18 | discussion à coeur ouvert. Non ! Ne t'ouvre pas.

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Jonathan

- Quelque chose me chiffonne dans ton histoire.

Un sourire en coin naît sur mes lèvres. Je ne dis rien la laissant développer sa question qu'elle met du temps à exprimer.

- Comment as-tu pu croire que ce serait une bonne idée ? ... Je veux dire... Tu étais dans une période où tu voulais te caser à tout prix ? La trentaine te travaillait, ou elle t'avait peut-être drogué ?

- Je n'ai jamais pensé que cet épisode était une bonne idée, mais je n'étais pas drogué. Je souhaitais simplement une vie de couple comme mes parents.

Amélia ne peut se retenir et réplique en ricanant.

- Tu ne pouvais pas être plus à l'extrême en comparaison de la complicité de tes parents. Ce qu'ils vivent est réellement rare.

Je ne peux pas lui donner tort.

- Mes parents se comprennent je pensais vivre la même osmose avec mon ex. Elle m'acceptait : cassé et destructeur.

- Mmm, il ne reste qu'une seule réponse... Le sexe devait être top !

Cette réflexion me plonge dans un passé malsain que j'aimerai oublier. Avec Justine nous avons basculé sur un terrain semé de violence, d'auto mutilation et de baise. Il n'y a pas d'autre nom. C'était crash, glauque, en rien affectueux. Avec le temps, je me sentais de plus en plus mal à l'aise alors qu'elle était persuadée du contraire.
J'avais l'impression de basculer petit à petit dans un enfer que j'avais verrouillé à double tour il y a longtemps. Je me suis vengé de ce que ma tante m'avait fait subir enfant. Toute cette violence en moi, je l'ai projetée sur Justine. Dans quelle relation tu agis ainsi ? Amélia a raison. J'étais bien loin de vivre la complicité de mes parents.

- On dirait bien que J'ai touché une corde sensible.

Je fixe Amélia, je n'ai aucune idée de son interprétation de ma réaction mais je ne peux m'empêcher de tenter une justification.

- Ce n'est pas ce que tu crois. Et toi que ressentais-tu pour ton ex ?

- Oh l'évitement parfait.

Je soupire sans répliquer attendant qu'Amélia se confie... elle mordille légèrement la lèvre inférieure.

- Comme tu as été franc avec moi, je vais être honnête, j'évite les mecs qui me plaisent vraiment.

- Pourquoi ?

Amélia cherche ses mots. Je sens que c'est compliqué pour elle de se livrer. Ses mains s'agitent nerveusement.

- Si j'ouvre mon cœur à quelqu'un, je vais m'y attacher bien plus que de raison. Je n'ai pas eu énormément d'attention dans ma vie, comme tu l'imagines. Pas de père et une mère....

Amélia ne va pas au bout de sa phrase et se reprend.

- Mon gros point faible est d'avoir besoin d'être aimée. Ma vie doit être sous contrôle, mes sentiments également. Alors si mon cœur réagit face à quelqu'un, je préfère m'enfuir pour me protéger. Je ne souhaite à qui que ce soit de subir le chantage de ma mère. Son monde est pourri.

- Ton cœur a déjà battu pour quelqu'un ?

Cette question m'est devenue vitale tout à coup.

Amélia ne répond pas. Son regard happe le mien, le temps se fige. Un courant passe entre nous. Je ne veux pas l'interpréter mais mon cœur palpite pour la première fois. Je me prends une gifle mentale dans la figure. Je m'attache à cette fille, au plus je la découvre au plus je la comprends et au plus je l'admire.

Amélia a du mal à déglutir.

- Non ! Jamais.

Menteuse ! Elle vient tout comme moi de le ressentir à l'instant. Gênés l'un comme l'autre nous détournons le regard. Le silence s'impose pour la première fois entre nous.

- Je comprends ce que tu veux dire lorsque tu parles de ne pas vouloir entraîner quelqu'un d'autre dans un enfer. Je me suis souvent dit que j'étais anormal. J'ai vu pas mal de psy pour m'aider à dépasser ce que je ressens mais entraîner une personne que j'aime là dedans, Je m'y refuse. Avec Justine c'était plus simple, pas de sentiment. Elle acceptait mes ténèbres. C'était plus simple dans l'idée mais pas dans le vécu. Nous n'étions pas heureux à se détruire autant. Je pourrai lui en vouloir mais nous nous sommes tous les deux entraînés dans une sphère de destruction. J'en ai honte aujourd'hui. Je n'ai pas envie de décrire à mes parents tout ce que nous nous avons subi mutuellement pour en arriver à ce qui s'est passé. Mon ex est une garce mais je n'ai pas non plus été tendre avec elle.

Je passe la main dans mes cheveux. Je ne me suis jamais autant confié à quelqu'un qu'aujourd'hui.

- Tu n'as pas besoin de tout détailler à tes parents. Ils méritent de connaître la vérité pour les rassurer. Pour le reste, explique leur que tu ne veux pas aller devant la justice étaler cette obscure affaire. Après agis comme tu le ressens mais tes parents et ta sœur tiennent trop à toi pour que tu te taises.

Amélia a entièrement raison. Au moment où j'allais la remercier son téléphone vibre. Elle se statufie, livide devant son écran.

- Ça va ?

Les larmes aux yeux elle ne lâche pas son écran.

- Non !

Amélia se met à trembler, j'ai l'impression qu'elle est terrorisée.

- Même au milieu de la mer, je me sens menacée.

Les larmes dévalent sur ses joues, mon cœur se sert. Je ne vais pas supporter longtemps la voir dans un tel état.

- Raconte moi ! Mon père peut certainement te venir en aide.

Amélia se sèche les yeux avec le revers de sa main.

- Ça va aller. C'est mon enfer.

- Ta mère ?

- Elle essaie de me joindre depuis hier mais je n'ai pas décroché.

- Que veut-elle ?

- C'est son dealer. Il veut récupérer la dette de ma mère. Elle n'a pas dû payer sa dope une fois de plus. Du coup il s'en prend à moi en menaçant de me prostituer si je ne rembourse pas au plus vite... la routine.

Amélia me fixe d'un regard hagard.

- Bienvenue dans mon monde Jonathan.

J'aimerai lui répondre que tout ira bien mais comment pourrai-je promettre une telle issue moi qui ne suis pas confronté à ce type de danger.

Nos âmes torturées Où les histoires vivent. Découvrez maintenant