La lampe de chevet

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Je suis réveillée par des cris au loin, j'ouvre les yeux péniblement. J'ai dû dormir deux ou trois heures, tout au plus. Après quelques minutes, je comprends que les hurlements proviennent de la chambre d' Édouard.

Je saute de mon lit, je suis inquiète. J'attrape ma lampe de chevet, la débranche et passe par la terrasse espérant trouver la baie vitrée d'Édouard ouverte.

Je marche tout doucement jusqu'à sa chambre, j'ai le coeur qui palpite. Le spectacle que je vois quand je tire sur son rideau me fend le cœur.

Il est en sueur, il crie de douleur, mais surtout, il prononce en boucle une phrase en Italien "Non ferirla". Il remue dans tous les sens. Je pose la lampe à côté de son lit.

J'ai mal pour lui, je cours vite dans sa salle de bain pour mouiller un gant, je m'assois à ses côtés pour lui passer sur le visage, tant bien que mal. J'essquive ses bras qu'il agite dans tous les sens. Rien y fait, il continue de crier.

Je me positionne donc à califourchon sur lui pour le maintenir et je pose mon front sur le sien, mes mains sur ses joues.

Je lui susurre des mots doux, je lui dis combien je me sens vivante à son contact, combien je voudrai passer le restant de ma vie à l'aimer et mon cœur exprime tout ce qu'il retient depuis bien trop d'années.

Il se calme peu à peu, je me décale sur le côté et continue de veiller sur lui en lui caressant les cheveux. Au bout d'un moment, il se réveille et est surpris de me trouver là.

Gênée, je bafouille, lui apprenant qu'il a fait un cauchemar et qu'il criait. Il se frotte le visage, se rappelant certainement ses mauvais rêves.

Je me tourne pour partir mais il me rattrape par la main, Édouard me regarde comme si j'étais la huitième merveille du monde.

Il me demande de rester avec lui d'une une voix suppliante et presque inaudible. Je lui caresse la main pour le rassurer et lui dis que je ne le quitterai pas.

C'est une promesse que je lui fais cette nuit et que je tiens depuis des années déjà pour lui. Mais ça, il ne le sait pas.

Je me dirige vers sa salle de bain, et rempli la baignoire, j'y ajoute de la mousse. Une fois à la bonne température, je vais le chercher.

Mon dieu, il n'est vêtu que de son boxer. Meydey, meydey, meydey, mon cœur est en flammes, venez me sauver !

Je le traîne jusqu'à la salle de bain, je sors pour lui laisser de l'intimité et je pars à la recherche de draps propres.

Je refais le lit et il sort après une vingtaine de minutes. Il aperçoit ma lampe posée à côté et il me demande ce qu'elle fait la. Je lui explique qu'il criait tellement fort que j'ai cru qu'il se faisait agresser.

Il sourit, enfin... Et moi, je suis morte de honte, soyons honnêtes, j'aurai fait quoi avec ma lampe de chevet ?

Nous nous couchons, il m'attire contre lui, je suis très gênée de la proximité de nos corps, mais mon cœur n'en fait qu'à sa tête et j'enfouie mon visage dans son cou.

Il me caresse les cheveux, il se rapproche et pose des baisers tendres sur mon épaule, puis dans mon cou, sur ma jugulaire et remonte progressivement sur ma joue.

Je ne bouge pas, mon corps est paralysé et d'un coup, il m'embrasse. Je réponds à son baiser et par je ne sais quel excès de confiance et de désirs, je me place à califourchon sur lui.

Je me remets à l'embrasser, il ne refuse pas, et mon cœur s'embrase un peu plus. Je bouge mon bassin lentement sur mini Ed, Édouard grogne et je me retrouve à présent sous lui. J'étouffe un cri de surprise.

Il me déshabille sans me quitter du regard avec une douceur extrême.

Il m'embrasse autant qu'il peut, ma bouche, mon cou, puis il descend sur mes seins. J' empoigne ses cheveux doucement pour ne pas qu'il s'arrête.

Sa bouche me provoque des décharges électriques un peu partout sur mon corps. Il me regarde intensément et me souffle à l'oreille :

- Je vous veux, depuis le premier jour où j'ai posé les yeux sur vous. Vous êtes magnifique.

Il ne m'en faut pas plus pour que mon corps passe d'un brasier à un incendie. Si je devais décrire ce que je ressens avec une chanson ? Ce serait : Au feu les pompiers, Natacha elle brûle, au feu les pompiers...

Je suis à la limite de l'explosion quand, il me pénètre en me regardant et je ne peux m'empêcher de fermer les yeux quelques secondes pour savourer ce moment que j'attends depuis des années.

Pendant tout l'acte, je ne sais plus sur quelle planète je suis, je ressens toute l'euphorie comme si c'était ma première fois. Edouard ne quitte pas mon regard et ses yeux sont un prompteur où je vois défiler toutes les émotions qu'il ressent à ce moment là.

On dit que les yeux sont là porte de l'âme, ce soir, j'ai poussé cette porte délicatement afin d'y déposer mon cœur. Je me suis rendue, j'ai baissé les armes, j'ai offert à cet homme le contenu de mon être.

Nous sommes en parfaite harmonie, nos corps sont faits l'un pour l'autre et nos âmes se sont enfin rencontrées.

C'est dans la pénombre de sa chambre que nous sommes arrivés au Nirvana.

Nous avons fait l'amour toute la nuit et ce n'est qu'au petit matin que nous fermons les yeux, dans les bras l'un de l'autre.

Quand je me réveille, la place à côté de moi est froide mais un mot a été déposé :

J'ai passé la plus belle nuit de toute ma vie.
Je n'ai pas pris le temps de vous dire que je devais m'absenter pendant quelques jours pour des affaires familiales.
Je vous laisse gérer pendant ce temps, je ne me fais pas de soucis, vous y arriverez sans problème.
Et puis, je saurai me faire pardonner à mon retour...
A très vite,

E.M

Je suis surprise par ses mots mais aussi émue, j'attendais ça depuis plus de trois ans et aujourd'hui, je suis à nouveau moi, complète. C'est un rêve éveillé... Je pleure toutes les larmes de mon corps tellement je suis soulagée.

A présent, je n'ai plus besoin de lui cacher ce que je ressens, je peux l'aimer, enfin.... Un poids s'enlève de mes épaules mais aussi dans mon cœur. C'est une sensation nouvelle qui s'empare de mon corps. Serait-ce ça le bonheur ??

Maintenant que j'y ai goûté, je ne veux plus jamais être malheureuse.
J'ai envie de hurler, de courir, de sauter dans tous les sens.... Une vraie adolescente, j'vous jure !

J'étais brisée et il m'a apporté ce second souffle dont j'avais besoin pour continuer à vivre....

Je reçois un message qui me ramène sur terre. Je prends mon téléphone et Édouard m'a partagé un lien Deezer.

Je clique sur le lien et, When a Man Loves a Woman de Percy Sledge résonne dans la pièce.

J'adore cette musique Blues hyper romantique, je me suis toujours dit que c'est cette chanson que je voudrais pour ma première danse si un jour je me marie. Je m'enroule dans mes couvertures, mon menton sur mes genoux, je me balance d'avant en arrière au rythme de la musique en profitant de cette bulle qu'il m'a créé.

L'idée me vient de faire un selfie pour lui envoyer. Je veux qu'il voit dans quel état d'esprit j'étais en écoutant sa chanson. Je relance la musique du début, et sélectionne l'appareil photo.

J'arrange mes cheveux, oriente mon visage face à la baie vitrée où quelques rayons du soleil rendent la luminosité de la pièce extraordinaire. Je vérifie, étant nue, que l'on ne voit pas seins. Je ne veux pas qu'il pense que c'est un sexto... je cale ma tête sur mes genoux toujours relevés sur ma poitrine en souriant timidement.

Je tends ma main et le premier essai est concluant. Le soleil sur ma peau, la blancheur éclatante de la couette font ressortir mes yeux et mon dos nu.

Je trouve cette photo magnifique, moi qui d'ordinaire déteste voir mon reflet.

Je lui envoie et mets en légende : Merci pour la bulle que vous avez installée autour de moi le temps de cette magnifique chanson...

Coup de foudre à ParisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant