Amélia
Exaspérée, je me dirige vers le restaurant. Heureusement, je ne compte pas sur ce type pour m'y amener. Et d'ailleurs, pourquoi ai-je accepté la demande de Magalie ? Cette femme est tellement gentille que j'ai voulu lui rendre service. Tout à l'heure, elle m'a aidée avec mes vidéos TikTok. J'étais sur le point d'abandonner. Je m'étais perdue, bref, c'était la galère. Magalie est arrivée comme une sauveuse, m'aidant comme un chef. En plus, elle m'a remise sur le bon chemin. Il faut dire que ma cheville me fait toujours souffrir, ce qui n'arrange rien.
Je lui devais bien ça. Malheureusement, elle me demande de rendre ce service à son fils que j'aimerais éviter comme la peste.- De l'autre côté, dans ce sens, tu te diriges vers le pont là, bon sang !
Je sursaute en entendant la voix exaspérée de Jonathan.
Je m'arrête, me retourne pour l'attendre. Bien sûr, il se moque de moi, je peste intérieurement. Super ! D'ailleurs, pourquoi je réagis comme ça ? C'est n'importe quoi. Je ne peux pas m'empêcher de le revoir, torse nu, comme il m'est apparu en ouvrant la porte. Ce type est vraiment bien musclé, un peu sec mais très athlétique. J'ai toujours craqué pour ce genre de physique. Mais là, vu son caractère, c'est non. "Range tes hormones, Amélia, ce type n'est pas pour toi."- Non seulement tu as des difficultés à tenir sur tes pieds, d'ailleurs heureusement que tu ne mets pas de hauts talons, mais en plus tu n'as pas vraiment le sens de l'orientation. Cela semble dangereux pour toi de voyager seule.
Pourquoi je vérifie mes chaussures ? J'ai enfilé ma petite paire de baskets blanches confortables. Il m'agace sérieusement... J'évite de lui répondre, non pas que je n'ai pas de répartie, bref, j'en ai habituellement, mais là, rien ne me vient. Et ce sourire en coin qu'il arbore m'inspire de lui mettre une claque. Mon regard ne doit pas être très aimable étant donné sa réaction.
- Susceptible en plus. On va bien se marrer.
- Super !Oui, je n'ai pas su trouver de réplique plus piquante. Je me sens un peu pathétique face à lui.
Heureusement, en moins de cinq minutes, nous sommes dans la salle du restaurant. Je peux enfin me détendre, tandis que mon accompagnateur se raidit d'un coup. Je me tourne vers lui. Il baisse la visière de sa casquette comme s'il voulait échapper à la foule.
Il ralentit de plus en plus. Je l'attrape par le bras pour le forcer à me suivre. Il ne va pas jouer les timides après les piques qu'il m'a lancées depuis que je l'ai bousculé. Bon d'accord, je suis tombée dans ses bras deux fois, ce n'est pas une raison pour me prendre pour une idiote.Mon geste le surprend, je ne lui laisse pas le temps d'échapper à ma poigne. Une fois près de la table, je m'effondre sur une chaise, éreintée. Je n'ai aucune classe en ce moment précis. À la porte... j'ai adopté mes manières de snob pour imiter une femme du monde, mais me contenir face à ce mec n'est pas si simple. Je réprime au maximum ma vraie personnalité. Je ne veux pas que les gens se rendent compte que je n'ai pas reçu une éducation convenable.
Magalie m'observe, les yeux ronds. Je ne sais pas si c'est à cause de mon attitude ou parce que j'ai bousculé son fils. Quant à Étienne, il a un sourire en coin, comme à chaque fois que je secoue son fils. J'ose jeter un œil à Jonathan, qui est assis, complètement fermé. Super ! La soirée s'annonce fameuse. J'aurais dû choisir de manger seule.
Je scrute plus en détail mon voisin. Son regard hautain a complètement disparu, son teint est livide. Clairement, il ne se sent pas bien. Est-il malade ? Pourtant, il allait bien tout à l'heure. Il farfouille dans ses poches, les mains tremblantes. Je ne comprends pas ce qui se passe. A-t-il avalé un médicament ? Je détourne les yeux, feignant l'indifférence. Le silence à table devient gênant. Heureusement, un serveur sauve la situation.Magalie reprend ses esprits, me sourit et entame la discussion sur ce que je ressens au départ du bateau. Nous étions ensemble sur le pont pour admirer le spectacle. Je ne comprenais pas la ruée de la foule pour y assister, mais j'ai adoré, c'était intense de visualiser cet immense navire quitter le port.
- Je te remercie de m'avoir aidée à filmer tout à l'heure. Heureusement que tu étais près de moi, mon smartphone aurait pu m'échapper et tomber à la mer.
Magalie rit doucement.
- Oui, j'ai constaté. Je me suis dit que tu apprécierais un coup de main. C'était amusant de te rendre service. Je suis allée sur tes réseaux sociaux par curiosité et j'ai apprécié, c'est hyper intéressant. Je m'y suis abonnée.
- Merci, c'est gentil. Ça me touche énormément.
- Tu le mérites.
Elle se tourne vers Jonathan.
- Tu devrais jeter un coup d'œil à son travail.
Jonathan n'a pas l'air très réceptif. Il se passe la main sur le front sans arrêt. J'ai l'impression qu'il ne se sent pas très bien depuis que nous sommes arrivés.
- Oui, oui.
Ok, super. Étienne change de sujet de conversation.
- D'où viens-tu, Amélia ?
- Du grand nord. De Lille plus exactement.
- Oh oui, c'est bien le grand nord, surtout pour des sudistes. Tu exerces quel métier dans la vie ?
- J'ai terminé ma licence de psychologie il y a quelques mois tout en travaillant comme intérimaire et influenceuse.
- Tu veux devenir psychologue ?
Sujet sensible en approche. Jonathan se réveil au secours.
- Non, j'étudie la psychologie pour des raisons personnelles. Je prends une année pour réfléchir à la formation que je suivrai ensuite.
- Tu n'as pas l'intention de continuer ? me demande Magalie.
- Franchement, je ne pense pas.Jonathan me lance un regard noir. Ok, les psy ne sont pas son truc. J'ai bien compris. Heureusement, Magali et Étienne ne continuent pas à creuser le sujet. Je ne veux pas en dire davantage, Jonathan me met réellement très mal à l'aise. Ses parents tentent d'attirer mon attention en me posant des questions légères pour que j'oublie l'artiste qu'est leur fils. Magalie jette de temps en temps des regards inquiets vers lui et Étienne lui répond en lui serrant la main pour l'apaiser. Je n'ai aucune idée de ce qui se passe, mais leur fils les inquiète. S'en rend-il compte au moins ?
Je tente à nouveau de regarder dans sa direction. Il s'arrache la peau autour des doigts par nervosité. Il ne tremble plus, mais j'avais remarqué tout à l'heure son souffle saccadé. Il tente désespérément de réguler sa respiration, ce qui ressemble à une grosse crise d'angoisse.
Mon attention focalisée sur lui me fait oublier le cafard de cette fin de repas. Passer autant de temps avec des parents idéaux me rend un peu jalouse et contrariée. J'aurais tant aimé avoir des parents pareils, cela doit être super de grandir entouré d'autant d'attention. J'ai des difficultés à comprendre l'attitude de Jonathan.
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Nos âmes torturées
RomanceCollision amoureuse sur un bateau de croisière : Amélia, pétillante et pleine de vie, rêve de vacances ensoleillées sur un bateau de croisière. Mais son destin prend un virage inattendu lorsqu'elle se retrouve nez à nez avec un homme au charme ténéb...