L'Amour de ma vie

58 4 0
                                    

Je me dépêche de ranger un peu la paperasse accumulée pendant cette matinée de travail. Je souhaite bon appétit à mes collègues et file rejoindre Élise à Burger King.

Je l'attends devant en fumant une clope, j'ai hâte de la voir. Elle est la grande sœur que je n'ai pas eue, et un modèle pour moi.

J'espère avoir des nouvelles de Tool's Time, entreprise chère à mon cœur que j'ai quitté pour des conneries...

Elle m'en a d'ailleurs voulu, à juste titre, mais elle ne savait pas ce que j'endurais depuis des années entre mon enfance traumatisante et Antoine qui me brisait de l'intérieur à ne plus savoir qui j'étais réellement. Je lui avais écrit les passages marquants de ma vie, en essayant d'être la plus authentique dans mon récit. Je me suis livrée à elle afin qu'elle sache ce que je ressentais au plus profond, ces choses que je ne sais pas exprimer à l'oral.

Elle m'avait pardonnée et sans qu'elle le sache, ayant perdu un job que j'aimais et ma meilleure amie, ça m'a servit de leçon, j'ai réagis et je remonte la pente depuis. Elle m'a mis, sans le vouloir un bon coup de pied au cul !

D'ailleurs, je repense aux fois où Édouard passait à Tool's Time. Quand il était là, je redevenais moi, je respirais à nouveau et mon cœur se gonflait d'espoirs d'un jour me retrouver totalement. Il passait en général, un vendredi sur deux, après 17h30 pour voir Paul, je pense que c'était les semaines où il n'avait pas sa fille, issue d'une première union.

Puis, au fil du temps, il passait moins et j'avais appris qu'il fréquentait à nouveau quelqu'un. J'ai le regret de ne rien avoir tenté à ce moment là. Ça n'aurait pas fonctionné de toutes façons, pas dans l'état psychologique dans lequel je me trouvais...

Je vois Élise arriver à pieds, je vais à sa rencontre et la sert dans mes bras, elle m'a manquée !

Nous commandons puis nous nous installons à une table quand elle m'annonce qu'elle fait une soirée le lendemain soir et qu'elle voudrait bien que je vienne.

Il faut que j'en discute avec Antoine mais je vais tout faire pour me libérer.

Nous prenons de nos nouvelles puis je ne peux m'empêcher de savoir comment va Édouard alors je lui pose la question en détournant un maximum mes réelles intentions. Je lui demande donc si sa copine a accouché.

Elle me répond que non mais que c'est imminent. Inconsciemment, je m'étais arrêté de respirer en attendant sa réponse. Il faut que je me rende à l'évidence, ça va se faire, quoi qu'il arrive et je ne pourrai rien y changer !

Elle m'explique qu'il lui a acheté une baleine en chocolat, et qu'elle a fait la gueule... Arrghhh, je suis jalouse, j'aurai adoré ce cadeau, me rappelant que oui, je suis grosse mais parce que je porte son enfant. Son geste m'aurait touché au coeur et je l'aurai aimé encore un peu plus, attendez, c'est possible ça ??

Il voudrait l'appeler Giulia, mon dieu que ce prénom est magnifique ! Je m'étais toujours dit que si jamais j'avais une troisième fille ce serait son prénom. Il rappelle mes origines italiennes et je trouve que c'est un prénom très classe, très princesse, mais sa copine, elle, a refusé m'explique ma meilleure amie.

Je suis en colère, je ne le montre pas à Élise mais je rêverai d'être à sa place, j'ai l'impression qu'on a les mêmes goûts sur pas mal de choses. Il est peut être bien mon âme sœur même si je résiste à l'idée d'avoir eu le coup de foudre pour lui.

Ayant peur qu'elle se rende compte de mon mal-être, je reporte la discussion sur autre chose et lui demande comment ça se passe à Tool's Time. Elle me répond que tout va bien entre deux bouchées de son cheeseburger.

Elle me dit aussi qu'ils sont une quinzaine maintenant. Je manque de recracher mes frites quand je me rappelle qu'au départ nous étions quatre Paul puis Élise, Clara, qui gérait la partie clients puis moi. Ça me fait tout drôle, et je me flagelle mentalement d'avoir quitté cette boîte qui prospère...

Quand nous avons terminé, nous sortons pour que je puisse m'en griller une, nous continuons de discuter le temps de ma clope avant de nous dire au revoir et de regagner nos voitures.

Je retourne au travail mitigée, je suis trop contente de l'avoir vue mais aussi très triste de me dire que je suis faite pour Édouard, qu'il est fait pour moi mais que je suis la seule à le voir...

Je rentre chez moi, retrouve Antoine et les filles mais je n'ai pas le moral, je simule un mal de tête pour m'enfermer dans ma chambre et le retrouver dans mes songes..

Je suis en voiture avec les filles et Antoine, c'est lui qui conduit. Nous roulons jusqu'à Mormant, une commune dans le 77 à une heure et quart de Paris. Je suis excitée comme une puce, je n'arrête pas de répéter depuis le début de la journée que je vais à la rencontre de l'amour de ma vie. J'ai réservé un chihuahua chez un éleveur et j'ai rendez vous à 15h00 pour récupérer Roxie, l'amour de ma vie.

Alors que nous arrivons bientôt sur le parking d'intermarché à Mormant, je me tourne vers les filles assises à l'arrière de la voiture et avec un sourire éclatant je leur répète encore une fois que dans quelques minutes, je rencontrerai l'amour de ma vie.

Nous nous garons, et je descends pour fumer une clope, je suis stressée mais je suis à l'heure. Mon regard fait un tour d'horizon quand il bloque sur un homme avec une petite fille sur le parking d'une enseigne à côté. Mon cœur se sert quand je le reconnais, il s'agit d'Édouard.
Je viens de rencontrer l'amour de ma vie, et je vois ça comme un signe, ce n'était pas ma petite Roxie, c'était lui le premier que mon cœur a rencontré ce jour là. Il devait attendre son ex pour lui rendre sa fille.

Plus de doutes possibles, où on m'a ensorcelée avec un filtre d'amour ou bien il va falloir que je commence à croire sérieusement aux coups de foudre...

J'étais totalement perdue et triste de le voir si loin et de ne pas pouvoir lui parler, le serrer dans mes bras, me nicher dans son cou pour ne jamais oublier son odeur, lui montrer à quel point je l'aime de tout mon être, de toute mon âme mais Antoine me sort de mon rêve défendu et me dit que Roxie vient d'arriver.

Je donne l'argent à l'éleveur, il me donne quelques conseils sur les chiens de petite taille et me tend enfin ma Roxie. Elle est magnifique, je suis aux anges.

Je la colle dans mon cou pendant le trajet retour et mets mon nez dans son cou en prenant de grandes inspirations, comme j'aurai voulu le faire avec Édouard.

Depuis ce jour, j'aime ma chienne autant que je l'aime lui. Elle est le symbole de mon amour pour lui....

Je me lève difficilement, n'ayant toujours pas le moral, pour ne pas attirer l'attention d'Antoine sur moi. Je ne veux pas qu'il voit que je ne vais pas bien. Je ne peux malheureusement pas lui dire ce qui me tourmente.

Il me sourit et je l'aide à terminer le repas. J'en profite pour lui dire que je suis chez Élise demain soir. Sauf qu'un de ces copains doit passer à la maison. Il ne viendra pas et gardera même les filles. Top ! Je vais envoyer un message à Élise pour confirmer tout ça !

C'est le cœur lourd que je termine ma soirée dans les bras d'Antoine, qui me réconforte sans savoir pourquoi il le fait...

Coup de foudre à ParisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant