La vie en Rose

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Il pose délicatement sa main sur mes reins pour m'inciter à le suivre. Je rougis une nouvelle fois. Je maudis mon corps à cet instant, de lui crier tout ce que je m'évertue à lui cacher pour son bien, mais aussi pour le mien.

Édouard m'annonce qu'il voudrait acheter un bijoux pour sa sœur, c'est bientôt son anniversaire. Il voudrait des conseils de fille.

Je profite de la promenade pour lui poser des questions sur sa sœur puis sur sa famille en général.

Sa famille vit en Italie, il n'a pas beaucoup de contacts avec ses parents, mais semble très proche de sa petite sœur à en voir ses yeux qui pétillent quand il me parle d'elle.

Petit à petit, j'arrive à me détendre en sa présence, et nous marchons dans les ruelles pavées sous un soleil agréable.

Nous parlons de ma famille également, mais je reste brève. Je ne veux pas lui raconter l'enfer que jai vécu. Nous arrivons devant une bijouterie. Il me prend par la main, nous entrons et sommes reçus par une vendeuse aux lèvres pulpeuses et à la poitrine généreuse.

Elle ne s'adresse qu'à Édouard, lui demandant s'il a une idée du cadeau qu'il voudrait offrir.

Elle ne manque pas de prendre un regard de séductrice pour parfaire sa panoplie de la parfaite croqueuse d'hommes !

Je boue et attends le bon moment, quand Édouard lorgne sur un bracelet Georgette, pour la regarder furieusement lui faisant comprendre qu'il m'appartient.

Édouard lui demande s'il peut voir de plus près le bracelet sur lequel il a flashé. Il est couleur or, avec un vinyle en dessous pailleté d'or également.

Il est magnifique et raffiné, comme lui. Il me regarde pour me demander mon avis, et je m'emballe un peu trop en lui disant qu'il est magnifique.

Mince, la honte, il n'est même pas pour moi... Je me ravise et lui dit qu'il connaît mieux sa sœur que moi. Alors s'il sent que c'est le bon, qu'il l'achète.

Édouard, très satisfait demande à ce que le bracelet soit emballé. Il me dit au moment de payer que je lui fais beaucoup pensé à sa sœur et que, vu ma réaction, elle l'adorera également.

La vendeuse qui semble à présent gênée lui tend le petit sac et Édouard me fait un bisou sur la joue pour me remercier de l'avoir accompagné.

Je rougis encore et toujours. Je me dis que s'il est aussi affectueux avec moi, c'est parce que je lui rappelle sa sœur, et qu'elle doit lui manquer terriblement.

Nous sortons de la bijouterie et Édouard se dirige chez le glacier en face. Je vais pour le rejoindre quand j'écoute une mélodie sortir d'une petite boîte à musique de la boutique de souvenirs attenante à la bijouterie.

Mon cœur est attiré par le doux son de La Vie En Rose, d'un des premiers monuments de Paris, Édith Piaf. Inconsciemment, je chante sur l'air qui se diffuse.

.... Des yeux qui font baisser les miens,
Un rire qui se perd sur sa bouche,
Voilà le portrait sans retouches,
De l'homme auquel j'appartiens...

.... Quand il me prend dans ses bras,
Qu'il me parle tout bas,
Je vois la vie en rose...

Cette chanson est faite pour moi et pour ce que je ressens pour Édouard. Aucun mot ne pourrait décrire mieux ce qu'il représente à mes yeux. Mais ça, il n'en saura rien...

Je n'ai pas remarqué qu'il se tenait près de moi et que je me donnais en spectacle, les quelques personnes présentes dans la boutique m'applaudissent à la fin de la chanson et je rougis en baissant la tête.

Édouard me regarde intensément, et me sourit tendrement avant de me dire que ce qu'il vient d'entendre était magnifique.

Moi qui n'aime pas être au centre de l'attention, c'est loupé ! Je me fais aussi petite que possible et nous rejoignons le marchand de glace. Il nous commande deux glaces à l'italienne vanille fraise et me demande de l'attendre quelques instants pendant que le glacier prépare notre commande.

Je discute avec l'homme d'un certain âge aux origines italiennes. Il me vante tout le plaisir qu'il a à travailler ici. Il m'explique qu'il amène un peu l'Italie à Paris, c'est sa plus grande fierté. Je souris à cet homme au grand cœur quand Édouard nous rejoint.

Nous récupérons nos glaces et continuons notre ascension tranquillement en savourant nos cornets italiens.

Je remarque qu'Edouard à de la vanille sur le coin de la bouche, je souris tellement que ça le rend mignon et mon cœur fond à nouveau...

Comment l'oublier quand il ne fait rien pour m'aider... Je lui dis doucement qu'il a de la glace sur le visage et je rigole quand il s'essuie le mauvais coin de sa bouche. Naturellement, je lui prends sa serviette des mains et le nettoie.

Je m'applique, je mets à nouveau tout mon cœur à l'ouvrage, avec cette douceur dont je ne fais preuve qu'avec lui.

Il me remercie et continuons de grimper la butte. Il m'explique pendant le trajet que Montmartre est son endroit préféré à Paris.

Je souris en constatant que nous avons un point commun de plus. Pourquoi faut il que l'homme de ma vie soit en couple, heureux et sur le point d'être papa à nouveau ? Pourquoi le destin me fait il traverser cette épreuve ? Pourquoi l'univers s'est allié à mon cœur pour me faire ressentir tout cet amour pour un homme amoureux d'une autre.

S'en est trop, je manque d'air et m'éloigne de lui sans le prévenir pour aller acheter une bouteille d'eau.

J'ai du mal à respirer, j'ai envie de hurler, de pleurer toutes les larmes de mon corps quand je sais que, quand nous nous serons quittés, il ira retrouver la femme de sa vie.

Il me rejoint rapidement et me demande si je vais bien. Je lui ments en lui disant que je me suis étranglée avec ma salive.

Je bois et lui propose la bouteille d'eau. Il ne se fait pas prié. Il est tellement sexy quand je vois sa pomme d'adam monter et descendre au rythme de ses gorgées. Je baisse les yeux rapidement, espérant avoir été discrète.

Nous arrivons tout en haut, devant le Sacré-Coeur. J'ai beau avoir visité cet endroit de nombreuses fois, c'est à chaque fois une première pour moi, je tourne sur moi-même pour admirer ce cadre magnifique avec des yeux d'enfant.

Édouard fait pareil, semblant perdu dans ses pensées puis m'attrape la main pour m'emmener vers la longue vue, offrant une vue panoramique sur Paris.

Il insert une pièce dedans et il me place devant afin que je puisse regarder à travers la lucarne. Posé derrière moi, il se rapproche et colle son corps au mien pour que je m'attarde sur la Tour Eiffel.

Les rayons du soleil de cette belle après midi la fait briller de mille feux et la rend magnifique. Étant très gênée de la proximité de nos corps, je me décale vite en l'invitant lui aussi à regarder à travers la longue vue.

Un appel nous sort de notre bulle et je décroche sans avoir regardé qui c'était.
Antoine me demande si j'en ai encore pour longtemps et me rends compte qu'il est déjà 17h30.

Je lui dis que je ne vais pas tarder, lui envoie un je t'aime qui sonne faux jusque dans mon cœur et raccroche.

Édouard semble en colère quelques instants puis m'annonce qu'il doit rentrer lui aussi.

Nous empruntons le Feniculaire pour redescendre. Ni lui ni moi ne prononçons un seul mot.

Nous arrivons en bas et Édouard me dit simplement à bientôt avant de partir en direction de Pigalle.

Je rejoins ma voiture le cœur lourd, j'aurai aimé que ces quelques heures se prolongent sur toute une vie. Je souffle et démarre, me laissant bercer par I'll Never Love Again de Lady Gaga.

Oui, parce qu'après lui, je ne pourrai plus jamais aimer...

Coup de foudre à ParisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant