Amélia
Marcher dans Rome main dans la main avec Jonathan m'a secouée bien plus que je ne l'aurais imaginé. Je n'ai pas eu l'intention de retirer ma main. Notre lien est devenu, à ce moment précis, une évidence. Était-ce déjà le cas lorsqu'il m'a embrassée le haut du crâne avec une tendresse déconcertante ? Pas de doute, il sait comment me rendre accro.
Maintenant que je suis face à lui, je suis timide. Jamais je n'ai jamais ressenti de telles émotions, je n'arrive pas à me l'expliquer.
Je n'ai pas voulu affronter ses confidences hier et je m'en suis félicitée. Mais aujourd'hui, je ne veux pas éviter sa proximité. Je n'ai pas l'habitude de changer d'avis aussi brusquement, je suis plutôt rationnelle, mais en présence de Jonathan, tout mon bon sens s'évapore.
- Tu vas rester silencieuse pendant tout le repas ?
- Non, j'étais juste perdue dans mes pensées.
- Si je te demandais à quoi tu penses, tu me le dirais ?
Jouer franc jeu, c'est mon adage. Bizarrement, c'est compliqué aujourd'hui. Je prends mon courage à deux mains.
- Mon geste t'a troublée ?
- Lequel ?
- T'embrasser sur le crâne, t'enlacer pour répondre à ton câlin ou te tenir la main ?
- Oui, bon d'accord, je suis un peu perdue. Jonathan ne s'arrête pas là.
- D'un côté, c'est toi qui a pris ma main la première et qui m'a sauté dans les bras tout à l'heure.
- Forcément vu comme ça, il n'a pas tort.
- Je n'ai pas réfléchi en agissant de la sorte.
- Moi non plus. Si on était spontanés l'un avec l'autre, qu'est-ce qui se passerait ?
- Je n'en sais rien, avouai-je.
- Si je te proposais de lâcher prise, pour constater où ça nous mène ?
- Je trouve ça dangereux.
- Pourquoi ? J'aimerais qu'il cesse ses questions qui me mettent de plus en plus mal à l'aise.
- Je te l'ai déjà dit. M'attacher à quelqu'un est compliqué. Je ne veux pas te gâcher la vie avec ma possessivité et mon besoin d'attention permanent.
- Et si j'ai envie de répondre à tes besoins ?
- La possessivité ? Laisse-moi rire.
- Amélia, la possession, c'est en partie une question de confiance.
Je ne veux pas me laisser amadouer de la sorte.
- Je vis à Lille et toi, tu achètes une maison à Toulon.
Jonathan étire les lèvres en un sourire satisfait.
- Pourquoi ça te fait sourire ?
- Parce que tu as réfléchi au fait que nous vivons aux deux extrémités de la France. Si tu n'étais pas plus intéressée, tu n'aurais jamais parlé de notre situation géographique.
Grillée, je suis obligée d'être honnête.
- Oui, j'y ai pensé, dis-je presque vexée.
- Et déménager ?
La conversation prend une tournure qui me met une nouvelle fois mal à l'aise, mais je tente de ne pas le montrer.
- Jonathan, on se connaît à peine.
- Oui, et après ?
Non, mais il va arrêter son délire. Il va réussir à me paniquer.
- Je pensais que tu ne voulais pas t'engager.
- J'ai peut-être changé d'avis.
- Aussi rapidement !
Surprise par sa réponse, je ne peux que m'étonner d'un tel revirement de situation. D'accord, moi aussi j'avance d'un pas, et recule de deux. Je ne suis pas mieux.
Heureusement, un serveur interrompt notre conversation pour prendre notre commande. Je peux enfin respirer normalement, même si mon ventre est noué. Je ne vais pas pouvoir avaler quoi que ce soit.
- Je te propose un nouveau jeu qui remplacera celui des provocations que tu as instaurées.
Nerveuse, je plonge mon regard dans celui de Jonathan sans dire un mot.
- C'est plutôt un défi que je te lance en réalité.
Je clos les yeux quelques secondes pour respirer profondément.
- Je t'écoute, finis-je par lancer.
- Je veux voir jusqu'à quel point tu serais dépendante de mes attentions si nous nous laissions vivre naturellement, sans ériger de mur.
Mon souffle se coupe.
- Amélia, respire, tu vas finir par provoquer un malaise.
La bonne blague ! Je tente de reprendre mon souffle avec difficulté Jusqu'au moment où Jonathan pose sa main délicatement sur la mienne, ce qui me procure un frisson.
- Te rends-tu compte de ce que tu me demandes ?
Jonathan ne se démonte pas, bien au contraire. Il confirme.
- Oui, j'en suis conscient. C'est un risque que je suis prêt à prendre. Et toi ?
Pour une fois, je ne sais quoi répliquer. Je suis en panique. Plus rien ne va. J'essaie malgré tout de cacher mon trouble, sans réellement y croire. Je suis foutue, j'en suis certaine. Comme j'aime la provocation et me mettre dans des positions inconfortables, surtout avec Jonathan, je réponds une énormité :
- D'accord.
Le sourire satisfait de Jonathan me laisse penser que je suis gentillement piégée. Alors, je pose ma condition.
- J'ai une condition.
- Tout ce que tu veux.
- Fais attention à ce que tu dis, il rit et mon cœur s'emballe, que du flirt, rien de plus.
Jonathan n'a pas l'air plus étonné que ça. Il accepte sans rechigner avec une précision qui m'interroge.
- Ça me convient parfaitement.
J'ai envie de le questionner davantage, mais je réprime ma question, ce n'est ni le moment, ni le lieu pour de telles confidences. Ma curiosité attendra.
- Tu n'as pas peur des répercussions ?
Jonathan passe la main dans ses cheveux en fuyant mon regard.
- Pour être honnête, j'ai peur. Pourtant, j'ai la sensation que si je ne tente pas tout pour toi, je le regretterai.
À ces mots, je reste bouche bée. Je ne sais quoi répondre, trop déstabilisée.
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Nos âmes torturées
RomantizmCollision amoureuse sur un bateau de croisière : Amélia, pétillante et pleine de vie, rêve de vacances ensoleillées sur un bateau de croisière. Mais son destin prend un virage inattendu lorsqu'elle se retrouve nez à nez avec un homme au charme ténéb...