L'échiquier

33 3 0
                                    

Je prends de grandes inspirations, cela fait plus de nombreux jours que je ne l'ai pas vu. J'ai peur, j'aimerai que mon cœur l'ai oublié, mais je comprends que non, quand son odeur enivrante prend possession de mes narines et de mon cœur.

Il s'affole comme un chien ferait la fête à son maître après une longue absence. Il ne manquerait plus qu'Edouard remue la queue et là, ce serait le pompon !

Les gars nous disent bonsoir de loin et Édouard prend place à mes côtés. Il me regarde intensément puis me dit :

- Vous semblez amaigrie, vous mangez correctement ?

Mais il est sérieux lui ? Il me demande si je mange ? Je lui réponds d'un ton sec :

- Je ne pense pas que cela vous regarde, et nous ne sommes pas là pour parler de moi, mais du mariage de nos amis.

Ma sœur vient à mon secours en se présentant à Édouard. Il sourit mais semble triste tout à coup. Voilà que j'ai envie de le prendre dans mes bras pour le réconforter.

Je me mets une baffe intérieurement, Paul prend place et nous commençons. Nous sommes en parfaite alchimie quand nous présentons nos recherches, nous nous complétons. Et c'est dans ses moments là que je me sens entière, que je me réveille d'un sommeil de trente ans pour n'être qu'à lui...

Paul et Élise sont aux anges. Non seulement nous formons une bonne équipe, mais en plus ils adorent !

Édouard nous annonce qu'il va falloir prévoir le week-end enterrements rapidement car le site à Saint Tropez est très prisé.

Paul propose qu'on le fasse dans deux semaines. Il regarde Élise et lui dit amoureusement qu'il ne veut plus attendre pour qu'elle devienne sa femme.

C'est trooop mignon ! Moi je suis en vacances, ma sœur aussi, donc aucun problème pour nous.

Édouard et moi lançons en même temps :

- On s'occupe des invitations !

Nous nous regardons et j'ancre mon regard au sien, je n'arrive pas à décrocher. Je voudrai lui transmetrre toute ma peine, de ne pas pouvoir l'aimer, de ne pas pouvoir le toucher...

Ma sœur se racle la gorge et nous nous tournons à nouveau vers nos amis. Nous parlons aussi de mon arrivée à Tool's Time.

Je leur explique que c'est réglé de mon côté, il ne manque plus que le feu vert de Paul. Il m'annonce que mon contrat sera prêt pour le 22 août.

Il nous dit aussi que les trois premieres semaines, Édouard et moi devront fignoler l'usine à Naples et qu'après, ce sera direction Marseille pour la première succursale française.

Il explique qu'il y a une entreprise qui exerce la même activité dans cette ville et qu'il veut s'imposer là bas en priorité. J'ai hâte de commencer !

J'offre les petits cadeaux que j'ai acheté pour Élise et Paul et ils sont contents. C'était le but. Je sors fumer une cigarette pendant que Paul, Élise et Clémence préparent des amuses bouches.

Je m'assois par terre en tailleur et je laisse la brise fraîche caresser mes bras nus. Je regarde le ciel, espérant y trouver du réconfort. Édouard me rejoint, me sortant de ma contemplation.

Je ne veux pas me retrouver seule avec lui, il sait ce que je ressens, et je me sens mise à nue à ses côtés, fragile.

Je me lève pour rentrer mais il me retient par la main doucement. Son touché me provoque un frisson me parcourant de la tête aux pieds.

Je le regarde, à bout de force, de mots et je lui lance un :

- Laissez moi tranquille... s'il vous plaît...

Coup de foudre à ParisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant