12 | Je suis un prince charmant. Dans tes rêves.

21 3 1
                                    

Jonathan

Sérieusement cette fille me rend dingue. Je l'ai vue devenir livide face à son portable. J'étais loin de me douter qu'elle s'évanouissait. Lorsque j'ai compris le malaise, j'ai accouru pour lui éviter de tomber. Décidément je me transforme en prince charmant. Non ! Je ne la prendrai pas dans mes bras pour l'emmener dans ma cabine comme c'est écrit dans les romances lues par ma mère et ma sœur. Bon ok, j'ai dû en lire un ou deux pour m'informer de ce que lisent les femmes. En attendant, je reste là comme un con, à tenter de la ramener à elle, sans savoir comment m'y prendre. Je suis soulagé de constater qu'elle ouvre les yeux. A cause de qui  se met-elle dans un état pareil. ? À cette réflexion je réalise que je ne suis pas mieux lorsque mon poison d'ex me contacte.

Amélia ouvre enfin les yeux. Je suis soulagé, mais je ne peux réprimer ma petite pique :

- Tu as décidé de me transformer en chevalier servant, ça se passe comment ? Dis le ! Je n'avais pas prévu durant mes vacances de venir en aide à une pauvre jeune femme esseulée.

Amélia lève les yeux au ciel d'exaspération. Bonne nouvelle elle va vite se remettre. Réalisant qu'elle est une fois de plus dans mes bras, elle rougit. Mignon ! Elle tente de se détacher de mon emprise en tanguant légèrement.

- Du calme chaton. Tu vas te blesser. Prends le temps de reprendre tes esprits. Te connaissant tu n'es pas à l'abri d'une nouvelle chute.

- Très drôle, tu es vraiment lourd. Sérieux.

- D'un autre côté c'est la première fois que je m'occupe autant de quelqu'un  même ma sœur qui a ton âge se gère mieux que toi.

- Bon t'as fini ?

- Non ! Pas vraiment.

Amélia continue de pester. Je remarque qu'elle a malgré tout des difficultés à se remettre sur pied.

-  As-tu mangé aujourd'hui ?

- Ouioui ! Me répond t'elle rapidement.

- Ok, ça veut dire non en langage fille.

Amélia me fusille du regard.

- Calme toi ! Ma petite sœur est danseuse professionnelle alors les privations de nourritures à la con je connais.

Elle s'énerve.

- Ça n'a rien à voir. Laisse tomber.

Je lève les mains en m'éloignant pour qu'elle s'apaise.

- Ok, ok. Je te raccompagne à la cabine.

- Ça va aller.

Je passe les mains dans mes cheveux, elle m'exaspère mais elle ne gagnera pas.

- Que tu le veuilles ou non, je te raccompagne. Tu es têtue, moi aussi. Hors de question de te laisser et apprendre que tu as un nouveau malaise, donc debout, direction : ta cabine.

Étonnamment Amélia, ne cherche pas à argumenter davantage. Une fois dans sa cabine, je me permets de lui donner un coca qui traînait dans ma chambre. Bien entendu elle râle en me voyant revenir mais je n'en tiens pas compte. J'ai compris qu'elle aboyait bien plus qu'elle ne mordait.

Je regarde l'heure, je suis en retard pour rejoindre mon père qui m'attend trois points en dessous pour un petit apéro père, fils. Il souhaite s'assurer que je vais bien après mon escapade d'aujourd'hui. Bizarrement je me sens mieux après coup.

Mon père me fait signe. Bien entendu il est déjà servi.

- Te voilà enfin ?

- Désolé, je raccompagnais Amélia à sa cabine, elle a fait un malaise à la piscine.

- Ah ? Elle va mieux ?

- Je crois.

- Nous avons pas mal marché aujourd'hui, pour ceux qui n'ont pas l'habitude c'est intense. Bon parlons de toi. Comment vas tu ?

Je souris. Avant de m'installer je passe commande au bar d'un cocktail sans alcool. Je reviens m'assoir en face de mon père.

- Ça été. Je n'ai pris aucun médicament si c'est ce qui t'inquiète. Je me suis planqué derrière mon appareil photos. Je suis resté un peu trop longtemps à l'extérieur ce qui m'a valu un début de crise d'angoisse.

- Bien, je suis content.

Je me passe la main dans les cheveux comme souvent. Je n'aime pas particulièrement parler de ce sujet.

- C'était le but de cette croisière. Non ?

Mon père étire ses lèvres en coin.

- C'est une partie du plan. J'ai pensé que ce voyage pourrait t'aider à te confier sur ton vécu et que tu tais.

Surpris, je l'observe.

- Je te connais Jonathan, tu es du genre auto destructeur c'est vrai mais de là à commettre un geste de trop pour en finir, je n'y crois pas. Il y a plusieurs mois que je me tais, il serait temps de rassurer ta mère.

Comment avouer à mon père ?

- Arrête de couvrir cette garce. D'ailleurs elle s'est pointée à la maison hier soir, le voisin l'a vue ainsi que l'agent immobilier. Au fait as-tu reçu le mail de sa proposition d'achat.

Je sors le portable de ma poche, je scrolle mes mails afin de vérifier.

- Je ne l'avais pas lu.

J'ouvre le fichier, je lis la proposition, pour une fois c'est le prix que je souhaite et j'ai besoin d'en finir avec cette histoire. Je remplis ce que m'a demandé l'agent immobilier et signe depuis mon portable.

- C'est validé, j'ai accepté le compromis.

- Bien, tu vas pouvoir avancer. Tu envisages l'achat d'un nouveau bien ?

- Oui dans l'idéal, j'aimerai une maison pour y installer mon studio photo et me poser.

- Excellente nouvelle. Que dirais-tu d'acheter la maison de notre voisin ?

- Pourquoi ? Elle est à vendre ?

- Oui, Norbert me l'a annoncé tout à l'heure. Le prix est dans ton budget. Donc si ça t'intéresse on peut se positionner sur une offre. Qu'en penses-tu ?

La maison voisine, j'en rêve depuis que je suis enfant, il y a la surface nécessaire pour un studio photo, une possibilité d'agrandissement ainsi qu'un espace suffisant pour creuser  une piscine dans le jardin.

- Appelle Norbert ! Je suis partant.

- De mieux en mieux. Je suis content. Tu penses reprendre le travail bientôt ?

- Oui, j'ai quelques idées, j'ai reçu des propositions de travail auxquelles je n'ai pas encore donné de réponse. Je veux avancer doucement.

- Je comprends, trinquons. Je suis fier de toi. L'air de rien, tu as réussi à me rejoindre jusqu'ici sans casquette et sans lunettes, exploit que tu n'as pas mesuré tellement tu t'es précipité pour me rejoindre.

La réflexion de mon père me laisse sans voix. Il a raison. Aucun malaise pour venir à sa rencontre, seconde victoire de la journée.

Nos âmes torturées Où les histoires vivent. Découvrez maintenant