Chapitre 20

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« En admettant même que la nécessité
engendre tout amour qui s'enflamme en vous,
vous avez en vous le pouvoir de le réfréner. »
- Dante Alighieri, Le Purgatoire, Chant XVIII.

Hadès

– Ils veulent te voir. Ils veulent tous te voir Hadès.

Pandore me regarde avec insistance, essayant de me transmettre un message par un simple regard. La question reste de savoir : lequel ?

Je suis perplexe. Que me veulent-ils ? Que me veulent tous les dieux olympiens ? Je n'ai pas été dérangé par mes frères et sœurs depuis l'enlèvement de Perséphone et je me doute bien que cette soudaine réunion n'augure rien de bon.

– Quand ?

– Demain, au crépuscule, au Mont Olympe.

Je souffle. La perspective de me réunir avec les miens ne m'enchante déjà que très peu mais si en plus je dois me rendre là-bas je ne donne pas cher de ma peau. L'Olympe est un lieu que l'on m'a fait miroiter, que l'on m'a été arraché. Le lieu de toutes mes envies. De tous mes fantasmes.

Je serre les poings jusqu'à m'en faire blanchir les jointures et ravale la réplique acerbe qui ne demande qu'à sortir.

Putain je les déteste !

Défaitiste, je m'assoie sur le lit et prends ma tête entre mes mains.

– Très bien.

Je ravale ma salive. Mes espoirs. Mon pouvoir.

– J'irai.

Je relève la tête et croise le regard de Pandore. Ils n'ont pas osé. Dites-moi qu'ils n'ont pas osé.

– Qui ont-ils fait venir ?

Pandore détourne les yeux et observe une tâche invisible quelques secondes. Elle semble sur le point d'éclater en sanglots.

Je vais tous les buter. Un par un pour avoir fait du mal à Pandore. Je prie encore pour que ce ne soit pas lui mais je sais déjà que c'est le cas.

– Arès. Ils ont envoyé Arès.

Pandore semble sur le point de s'effondrer et se détache de l'entrebâillement de la porte. Sans un regard en arrière, elle file dans sa chambre et claque la porte. J'ai à nouveau en tête les sanglots déchirants de Pandore qui est séparée de lui. La voir comme ça me fend le cœur et me ramène beaucoup trop en arrière. À l'époque où Pandore et Arès ont été séparés pour un temps indéfini. Zeus est vraiment le pire.

Sans m'en rendre compte, je tords les draps dans mes poings. C'est Calliope qui me ramène sur Terre. Elle passe sa main sur la mienne et la délie du drap. Elle me regarde tendrement et pose ma tête sur son épaule.

– Que vous ont-ils fait ?

Je ne réponds pas. Trop chamboulé par cette humaine. Elle me berce et je ne tarde pas à retrouver mon calme. Alors je relève la tête et plonge mon regard dans le sien avant de l'embrasser.

On met fin au baiser et elle entrelace nos doigts. Cette proximité, ce réconfort me font chavirer. Personne à part Pandore n'a jamais fait ça pour moi. Juste être là et me prendre la main.

– Viens. On va aller voir Pandore, je ne peux pas la laisser comme ça.

Je secoue la tête. Pandore n'a jamais aimé montrer son chagrin. Sa fuite n'a rien de spécial, elle a longtemps fait ça.

– Elle n'est plus là. Elle est partie en Grèce.

– Mais on ne peut pas la laisser seule !

– Calliope. Crois-moi, c'est le mieux pour l'instant.

Les dieux de l'Olympe - T1 Perséphone (1ère personne) [terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant