L'étoile filante

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Je m'habille d'un chemisier à fleurs rouges, d'un de mes fidèles pantalons noirs. Il est serré à la taille et j'ai galéré pour l'enfiler, mais je suis contente du résultat, il compresse parfaitement mon ventre et cache un peu plus mes formes. Je passe des sandales compensées noires. Je me maquille simplement d'un trait noir sous mes yeux, du mascara et mon rouge à lèvres fétiche méga longue tenue rouge mate.

Je me sens belle ce soir, merci les six kilos que j'ai perdu récemment !

Je prends comme à mon habitude mes lunettes et mes clés de voiture, direction chez Élise et Paul. Je ne sais même pas qui il y aura, je verrai bien une fois arrivée.

Je chante à tue-tête les morceaux Deezer pendant le trajet, et profite de ce calme dans Paris pour m'attarder sur les bâtiments. J'ai toujours aimé cette ville, et pas parce qu'Antoine m'a embrassé pour la première fois sur la place du Trocadero, non, j'aime cette ville pour ses monuments, pour ses quartiers chargés d'histoires, pour ses architectures variées, pour ses différences culturelles. Puis merde, Paris c'est la ville de l'amour !

Je me gare et sonne. Je vérifie que j'ai bien le sac qui contient la bouteille de Mouton Cadet. J'adore ce vin rouge. Il a un goût exquis et laisse en dernier lieu une touche fruitée sur mes papilles. Une pure merveille !

Elle m'ouvre, me sert dans ses bras et je la suis jusqu'à leur cuisine d'été.

Je repère quelques hommes de dos. Je reconnais deux amis à Élise et Paul, un nommé Marco et l'autre Fabien, c'est le mari de Térésa, la sœur d'Élise. Puis un peu plus loin, assis sur les tabourets de la cuisine, il y a un autre couple que je connais également, Alexandra et Pascal, qui travaille chez Tool's Time.

Je suis soulagée de voir que l'on est au complet et que le couple que je redoute le plus n'est pas présent. Enfin, contente de ne pas avoir à baisser les yeux toute la soirée s'il avait été là, lui.

Je dis bonjour à tous le monde et Élise me propose son fameux Moscato que je ne refuse jamais ! Règle de Natacha n°1 : Ne jamais refuser un verre d'alcool.

Je me détends en sirotant mon verre quand quelqu'un s'assoit sur le tabouret à côté de moi.

Je me tourne, surprise, et mes yeux s'accrochent aux siens quelques secondes alors qu'il me dit bonsoir.

Je lui réponds en me remettant droite sur mon tabouret et continue de suivre la discussion des autres à table.

Édouard prend la parole de temps en temps tout comme moi, sauf que je prends le soin de ne jamais m'adresser à lui directement. Heureusement que nous sommes côte à côte, je ne suis pas obligée de baisser les yeux...

Je me perds dans mes pensées quand je me demande pourquoi sa copine n'est pas avec lui, alors que j'allais tenté de lui demander sur le ton de l'inquiétude pour ne pas dévoiler mes véritables motivations, il se tourne légèrement vers moi et me demande où est le reste de ma famille.

Je tente de croiser son regard et me tourne directement vers mon verre afin de le prendre tout en répondant qu'Antoine recevait un copain ce soir et qu'il m'a proposé de garder les filles. Je bois une gorgée de ma boisson alcoolisée et lui demande comment va sa copine.

Je le sens lasse tout à coup et il me dit juste que tout va bien. Je n'insiste pas et reprends le fil de la discussion des autres convives.

Édouard en fait de même. Après mon troisième ou quatrième verre d'alcool, je me lève pour aller fumer plus loin, parce qu'à part Édouard, personne d'autre ne fume donc je m'éloigne par respect.

Je m'isole sur un transat près de la piscine et allume ma cigarette. Je recrache la fumée, et je me sens détendue, toute la tension s'évapore de mon corps.

Mon cœur se remet à tambouriner quand Édouard vient se coucher sur le transat à côté de moi. Je ne dis rien, je suis pétrifiée de me retrouver isolée avec lui.

Je me concentre sur les étoiles qu'on voit apparaître maintenant que la nuit est tombée.

Il m'imite, et nous restons comme ça pendant une dizaine de minutes quand une étoile filante passe au dessus de nos têtes. Je me retourne vers Édouard en même temps qu'il se tourne vers moi. Il me regarde avec des yeux d'enfants quand il me dit qu'il a vu l'étoile traverser.

Je souris et lui réponds que moi aussi je l'ai vue et que j'ai même fait un vœu.
Il se reconcentre sur le ciel et au bout d'une quarantaine de secondes, il me regarde en me disant qu'il a fait son vœu.

Je rigole devant son air fier et enfantin et lui lance un petit pique sur le temps qu'il a mit à faire son vœu, comme s'il n'arrivait pas à se décider.

Nous rigolons à l'unisson et bon sang, je ne suis plus invisible à ses yeux. Ma soirée est magique.

Sous les effets de l'alcool, je lui lance le défi suivant : Celui qui trouve le vœu de l'autre en premier à le droit de donner un gage à l'autre. Le perdant devra exécuter le gage quel qu'il soit.

Nous nous serrons la main pour sceller ce contrat et mon cœur ne manque pas de réagir face à ce contact physique.

Je me tourne à nouveau vers les étoiles pour ne pas qu'il voit mes yeux et il me pose une question sans dévier son regard du ciel.

- Pourquoi avez vous quitté Tool's Time ?

Oui, avec Édouard, nous nous vouvoyons, ça a toujours été comme ça, il ne m'a jamais dit de le tutoyer alors je continue à le vouvoyer et il en fait de même.

En fait, je ne veux pas le tutoyer, je trouve cela tellement sexy. Je me suis imaginée plein de fois le vouvoyer pendant qu'il me déshabillait, pendant que l'on faisait l'amour lui et moi.

Voyant que je suis perdue dans mes pensées, il s'excuse en pensant que c'est trop personnel pour que je lui donne les raisons.

- Non, ne vous excusez pas. C'est moi, ça a fait remonter des émotions à la surface, mais rien de grave.

Je lui ments, je ne peux pas lui dire que je pensais à lui en train de me faire l'amour...

Je lui souris et lui dit : j'étais dans une période de ma vie où rien allait, je m'étais perdue et n'arrivait plus à me retrouver, je faisais tout de travers au travail, je me sentais inutile et incompétente, et chez moi, c'était pareil, j'étais au fond du gouffre. C'est alors sur un coup de tête que j'ai pété un câble. Sans réfléchir, je suis partie.

Je me retourne vers lui et je remarque que ça bouche fine a formé un petit o, trop mignonnnnn, bordel je fonds...

Je replonge ma tête dans le ciel et lui souris à nouveau, alors que je voulais continuer il me demande si maintenant je me suis retrouvée.

Je lui réponds en lui avouant la vérité : oui en parti, il me manquera toujours une partie de moi, que je n'aurai jamais, mais j'arrive à vivre sans, enfin jusqu'à présent. Il tourne sa tête sans la relever du transat, fronce les sourcils et me regarde avec incompréhension.

Puis, finissant mon cinquième verre que j'avais emmené avec moi, les mots sortent tous seuls de ma bouche, je lui demande :

- Êtes vous heureux ?

Il fronce les sourcils un peu plus et me répond qu'il ne comprend pas le sens de ma question.

- Je veux dire, êtes vous vraiment heureux dans votre vie ou voudriez vous changer certaines choses ?

Il s'assoit sur le bord du transat face à moi et nos regards se rencontrent profondément...

Coup de foudre à ParisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant