Le témoin

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Élise semble encore stressée après leur annonce et je la questionne du regard.

Elle regarde Paul, puis pose son regard à nouveau sur moi.

- Natacha, me ferais tu l'honneur d'être mon témoin le jour J ??

Je bloque et quand je réalise ce qu'elle vient de me demander, je pleure à chaudes larmes. Bien sûr que j'accepte.

Elle se lève et me prend dans ses bras une nouvelle fois. Nous nous rasseyons et j'essuie mes yeux des dernières larmes qu'il me reste.

Nous mangeons dans la bonne humeur quand, je me rends compte que j'ai une pression monstre pour faire de ce moment le plus beau jour de sa vie.

Elle veut des chippendales pour son enterrement de vie de jeune fille, elle veut s'éclater, il va falloir que je me remue la nouille !

Mon esprit s'égare, et je pense encore à lui. Élise semble le voir car elle me propose de m'accompagner fumer une cigarette en attendant que les desserts arrivent.

J'aquiesce et nous arrivons dehors. J'allume ma clope. Elle me demande comment je vais, vu la tête de déterrée que je dois avoir.

Je lui raconte tout ce qu'il s'est passé, de sa question pour savoir où était Antoine hier soir, en passant par la discussion sous les étoiles, et en terminant par le baiser derrière leur maison.

Elle a la bouche grande ouverte et pour une fois, ma meilleure amie semble aussi perdue que moi. Elle côtoie Édouard depuis trois ans, comme moi, et Aurore, sa copine depuis deux ans. Comme un couteau dans le cœur, elle me dit qu'elle trouve vraiment l'attitude d'Édouard bizarre vu comment il semble l'aimer et être heureux.

Mais, fidèle à elle-même, elle se lance la mission de le questionner subtilement pour lui soutirer des infos. Je souris à ma fouine.

Elle me regarde avec un air plus sévère avant de me dire :

- Nate, je sais que tu as un gros coup de cœur pour ce mec, mais il est en couple et va bientôt être papa.... J'ai peur que tu souffres...

Je la regarde blasée et, sans lui dire, elle comprend que je souffre déjà. Elle me sert dans ses bras pour me réconforter et je décide de ne pas m'appitoyer sur mon sort, elle va quand même se marier !

J'écrase ma clope, je la prends par le bras et l'attire à l'intérieur en lui disant tout sourire que l'on a un mariage à préparer !

Nous discutons de ce qu'ils aimeraient pour ce jour inoubliable quand je me demande qui Paul a choisi pour être son témoin.

Je me tends quand il m'annonce qu'il doit voir Édouard demain pour lui demander. Je le sentais... Je vais devoir bosser en étroite collaboration avec lui pour que nos amis soient comblés.

Et je sens que je vais y laisser des plumes, je ne veux plus souffrir....

Mon esprit s'égare dans un souvenir...

Je suis enceinte de huit mois de notre deuxième princesse, Amanda. Antoine vient de partir faire des courses et m'a proposé de rester pour me reposer avec Alice, qui a trois ans.

Il part et je me mets sur le canapé. J'osbserve Alice qui lance des cailloux à notre Yorkshire, Indiana. La chienne lui ramène et lui pose aux pieds, Alice l'adore ! Elle lui lance à nouveau et la chienne court plus loin le récupérer. Ma fille rit aux éclats et jette à nouveau le cailloux, la chienne part et je l'écoute couiner de douleurs, je me lève difficilement, étant un éléphant, puis me dirige vers la terrasse.

Ce que je vois me terrifie. Alice crie après le berger allemand que nous avons recueilli il y a quelques mois, lui demandant de lâcher Indiana, mais quand je vois la scène, je comprends que c'est trop tard. J'hurle sur le gros chien pour qu'il la lâche, mais rien y fait, je suis impuissante. J'ai peur, le berger allemand a dans sa gueule le cou de notre Indiana, le corps pend sans vie.

Je pleure, attrape Alice et ferme la baie vitrée pour ne pas que le chien nous fasse du mal, mais aussi pour ne pas qu'Alice voit Indiana sans vie.

Je vais vite dans la chambre en demandant à Alice d'aller jouer dans la sienne puis j'appelle Antoine pour qu'il rentre immédiatement. Je pleure à chaudes larmes et je n'arrive pas à me calmer. Je l'appelle une bonne dizaine de fois, lui laisse des messages précisant que c'est urgent, il rappelle au bout de trente minutes, pas du tout affolé, alors que je suis au bord de la crise de panique.

Je lui explique toute la scène quand il m'annonce qu'il finit les courses et qu'il arrive. Je me mets en colère contre lui parce que je suis traumatisée et choquée et enceinte de huit mois et lui veut terminer les courses avant de rentrer. Je ne lui laisse pas le choix et je lui raccroche au nez.

Sa réaction était vraiment bizarre. Je m'allonge un moment dans mon lit et allume la télé, séchant les quelques larmes qui continuent de couler et Alice vient me rejoindre. Elle me demande où est Indiana et je pleure de plus belle en lui disant qu'elle est montée au ciel. Elle vient se coller à moi, elle s'endort et j'attends qu'Antoine arrive pour me blottir dans ses bras.

Il arrive une heure après, en colère et me demande est Indiana. Je lui montre la terrasse et il va la récupérer. Il l'a met dans un carton et me dit qu'il va l'enterrer dans un endroit il y a pleins de cailloux, vu qu'elle adorait ça...

Je ne comprends pas, je le retiens, je ne veux pas qu'il parte tout de suite, j'ai besoin de lui, de ses bras pour essayer de chasser ces images de ma tête.

Il me dit que si elle reste trop longtemps là, ça va puer et qu'il ne supporte pas de la savoir morte, qu'il veut en finir rapidement.

Mon cœur se serre mais je le laisse partir avec le carton. Je ne comprends pas sa façon de gérer le chagrin. Indiana était notre première petite chienne et elle était très proche d'Antoine.

Il revient quasiment deux heures après, en ayant laissé mes nombreux SMS sans réponse. Je m'inquiétais moi !

Il est toujours en colère et me dit qu'il arrivait pas à trouver un endroit digne pour elle, enfin quelques larmes s'échappent de ses yeux et je le réconforte autant que ça me réconforte.

J'ai découvert, quelques semaines plus tard, qu'il m'avait trompé le jour de la mort de ma chienne. Je l'avais coupé dans son élan et il y était retourné au moment d'enterrer notre chienne, alors que moi j'avais besoin de lui...

Ce souvenir refait surface malgré moi et je me rends compte qu'il faut vraiment que j'oublie Edouard, il est hors de question qu'il me fasse souffrir comme Antoine l'a fait. Je ne m'en relèverai pas cette fois-ci.

Nous mangeons nos desserts, Paul insiste pour payer l'addition et heureusement finalement, parce que nous aurions dû manger des pâtes jusqu'au mois prochain vu la note !

Le trajet retour se fait dans un silence pesant, je n'ai pas le moral ces derniers jours, j'ai du mal à jongler entre ma vie de tous les jours et Édouard qui hante chaque partie de mon être. Je pense qu'Antoine le voit mais il prend le soin de ne pas m'en parler, de peur que je le quitte...

Nous nous couchons et mon copain me caresse la cuisse, signe qu'il a envie de moi, je lui réponds que je suis fatiguée, il souffle et se tourne et je m'endors en revivant pour la deuxième fois de la soirée le même flash-back...

Coup de foudre à ParisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant