20 | Tout est dit enfin presque...

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Jonathan

Sur la terrasse, je me détends. Accompagner mes parents à Gibraltar fut un défi. Je n'ai pas pris de médicament, je devais tester mes résistances. J'ai bien entendu enmené mon appareil photo, qui me protège  du monde extérieur. J'ai mitraillé les paysages mais également les passants. J'aime l'ambiance que me procure chaque nouvelle ville. Des personnes aux profils multiples m'attendent, c'est ce que je préfère dans mon métier. Le désir de voyager m'est passé lorsque mes crises sont réapparues. J'aimerai tellement être capable de parcourir le monde sans anxiété, être tout simplement libéré de mes chaînes. J'ai conscience que j'ai encore un sacré chemin à parcourir.

Après une heure de marche, je suis lessivé, n'ayant plus l'habitude de sortir. Cette expédition est un véritable enfer. Je ne dis mot, je sers les poings et la mâchoire. Je ne veux pas paraître faible pourtant je le suis. Je transpire de plus en plus, pas de doute, je suis au bord du malaise. Ma vision se trouble, je vacille un peu, j'arrive malgré tout à endiguer l'évanouissement. Mon cœur cogne de plus en plus dans ma cage thoracique.

- Stop, on arrête ici, mon père, mon héros, comme toujours. Si on continue Jonathan va finir à l'hôpital et c'est hors de question.

Ma mère s'exclame

- Ouf, j'ai cru que nous allions devoir le rattraper.

Je les dévisage tous les deux.

- Ne fais pas cette tête, me dit maman. Nous voulions voir si tu allais enfin te confier à nous pour exprimer tes difficultés. Mais non ! Comme toujours tu vas au bout de tes limites.

Ma mère fixe mon père, elle secoue la tête dépitée.

- Tout comme ton père. Elle souffle exaspérée. Je me marre.

- C'est bon ! Nous avons compris chérie, ta mère et ses dramas.

- Non mais oh !

Mes parents se chamaillent souvent et j'adore ces moments de partage et de complicité.

- Ok ! Vous avez gagné. Je suis crevé  une sacrée pause sera nécessaire. Je  m'installe ici et vous attends.

- Certainement pas. Allons dans ce petit restaurant, il est quasiment midi. C'est l'heure de se ravitailler. Venez les garçons.

- Je suis ton mari je te rappelle, pas un gamin.

- Quand je t'entends je ne suis pas certaine que tu ne sois pas un gamin. J'ai faim. Donc on mange. Tu préfères cette version ?

- Oui !

- Très bien, allons-y avant que Ton fils ne fasse un malaise.

- Pourquoi c'est toujours Mon fils quand il fait des bêtises et le tien quand il agit correctement?

- Je suis sa mère voilà pourquoi.

- Forcément !

- Oui Forcément !

Je passe la main dans mes cheveux. Mes lèvres s'étirent en un véritable sourire. Grâce à eux je me sens mieux.

Le repas fut le moment de la confession. J'ai attendu le dessert pour expliquer à mes parents que ce qu'ils avaient pris pour une tentative de suicide n'en n'était pas une. Mon père n'était pas surpris.

- Je le savais et je te l'avais dit. Cette fille est complètement cinglée.

Ma mère est mortifiée, mais Amélia a raison je ne pouvais pas la laisser dans le doute. Les larmes aux yeux, elle me remercie pour cette confidence.

- Papa, ne t'en prend pas uniquement à Justine. J'ai également ma part de responsabilité. Je n'étais pas plus équilibré qu'elle. Nous étions néfastes l'un pour l'autre. Je ne veux pas que cette histoire aille plus loin.

Papa contient sa colère, ses traits fermés sont l'indicateur qu'il va m'écouter et que ça le contrarie au plus haut point.

- Ok ! Par contre qu'elle ne remette jamais un pied chez nous. Je te préviens, si elle continue à te harceler j'agirai.

- Nous agirons de cette manière.

- Au fait as-tu reçu le compromis de vente pour ton appartement envoyé par le notaire, accompagné de ta proposition d'achat pour la maison.

- Oui papa j'ai tout reçu et tout signé. Je n'arrive pas à croire que je vais devenir votre voisin.

- Nous sommes heureux que tu ne partes pas aussi loin que ta sœur.

- Maman, elle reviendra quand elle sera diplômée.

- Pas sûr. Nous verrons bien. Tant que ma fille est heureuse c'est le principal.

Mon père prend la main de ma mère dans la sienne. Décidément j'étais loin de cette complicité avec Justine.

Arrivé au café. Mon père se racle la gorge pour attirer mon attention. Quand il agit ainsi c'est qu'il va encore une fois se mêler de ma vie. Je le connais par cœur.

- Tu peux me narrer ce qui s'est passé entre Amélia et toi pour qu'elle nous fuit depuis hier soir.

Gêné, je ne réponds pas tout de suite, me remémorant notre complicité de la veille au bord de la piscine. J'ai compris qu'Amélia devait s'éloigner et j'étais dans le même état d'esprit.

- Ne me dis pas que toi et Amélia vous avez...

- Maman ! Râlais-je. Rien à voir avec ce que tu penses.

- C'est quoi alors ? J'espère que tu t'es bien comporté avec elle.

- Maman ! Je soupire en levant les yeux au ciel. Il ne s'est rien passé dans ce registre. Simplement hier nous avons discuté tout l'après-midi au bord de la piscine. Nous avons abordé réciproquement des sujets très personnels. Au final, ce fût gênant autant pour elle que pour moi.

- Mmm, me répond ma mère agacée.

- Je peux comprendre mais, ne laisse pas cette gêne s'installer. Si tu arrives à communiquer et que c'est réciproque, alors continuez, c'est de cette manière que l'on tisse des liens entre humains.

- Oui maman.

Mon père se marre.

- Quoi ?

- Non rien ! Me répond il.

- Vas-y ! Tu meurs d'envie d'ajouter quelque chose.

- Oh non ! Juste, je remarque qu'elle ne te laisse pas indifférente. Il faut avouer qu'elle t'est littéralement tombée dans les bras. Ça ne s'invente pas ce genre de rencontre.

Blasé, je ne rétorque pas.

- Oh, ça va mon grand. Je te charie. Je suis ravi que tu te sois fait une amie.

- C'est ça. Continue à te moquer de moi.

- Je n'oserai jamais.

- Comme si.

Après cette discussion hors du temps, nous sommes revenus sur le bateau. J'étais lessivé et en même temps heureux d'avoir pu discuter avec mes parents. Une part de moi change, ça motive à continuer dans ce sens. Je prends l'air sur la terrasse lorsque mon attention se porte sur le jacuzzi. Amélia. Oserai-je dire qu'elle m'a manqué ? Oui bien entendu. Jamais je ne l'avouerai.

Je décide de la rejoindre même si hier soir je m'étais promis de prendre des distances. Comment résister à être près d'elle ?....  impossible.

Nos âmes torturées Où les histoires vivent. Découvrez maintenant