Chapitre 24

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« Je me trouvais sur le bord de l'abîme de douleur,
où retentit le tonnerre d'infinis hurlements.
Cet abîme était si obscur, si profond, si sombre,
que jetant mes regards au fond, je n'y discernais aucune chose. »
Dante Alighieri, L'Enfer, Chant III.

Calliope

Trois longues semaines que je vogue sur les vagues de la douleur. Je tente de ne pas me noyer mais l'orage ne veut pas s'arrêter, et mon bateau ne va pas tarder à sombrer.

Cependant, la plupart du temps, je réussis à cacher ma souffrance. C'est facile. Tellement facile et je pense que je ne m'en sors pas trop mal. Du moins je pense. D'ailleurs, ce soir n'y manquerait pas, j'afficherais mon plus beau sourire. Pandore a organisé une soirée entre nous et pour l'occasion, on s'est louées la trilogie du Seigneur des Anneaux. On a prévu de se faire un marathon de cette incroyable saga, tout en se gavant de junk food.

Une bonne soirée en perspective et j'ai envie de faire plaisir à Pandore, je ne veux pas être une loque ce soir. Alors je me motive et laisse de côté Hadès et Cerbère. Tout ce petit monde est derrière moi.

Pourtant, je sens de jour en jour la douleur s'agrandir. Je ne comprends pas pourquoi je souffre autant. Je ne peux pas être attachée aussi fort à une personne en si peu de temps non ? Je ne peux pas éprouver des sentiments si forts pour lui. Comment n'ai-je pas pu mieux protéger mon cœur ?

C'est incroyable.

C'est fou.

C'est destructeur.

Je m'effraie moi-même de ce que je peux ressentir. Je repense à Hadès et la douleur sourde dans mon cœur devient plus vive.

Je suis forte.

J'ai réussi à tenir trois semaines et je sens déjà que je vais mieux. Légèrement mieux pour être plus honnête. Je regarde Pandore dans la cuisine en train de terminer nos burgers. Je lui serai à jamais reconnaissante d'être là.

Je m'installe dans le canapé jaune moutarde et prends la télécommande pour lancer le film. Pandore arrive, pose les assiettes et revient deux secondes après avec deux verres et une bouteille de rosé. Elle nous sert et me tends un verre. Je m'essuie rapidement les mains contre le bas de mon pyjama et l'attrape.

On trinque et le film commence. Je m'installe plus confortablement et pour la première fois, je souris vraiment. C'est un petit pas mais j'ai espoir d'aller mieux.

Pourtant, je sens mon cœur se remplir de noirceur. Je tremble et ne montre pas mon trouble à Pandore. Elle a assez de soucis comme ça.

Le jour n'est pas loin de pointer le bout de son nez quand on éteint la télévision. On vient de finir le troisième et dernier film.

Je suis exténuée.

Heureusement, on est samedi matin, j'ai posé un jour de repos, alors on peut directement aller se coucher. Pourtant, on reste là, assises dans le canapé, le regard dans le vide. Je suis la première à ouvrir la bouche. À déballer mon sac.

– Il me manque.

– Hadès ?

– Ouais. Il me manque à m'en faire mal. À m'en couper la respiration. À m'en broyer l'estomac. À m'en dissoudre le cœur.

J'arrête le temps de reprendre mon souffle et de prendre conscience que je viens enfin de mettre des mots sur ce que je ressens.

– Il me manque à un point où je me perds dans les noirceurs des abîmes. Dans les tréfonds de mon âme. Il me manque et ça me fait tellement peur Pandore.

Les dieux de l'Olympe - T1 Perséphone (1ère personne) [terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant