« Et pourquoi nos fautes nous
déchirent-elles ainsi ? »
- Dante Alighieri, L'Enfer, Chant VII.Hadès
La jambe de Cerbère s'enroule autour de moi et me sort de mon sommeil.
Je ne veux pas la blesser, alors je continue de faire semblant de dormir. Pour me calmer, je compte jusqu'à trois.
Un.
Deux.
Trois.
Et je reprends.
Quand je sens la main de Cerbère caresser mon torse nu, c'est plus fort que moi, je la stoppe. Son poignet toujours dans la main, je me retourne pour lui faire face.
– Ce n'est pas contre toi, mais je n'ai pas envie. De faire quoi que ce soit, je rajoute après un silence.
– Tu as promis de faire des efforts et tu ne fais strictement rien.
Je la regarde, interdis. C'est tellement dur, je me rends compte que tous les deux, on ne sera jamais heureux ensemble.
– Tu ne m'as même pas fait passer le rituel de la Grenade.
Je me crispe en pensant à ça. Tôt ou tard, même si elle appartient déjà aux Enfers, elle devra manger les graines de grenade pour être couronnée reine. Et devenir officiellement ma femme.
En pensant à ça, des images de Calliope défilent à toute vitesse dans ma tête mais mon cœur reste vide. Je ne ressens plus rien. Je ne sais même pas s'il bat encore.
Un silence tendu s'installe dans la chambre. Cerbère m'observe et je détourne le regard.
– Il faut que j'aille travailler Cerbère. On en reparlera une prochaine fois.
Je me lève précipitamment et encore torse nu, referme la porte de la chambre derrière moi. Je me frotte le visage.
Il va bien falloir que je trouve une solution. On ne peut pas rester comme ça éternellement.
Je commence à courir pour aller je ne sais où et je me retrouve à passer devant l'ancienne chambre de Perséphone. La vérité m'assaille. Je lui ai imposé un amour à sens unique, la privant du sien pour l'éternité quand elle a décidé de mettre fin à ses jours.
Puis je me suis servi de Cerbère pour m'empêcher de souffrir et combler mes besoins. Je me suis également servi de la petite humaine jusqu'à ne plus pouvoir me passer d'elle tellement je l'aime.
Ce n'est pas étonnant si le destin a décidé de me rendre la monnaie de ma pièce.
Je me remet en marche et entre quelques minutes plus tard dans mon bureau. Je prends un pantalon et une chemise qui traîne sur le sofa et m'assoit, la tête entre les mains. Comme l'époque où Pandore venait me voir est loin. Elle me manque. Celle qui fait battre mon cœur encore plus.
Comme je me sens seul. Est-ce que c'est ce que ressente les îles en pleine mer ? Je donnerai n'importe quoi pour voir un radeau s'échouer sur ma plage. Mais je l'ai mérité. C'est moi qui ai mis tout le monde hors de ma vie. Je ne peux m'en prendre qu'à moi-même.
Soudain, j'entends toquer à ma porte. Mon vœu est-il en train de se réaliser ? Je me lève et vais ouvrir. Devant moi se tient mon neveu, Arès, vêtu d'une tenue de combat antique. Le fidèle guerrier toujours prêt à se battre.
– Arès. Quel plaisir de te voir. Je t'en prie, entre, dis-je en me décalant sur le côté.
– Merci.
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Les dieux de l'Olympe - T1 Perséphone (1ère personne) [terminé]
RomanceRoman Perséphone, retravaillé à la première personne (il y a quelques modifications). Je voulais votre avis pour savoir lequel vous préfériez :) Et si Perséphone n'était pas le grand amour d'Hadès ? Et s'il y avait quelqu'un d'autre ? Calliope, 21...