Chapitre 36

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« Que la force me soit donnée
de supporter ce qui ne peut être changé
et le courage de changer ce qui peut l'être. »
- Marc Aurèle.

Calliope

Je souffre le martyr et une peine immense m'accable. C'est tout ce dont je me souvienne en me réveillant dans cette grotte aux parois luisantes et froides. Je me lève sur mes jambes tremblantes et remarque du sang couler sur les lames de cuir. J'amène ma main à mon ventre et sens sous mes doigts un liquide chaud et épais.

Je porte la main à mes yeux et observe le liquide rouge sur ma main. J'ai un haut le cœur puis soudain tout me reviens en mémoire.

Le combat.

Déméter.

Hermès qui me plante un poignard dans le ventre.

J'ai à peine eu le temps de me dégager pour éviter qu'il atteigne le cœur. J'aurai alors pu dire qu'il me plantait un poignard en plein cœur. Je m'effondre contre la pierre dure.

Je suis morte.

Je n'ai pas voulu écouter Hadès et voilà que j'ai les deux pieds dans la tombe.Plus jamais je ne pourrais le voir. Faire entre la lumière dans sa vie comme lui le fait.

Le faisait plutôt, me rappelle ma conscience.

Je prends ma tête entre mes mains et pleure un long moment. Un froid immense se loge dans tout mon corps et me fait trembler.

J'entends un bruit de pas et essuie mes larmes dans la précipitation. Puis un souffle de vent me fouette le visage et des ricanements se répercutent sur les murs de la grotte.

Enfin, face à moi, je vois trois vieilles dames encapuchonnées dans de longues capes grises et élimées. Elles sont en train de se chamailler sur un bout de fil en argent. Je fronce les sourcils. Ces voix me semblent familières.

– Clotho, dis à Lachésis de me rendre mes ciseaux ! Geint la première, toute à droite.

– Non. Sa vie n'est pas encore finie. Il ne faut pas le couper, répond la seconde à l'opposée en tenant précieusement une paire de ciseaux en bronze.

– Assez ! Ordonne celle du milieu.

Les deux autres se taisent et baissent la tête. Je me lève en m'aidant de la paroi lisse et humide et tousse dans mon effort. Dans un même mouvement, les trois vieilles femmes se tournent et viennent à ma rencontre. À leur vue, je m'empêche in extremis de faire une grimace de dégoût.

Les vieilles femmes ont la peau aussi lisse que du parchemin, ce qui laisse voir un impressionnant réseau de veines. En plus de ça, leurs petits yeux aveugles s'enfoncent dans leurs orbites. Leur bouche sourit mais il leur manque toutes leurs dents.

– Calliope, descendante des dieux. Te voici enfin chez nous, me salue celle de gauche.

Lachésis si je ne dis pas de bêtises. J'inspire un bon coup et me tiens un peu plus le ventre. Impossible d'endiguer le sang. Si je suis morte, pourquoi le sang continue de couler ?

– Vous êtes les Moires n'est-ce pas ? Celles qui décident de notre destin... Et qui coupe le fil de la vie, je souffle à bout de force.

– Oui ! Bravo, bravo, s'enthousiasment-elles en tapant des mains.

On dirait des enfants. D'abord la dispute puis maintenant ça ? Je me demande si c'est vraiment elles qui décident de notre vie. Si c'est le cas, je comprends mieux pourquoi elle est aussi merdique.

Les dieux de l'Olympe - T1 Perséphone (1ère personne) [terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant