27 | Trop en dire ou ne rien dire...

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Jonathan

J'ai passé deux jours enfermé dans ma cabine, besoin de m'isoler. Depuis que j'ai posé un pied sur ce bateau, tout va trop vite. Je suis passé de ne pas sortir de chez moi à être propulsé dans la foule. Ma rencontre avec Amélia  change ma vision des choses. Je ne comprends pas ce que je ressens, je suis complètement confus.

Je dois prendre du recul, c'est pour cette raison que je décide de ne pas sortir.

Bien entendu mon père n'a pas tenu compte de mon besoin de solitude et le voici dans ma cabine, les bras croisés sur le torse, me fixant de son air de policier.

- Bon ! Tu vas me décrire ce qui se passe dans ta tête ? Je comprends ton isolement. Sur ce point pas de problème, par contre mon petit doigt me dit qu'il y a autre chose.

Je me lève de ce canapé assez confortable puisque j'y ai dormi cette nuit.

- Ton petit doigt ne s'appellerait pas Erika par hasard ? Tu l'as cuisinée jusqu'à ce qu'elle cède ? N'est-ce pas ? C'est de cette façon que tu agis toujours.

Mon père ricane.

- Non, pas cette fois. Je n'ai eu qu'à observer ton comportement pour comprendre que la petite Amélia te tourmente les neurones et pas que... d'ailleurs.

- Papa !

- Quoi ? C'est bon, tu n'as plus quinze ans, tu es un homme adulte. Nous pouvons parler franchement.

- Oui, enfin tu restes malgré tout mon père, ça me gêne, alors évite.

Mon père est hilare.

- Bon, raconte ce qui te mine à ce point là.

- Pfff.

Comment expliquer à mon père que je ne suis qu'un faible. J'ai tellement honte de l'homme que je suis face à lui qui est mon héros. Je ne lui ressemble en rien.

- Comme tu ne veux rien me confier. Ça te dirait de venir avec moi t'aérer  sur le pont du bateau, pour notre bien-être.

J'hésite un quart de seconde et j'accepte sa proposition. Le connaissant, il a déjà repéré les lieux les plus tranquilles pour que je n' angoisse pas.

- Tu vas mieux ou je me trompe ?

Je fixe l'horizon, en songeant qu'effectivement j'ai progressé. Difficile d'en parler à haute voix, j'ai peur que ce ne soit que passager.

- Jonathan. Jamais je ne te jugerai. Alors parle moi.

- C'est difficile d'avouer à mon propre père, que je ne suis pas à la hauteur  en tant qu'homme. Je n'ai rien à apporter à une personne comme Amélia hormis mes crises à répétition.

- C'est pour ce motif que tu n'es pas sorti de ta suite ?

- Je dois réfléchir seul de préférence. Depuis le début de cette croisière, j'ai pris pas mal sur moi, pour souffler et  faire le point.

Mon père pose sa main sur mon épaule pour me rassurer comme il aime faire depuis que je suis enfant.

- Tu es un homme normal Jonathan. Cesse de croire que tu n'es pas en mesure de rendre une femme heureuse.

J'aimerai tellement le croire mais cela semble impossible.

- Rappelles-toi ce qui s'est passé avec mon ex ? Je n'ai pas l'intention de reproduire cela avec Amélia.

Mon père soupire.

- Tu ne lui feras rien de négatif, elle est suffisamment forte pour assumer ses problèmes. Je ne pense pas qu'elle attende de toi que tu sois autrement que ce que tu es aujourd'hui.

Nos âmes torturées Où les histoires vivent. Découvrez maintenant