« Mes yeux dolents ont plaint mon cœur ;
ils ont subi la souffrance des pleurs
et restent vaincus à jamais.
Pour désormais épancher la douleur
qui par degrés me conduit à la mort,
ma voix devra crier mon deuil. »
- Dante Alighieri, Vie Nouvelle.Hadès
Cela fait un peu moins d'une heure que j'ai les sourcils froncés. Qu'a-t-elle voulu dire par « être elle » ? J'ai beau chercher, je ne vois pas quelle peut être la raison de telles excuses. Je l'apprécie beaucoup malgré le fait troublant qu'elle ressemble à Perséphone. Certes, à plusieurs reprises j'ai pensé à ma bien aimée avec une pellicule devant les yeux mais cela ne m'empêche pas de bien m'entendre avec elle. Et puis elles ont diamétralement opposées. Calliope est tout ce que Perséphone n'est pas : enjouée, toujours prête à aider son prochain sans jamais penser à ce que cela pourrait lui apporter, rigolote, douce et terriblement excitante. J'aime contempler ses petites tâches de rousseur sur son nez légèrement en trompette. Voir ses joues se colorer quand elle est gênée ou quand elle rit à gorge déployée. Et ses yeux. Ses putain de yeux gris orage bordés de longs cils noirs.
J'aime le fait qu'elle ne se prend pas la tête, que le regard des autres lui importe peu. J'aime quand elle essaye de me regarder discrètement en ne tournant que les yeux dans ma direction.
La liste est encore longue et Perséphone n'avait aucune de ces qualités. Je ne me souviens même pas comment j'ai pu tomber éperdument amoureux d'elle. Je sens à nouveau mes yeux picoter et le terrible voile de larmes me brouiller la vue. Cela fait longtemps que je n'ai pas pleuré. Bien trop longtemps pour me souvenir de quand cela c'est produit pour la dernière fois.
Ai-je seulement pleuré un jour ?
Ai-je déjà pleuré à la mort de Perséphone ?
Cette pensée me fait froncer un peu plus les sourcils. Je me souviens d'avoir été en colère, déversant la haine la plus noire et la plus tranchante sur mes sujets. Sur les morts. Pourtant, je ne me rappelle plus si j'ai pleuré ma funeste perte. J'ai été en colère et je me suis concentré sur le travail pour ne pas y penser, couchant de temps en temps avec Cerbère, sans réel plaisir. J'ai traversé les siècles en y songeant vaguement, connaissant le trou béant dans mon cœur, les larmes aux yeux sans toutefois les verser et quand la douleur devenait si difficile à surmonter, je m'évadais. J'ai fuis, comme les lâches que je méprise tant.
Calliope remue sur mon épaule et me sort de ma réflexion. Je la regarde par en-dessus et lui caresse distraitement les cheveux. Elle pousse un soupir de contentement et cale un peu plus sa tête dans mon cou. Ses cils papillonnent légèrement et me réveille complètement.
Qu'est-ce que je suis en train de faire ? Je ne peux pas trop me laisser aller avec elle. Un jour elle va mourir, et alors, je la perdrai aussi.
Je me relève brusquement, sans me soucier d'elle et m'éclipse dans mon Royaume. Le rappel éternel que je suis seul et entouré par la mort. C'est mieux aussi. Je fais ça pour notre bien à tous les deux.
En arrivant dans mon bureau, j'aperçus à peine Cerbère qui me saute dessus et glisse sa langue dans ma bouche. Je la laisse faire, c'est devenu un automatisme. J'en ai marre d'être seul et Cerbère, elle est bien vivante ici. Et puis il y a Calliope qui n'arrange en rien la situation. Elle me fait tellement de bien et pourtant, jamais je ne me suis senti aussi seul dans cet espace qui est mon Royaume. Cerbère est là, toujours fidèle à son poste, toujours en train de me séduire et je me fiche à présent des conséquences.
J'introduis furieusement ma langue dans sa bouche et lui répond avec la même hargne. Je déchire vivement la petite robe pourpre, et sans surprise, la trouvant nue sous mes paumes. Cerbère n'a jamais aimé mettre de sous-vêtements et je ne m'en suis jamais plains. Il ne me faut que quelques minutes pour la pénétrer et commencer le lent mouvement de va et vient. Les seins de Cerbère frottent délicieusement contre ma poitrine. Quand elle commence à s'impatienter en me soufflant au visage, j'accélère le rythme et touche son clitoris. Mon plaisir doit devenir le sien aussi. Pourtant, même enfoncé profondément dans Cerbère, je ne peux penser à autre chose qu'à Calliope. Je grogne de frustration et tente de me concentrer seulement sur les sensations de mon membre contre le sien. De Cerbère en train de jouir sur moi. De ses parois qui se contractent autour de moi. Je sens la jouissance arriver et dans un dernier mouvement j'explose en Cerbère. Je me rhabille en vitesse. Je n'ai jamais aimé les câlins d'après sexe, alors je remercie Cerbère et file hors de mon bureau pour me diriger vers la salle des thermes du palais. Sans enlever mes habits, je plonge dans la piscine intérieure et ne ressors de l'eau que quand je vois des étoiles danser devant mes yeux.
VOUS LISEZ
Les dieux de l'Olympe - T1 Perséphone (1ère personne) [terminé]
RomanceRoman Perséphone, retravaillé à la première personne (il y a quelques modifications). Je voulais votre avis pour savoir lequel vous préfériez :) Et si Perséphone n'était pas le grand amour d'Hadès ? Et s'il y avait quelqu'un d'autre ? Calliope, 21...