Chapitre 10

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« Il n'est pas de plus grande douleur que de se
souvenir des temps heureux dans la misère. »
- Dante Alighieri, L'Enfer.

Calliope

Une semaine s'est écoulée depuis qu'Hadès m'a ramenée chez moi. Pandore a perdu son pari. Il n'est pas réapparu chez nous au bout des cinq jours. Et au fond de moi, j'ai espéré qu'il le fasse. Qu'il me contredise en se matérialisant dans le salon. C'est beau de prendre ses rêves pour des réalités.

La routine s'est vite réinstallée. C'est devenu un repère pour ne pas penser. Sinon, comment pourrais-je expliquer ce que je ressens pour Hadès, alors que je ne le connais pas ?

Ma journée consiste alors à me lever, me préparer, aller à la fac, rentrer, repartir travailler à la bibliothèque et dormir.

Métro, boulot, dodo.

C'était d'une telle monotonie. J'ai tellement honte de mon comportement. C'est abusif. Et intérieurement, ma conscience me donne des gifles et me crie de me ressaisir.

Mais me ressaisir de quoi déjà ?

De cette forte attirance physique que je ressens pour Hadès ? Hadès qui est un putain de dieu je rappelle. Toute cette histoire est débile. Plus j'y repense et plus je me sens devenir folle.

Ça en devient pathétique. Il faut que je me ressaisisse. Et vite.

Je suis sur le canapé avec Pandore devant la télé. À croire que chaque grande occasion doit obligatoirement se passer à cet endroit. Je sens que Pandore se retient de me demander quelque chose. N'y tenant plus et voyant les essais désastreux qu'elle tente pour prendre la parole, je lui coupe l'herbe sous le pied et lui demande s'il y a quelque chose.

– Tu vas bien ?

– Pourquoi je n'irais pas bien ?

– Je ne sais pas, tu es différente.

– Eh bien, mon monde est différent aussi. Mais oui, tout va bien Pandore.

– Et pour Hadès ?

– Il n'y a rien à ajouter à son sujet, dis-je en rigolant. J'ai éprouvé une quelconque attirance pour un dieu et c'est tout, pas besoin d'en faire une histoire.

– D'accord.

On se tait un instant mais j'ai tellement de questions à lui poser que je change de sujet quasiment instantanément.

– Dis m'en plus. Sur toi. Sur vous. D'où tu viens.

Pandore semble surprise sur le coup mais une fois lancée, elle est inarrêtable.

Elle débute par la naissance des Titans, enchaîne sur l'apparition des premiers dieux puis sur les seconds. Explique qu'ils sont quatorze mais que les sites internet n'en compte que douze, supprimant parfois Hadès et Hestia ou Dionysos et Déméter.

Je bois littéralement les paroles de Pandore. Elle fait des descriptions si réalistes que j'ai l'impression de me retrouver parmi eux. Elle m'explique que l'Homme a retravaillé les épopées des Héros et des dieux pour justifier des choses au-delà de l'entendement pour eux. Jamais je n'ai vu les yeux de Pandore briller comme ils le font maintenant. Je ne sais pas si c'est due à la joie ou à la tristesse, si bien que je me tais. Je n'ai jamais été très douée pour réconforter.

Quand Pandore aborde la beauté de l'Olympe, une larme roule sur sa joue. Elle l'essuie vite, comme si rien ne s'est passé.

– C'était si lumineux. Le soleil ne se couchait jamais, renvoyant l'éclat doré des moulures sur les colonnes sur nos peaux. Nous étions faits d'or. Le blanc paraissait si blanc comparé à celui que l'on trouve sur Terre. Les couleurs n'en étaient que plus vives. Ce n'était que beauté et fluidité. On se sentait aimés, protégés et tellement puissants.

Les dieux de l'Olympe - T1 Perséphone (1ère personne) [terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant