'arrive ?

- J'aimerais bien le savoir.

Je m'impatiente.

- Bon, lève-toi. Je vais ouvrir la porte. On pourra discuter à l'intérieur, à moins que tu n'aies l'intention de visiter le bateau.

- Je rêve de calme.

- Ok ! Alors bouge.

Jonathan ne rechigne pas. Il se lève avec beaucoup d'aisance.

J'ouvre la porte. Il  me dépasse, me bousculant légèrement.

- Génial, lâchai-je.

- Désolé, je ne suis pas trop d'humeur.

- C'est ce que je remarque, merci de me le confirmer.

Il s'installe dans le fauteuil et me fixe. Je n'arrive pas à déchiffrer son regard. Il semble perdu, ce qui m'inquiète.

- Tu vas bien ?

- Oui, ça va.

- Ça n'a pas l'air.

- J'ai quelque chose à te dire, mais je ne sais pas comment l'exprimer.

Mon cœur s'emballe. Je ne suis pas prête à l'entendre. Je ne suis pas à l'aise avec ce que je ressens maintenant. Sa présence commence à m'irriter. Sans crier gare, je m'énerve et hurle sans raison.

- Si c'est pour que je perde mon temps, tu peux sortir d'ici !

Jonathan étire les lèvres en un sourire en coin.

- Je vois. C'est très clair. En effet.

Il se lève du fauteuil et, sans un mot,  part. Au moment où la porte claque, j'analyse ma réaction : « Super Amélia, tu es en pleine crise d'adolescence. Tu fuis, ma pauvre fille. »

Je décide de changer de tenue rapidement. J'enfile un maillot de bain et une combishort hyper fluide, prends mon sac que j'ai posé dans la salle de bain et chausse mes sandales avant de filer à la piscine pour me détendre. Le soleil est enfin de retour, je vais en profiter, ce n'est pas à Lille que je ferai le plein de vitamine D.

Après quelques longueurs, j'entends du bruit. N'ayant pas très envie d'être dérangée, je me retourne pour distinguer qui est là ! Aveuglée par le soleil, je ne distingue rien. Je peste.

- C'est simplement moi.

La voix de Jonathan fait palpiter mon cœur une fois de plus, et je me sens immédiatement coupable de cette réaction.

- Tu vas me chasser comme tout à l'heure ?

Je grogne, feignant de l'ignorer.

- Vu ton silence, j'en déduis que tu hésites. Alors je te préviens, je ne bougerai pas d'ici. Si ma présence te gêne, c'est à toi de partir.

Je simule de ne rien entendre une fois de plus, cependant, Jonathan m'agace, ou plutôt, c'est ce que je ressens qui me dérange le plus. Je n'ai aucune envie d'entendre ce qu'il a à m'avouer, je panique complètement.

- Tu vas nager aussi à reculons pour éviter de me regarder ? Se moque-t-il ?

- Très drôle.

- Ah, au moins j'entends le son de ta voix.

Je soupire.

- Arrête de bouder.

- Je ne boude pas,

- Non ! Tu as simplement peur de ce que je pourrais te confesser. Alors rassure-toi, je ne dirai rien. Tu peux te détendre.

- Pfff...

Ma seule et unique réponse, super, j'ai l'impression d'être une élève de primaire. Perdue dans mes pensées, je n'ai pas entendu Jonathan plonger. Il nage maintenant à mes côtés. Et merde... C'était la dernière chose dont j'avais besoin.

Je tente désespérément de nager dans l'autre sens, ce qui amuse beaucoup Jonathan.

- C'est intéressant de te voir réagir comme ça.

Je me tourne vers lui, arborant mon regard le plus dissuasif. Bien entendu, ça n'a aucun effet sur lui.

- Qu'est-ce que tu veux, à la fin ?

- Que tu sortes de tes gonds... je te provoque et ça fonctionne. J'aime quand tu sors les griffes.

Je rêve ou il flirte ? D'un côté, c'est moi qui ai provoqué cette situation. Je devrais assumer mes actes, ce que je refuse pour le moment. Je ne me connaissais pas aussi lâche.

Je fulmine. Il m'éclabousse.

- Mais arrête !

- Certainement pas, dit-il en riant.

J'essaie de lui échapper en nageant plus rapidement, mais il me rattrape. Il me saisit les hanches, ce qui provoque une mini-décharge électrique et me jette de toutes ses forces sous l'eau.

Vexée, je lui hurle dessus :

- Tu as quel âge, bordel !

- Et toi ? gronde-t-il. On dirait une vieille fille coincée qui ne sait pas s'amuser.

De colère, et avec un air très puéril je l'avoue, je sors de la piscine et m'entoure de ma serviette éponge.

- Merci ! me dit-il. J'ai la piscine pour moi tout seul grâce à toi.

Il m'exaspère, et j'aime ça. J'apprécie qu'il ait toute son attention concentrée sur moi, et uniquement sur moi. À cette pensée, je réalise que je suis déjà trop attachée à lui et je m'en veux d'être aussi idiote.

Comme je suis une véritable bourrique. Je décide de m'allonger sur le transat pour prouver à Jonathan que non, je ne le fuis pas. Vaine tentative de ma part afin de sauver le peu de dignité qu'il me reste.

Nos âmes torturées Où les histoires vivent. Découvrez maintenant