Nos âmes torturées

51 | Une vie sucrée salée

Jonathan

Aujourd'hui est un jour important pour Amélia et moi.

- Jo ! Pourquoi tu n'es pas venu me récupérer à la gare. Arrête de laisser ton pote venir me chercher. Il me gonfle.

Ça c'est ma sœur qui vient d'entrer chez moi et comme à son habitude elle ne frappe pas, elle est chez elle. Elle vient spécialement pour l'événement d'aujourd'hui et je suis heureux de la retrouver.

- Bonjour à toi aussi petite sœur. J'espère que tu as fait bon voyage. Et pour information, Dan m'a proposé de te récupérer à la gare vu qu'il n'habite pas loin.

- Oui bah la prochaine fois... Elle râle.

- Tu sais que je t'entends d'en bas.

Mon meilleur pote Dan qui n'est pas mieux que ma sœur... Depuis que je suis installé dans la maison, ils entrent tous les deux comme dans un véritable moulin.

- Ne vous gênez pas surtout ! Ne puis-je m'empêcher de répondre.

- C'est bien que tu puisses m'entendre comme ça je n'aurai pas à me répéter.

Dan et ma sœur c'est une grande histoire de je t'aime moi non plus mais ils ne l'avoueront jamais.

- Bon ! Vous êtes bien gentils tous les deux mais aujourd'hui j'ai autre chose en tête que vos éternelles querelles.

- Des querelles ? Hurle ma sœur.

Amélia entre dans la chambre radieuse comme toujours et d'un calme olympien.

- Silence ici. Vous allez réveiller Lia. Nous avons eu des difficultés à l'endormir alors s'il te plaît Érika. Je t'adore mais chut.

- Désolée. Ma sœur commence à se confondre en excuses. Je souris à Amélia pour la remercier de son intervention. Elles vont toutes les deux papoter entre femmes, pendant que je termine de me préparer. Dan en profite pour me rejoindre.

- Tu peux m'expliquer ce qu'il vous a pris à Amélia et à toi de nous proposer d'être parrain et marraine de la petite. Non parce que je t'adore mon pote mais... ta sœur et moi ça va être un carnage pour cet enfant. Tu t'en rends compte j'espère ?

Je me marre. Depuis qu'Amelia et moi avons annoncé à Dan et à Erika qu'ils seraient parrain, marraine de notre petit ange. Ils sont devenus ingérables, une compétition permanente autour de notre fille. Moi ça m'amuse. Amélia a une idée derrière la tête.

Ma femme, parce que, oui, nous nous sommes mariés l'année dernière. Au bout de quelques mois de vie commune, j'en étais convaincu, ce serait elle et personne d'autre. Je lui ai donc fait ma demande en mariage qu'elle a acceptée immédiatement. Tout s'est enchaîné très rapidement. Nous sommes tous les deux parents d'une adorable petite fille de trois mois nommée Lia. Je suis sur mon petit nuage. Je n'aurai jamais imaginé que la vie puisse être aussi belle.

Depuis cette fameuse croisière tout a changé pour nous deux. Je n'en reviens toujours pas.

- Arrête d'exposer autant ton bonheur. Ça me fout les jetons.

Dan et son humour légendaire.

- Où est ta fille ?

Dan est papa solo depuis quatre ans. Sa petite Chloé le suit partout.

- Elle est chez tes parents, Christophe s'occupe d'elle.

Je remonte les manches de ma chemise au-dessus de mes avant bras.

- Tu pourras me filer les coordonnées de ton tatoueur. J'adore le travail qu'il a accompli sur toi. Je suis fan.

J'ai décidé de recouvrir mes cicatrices pour tourner une page importante de ma vie. Je ne porte plus mes énormes bracelets de cuir, je n'ai plus honte d'exposer mes cicatrices parce qu'elles sont recouvertes par un dragon sur le bras droit qui me rappelle à quel point je suis capable de me battre et de l'autre côté deux petites sirènes qui représentent ma femme et ma fille parce que je cède à tous leurs caprices.

Je transmets les coordonnées de mon ami Olivier.

- Vous êtes prêts, hurle ma mère d'en bas.

- Oui répond Amélia.

- Dépêchez vous nous allons finir par être en retard, Étienne est déjà dans la voiture. La voix de Christophe me fait sourire. Il s'entend comme un larron en foire avec mon père.

- Oui, oui. Là c'est moi qui réponds.

- Je m'occupe de la petite, dit ma sœur.

- Allons-y ! Réplique Dan.

Tous sur le pied de guerre nous quittons la maison.

- Tonton ! Hurle la fille de Dan en me sautant dans les bras. Je la récupère au vol. Cette petite je l'adore. Elle est pétillante, adorable, comme dirait ma sœur tout l'inverse de son père.

Notre joyeuse petite bande, avance dans l'église pour baptiser Lia. Un moment d'émotion intense. Je ne peux m'empêcher d'être ému en regardant ma fille, ma femme et notre cercle familial. Je suis loin de l'enfer dans lequel j'étais plongé. En très peu de temps nous avons parcouru un grand chemin. Nous nous sommes faits confiance et aujourd'hui nous pouvons dire l'un comme l'autre que nous sommes heureux.

Mes tentatives destructrices sont quasiment derrière moi. Je ne me scarifie plus, même si parfois la pression pourrait m'inciter à plonger à nouveau dans mes travers mais ma femme n'est jamais loin, elle me surveille, surtout elle me soutient. Je continue bien entendu ma thérapie sans oublier mon traitement. L'anxiété est toujours présente mais elle ne me gâche plus la vie.

J'ai repris le boulot, Amélia gère dorénavant mon réseau social professionnel, elle a cessé définitivement son activité d'influence. La peur que sa mère la harcèle de nouveau est restée présente. Elle préfère aujourd'hui être discrète, même si certains followers savent qu'elle contribue au mien, personne ne cherche à en savoir davantage. Sa communauté a compris la reprise d' une vie concrète loin des story et des lives.

- Je veux la porter.

- Non mais ça ne va pas non. Elle est bien dans mes bras. Regarde elle s'endort.

Ma sœur et Dan une fois de plus.

- Vous avez fini tous les deux vous ressemblez à deux bébés qui font leurs petits caprices.

En entendant ma mère, Dan et Erika se calment immédiatement. J'explose de rire. Amélia me donne un coup de coude dans les côtes

- Aïe. Elle me chuchote à l'oreille.

« Ces deux là vont finir par se marier »

Je hausse les épaules, je regarde ma petite sœur et mon meilleur ami avec notre fille dans les bras et Chloé au milieu. J'avoue que c'est une très jolie photo de famille. Faudrait-il qu'ils s'en rendent compte également ?