Chapitre 6

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« Par moi on va dans la cité dolente,
Par moi on va dans l'éternelle douleur,
Par moi on va chez les âmes perdues,
[...]
Vous qui entrez, laissez toute espérance. »
- Dante Alighieri, L'Enfer Chant III .

Calliope

Jamais telle peur n'a eu raison de moi. Même pas ce matin quand Pandore m'a réveillé de manière abominable. Pourtant, plus je le regarde, plus il desserre sa prise autour de mes bras. Et plus c'est ma fureur qui augmente. Il se prend pour qui celui-là ?

– Non mais vous êtes malade de réveiller les gens comme ça ?

Le pire c'est qu'il ne me répond pas. Je crois que j'aurai le bras libre, il aurait droit à une gifle monumentale. Mais à charge de revanche. Il n'est pas prêt de découvrir l'ouragan Calliope.

Mais ce n'est pas le pire. Le pire c'est que je suis attirée par cet homme. Oh oui, irrémédiablement attirée par lui et je peux vous dire que je peux changer de culotte je pense. Et j'ai l'impression que c'est réciproque. Ou alors je prends mes rêves pour des réalités. On se regarde encore quelques minutes, peut-être des heures et finalement je tente de sortir de sa poigne. Ce petit jeu a assez duré. Mais il a trop de force pour moi et c'est finalement une autre personne qui le fait pour nous et par la même occasion qui met fin à la tension entre nous.

– Je t'avais dit de rester éloigné d'elle, siffle Pandore.

– Il faut croire qu'aucun de nous deux n'a tenu sa parole.

Étrangement, cette phrase a raison de Pandore et toute colère quitte les traits de son visage. Je regarde la scène impuissante, interdite. Je ne sais absolument pas quoi faire pour détendre l'atmosphère glaciale de la pièce et la seule idée qui me vient n'a pas le temps d'être filtrée par mon cerveau.

– Pourquoi on irait pas profiter de la vue pour se détendre ?

J'ai envie de me taper la tête contre le mur. J'ai pas envie de me détendre, j'ai envie de courir, de crier et de m'éloigner de tout ce monde fantastique ! En relevant la tête, je fais face à deux regards médusés, si bien que je me demande si je n'ai pas un truc qui a poussé sur mon visage.

– Je vais faire un tour, à plus !

Je tourne les talons aussi vite que possible et disparaît derrière les rideaux blancs, laissant les deux autres s'expliquer. Je n'ai aucune envie d'assister à leur petite gué-guerre sachant que je suis la principale concernée. Je me sens vidée, froissée. Toute cette histoire commence à m'agacer. Je suis lasse. Tout ce que je veux en ce moment, c'est retrouver ma vie sans tous ces soucis de dieux, ma tristesse me dévorant assez de l'intérieur.

Une larme roule sur ma joue. Ma mère me manque. Elle, elle aurait su quoi dire pour me remonter le moral. Son absence me pèse sur le cœur. Aujourd'hui plus qu'un autre jour.La petite fille qui dort en moi s'est réveillée, hébétée, et veut plus que tout, être dans les bras réconfortants de sa maman. Les souvenirs de son rire ont raison de moi et je m'affale sur le gazon. Les larmes ravagent mon visage mais honnêtement, je m'en fiche.

Il me faut un petit moment avant de me ressaisir. Je me lève et me dirige vers le bord de la falaise. Je m'assoie et laisse pendre mes jambes dans le vide. Il faut croire que le danger m'attire. Je regarde en contre-bas et observe les vagues mourir sur les rochers tranchants. Ouais, faut vraiment pas tomber. Je relève mon regard pour me perdre dans les mille et une couleur de la mer qui s'étend à l'infini.

Je ne fais pas attention à ce qui m'entoure si bien que je ne sens pas la Présence se rapprocher de moi. À petits pas. Car elle sait qu'elle n'a que peu de temps et qu'elle n'est pas la bienvenue.

Les dieux de l'Olympe - T1 Perséphone (1ère personne) [terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant