Chapitre 2

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« Aussi ne sais-je à quelle source prendre,
Perdu dans l'amoureuse errance
Je voudrais dire et je ne sais que dire. »
- Dante Alighieri, Vie Nouvelle.

Calliope

Meg m'a enfermé dans ma chambre. Elle ne manque pas de culot celle-là ! Et avant que je ne puisse poser une seule question, elle est partie le retrouver. Je suis immédiatement sortie à sa suite mais l'inconnu avait déjà disparu. Meg également. Je souffle, excédée. Les réponses seront pour plus tard.

Je suis allongée sur mon lit, les yeux observant mon plafond sans vraiment le voir et le cerveau en ébullition. Qui était cet homme ? Pourquoi appeler ma meilleure amie Pandore ? Serait-ce une blague entre eux ? À cause du mythe de la boîte de Pandore ? Pourquoi Meg n'a-t-elle jamais parlé de lui ? Et pourquoi mon corps a-t-il eu toutes ces réactions ? Et puis pourquoi suis-je hantée par ses yeux bleus gris ? Je ferme un instant les paupières, et frappe mon lit de mon poing. Si Meg ne m'a rien dit de lui, se pourrait-il qu'elle trempe dans des affaires louches ? Je ne l'imagine pas du tout vendant de la drogue ou des armes mais sinon à quoi pourraient-ils faire référence ? Et Pandore pourrait être un nom d'emprunt pour ne pas qu'elle se fasse avoir par la police.

Je délire complètement. Mégane ne pourrait jamais. Mais alors, de quoi s'agit-il ? Je pousse un profond soupir et me retourne sur le ventre, sous les couettes. J'éteins la lumière et ferme les paupières. Mon cerveau en surchauffe ne tarde pas à s'arrêter et je plonge dans un monde où les mythe prennent vie. Et où la Perséphone de l'apollon, c'est moi.

* * *

Quand le réveil sonne, je suis déjà debout depuis longtemps. Si au début j'ai trouvé le sommeil rapidement, mon cerveau a déjanté en me faisant croire que j'étais observée toute la nuit. Et pourtant j'avais beau ouvrir les yeux, fixer un moment l'obscurité avant d'allumer la lumière, il n'y avait rien. C'en est devenu tellement insupportable que j'ai vite abandonné l'idée de dormir et que je me suis mise à faire le ménage et certains de mes devoirs de communication, une corvée que je déteste au plus haut point. En fait, je déteste mes études mais ne sais pas ce que je ferai si j'arrêtais tout. Peut-être clown dans la rue ? Je secoue la tête. N'importe quoi, moi ? Clown ? Je ne suis même pas drôle.

Je quitte l'appartement une petite demi-heure plus tard, sans faire un bruit pour ne pas réveiller Meg. Je me dirige vers mon vélo mais décide finalement d'aller au travail à pied. Je suis en avance alors rien ne sert de se presser. Et puis ça me ferait du bien de me rafraîchir les idées. L'assurance vie de ma mère me permet de payer les frais d'université exorbitants mais ce boulot me permet d'être un peu indépendante.

Quant à Meg. Et bien ses parents payent tout, mais je n'ai jamais eu la chance de les rencontrer pour les remercier. Le reste je m'en fiche. Ils ne sont jamais présents pour leur fille et je ne peux pas le comprendre. Pourquoi vouloir un enfant mais ne pas s'en occuper par la suite ? Le souvenir de ma mère est fugace et je souris en repensant à elle. On a toujours été assez proches, en même temps avec un père absent, on ne pouvait que l'être. Sa mort a été terrible. Une expérience déchirante à vivre et j'en porte encore les stigmates, mais mon corps semble sortir enfin de l'eau.

C'est d'ailleurs à cette période que Meg et moi on est devenue beaucoup plus proches qu'on ne l'était déjà. On se complète et notre lien est désormais indéfectible. Sans Meg, je ne sais pas ce que je serais devenue. Mais je m'imagine sans mal me tourner à nouveau vers les soirées débridées où l'alcool coule à flot. La rechute n'est jamais bien loin quand on a l'impression de ne vivre qu'à moitié. Mais Meg est là et c'est le principal. Je souris. Je souris vraiment en tournant sur la cinquième avenue et mes yeux se posent automatiquement sur l'imposante bibliothèque centrale. Décrocher un job ici a été une aubaine, non seulement il est tout proche de mon logement mais en plus je suis entourée de livres tout au long de la journée.

Les dieux de l'Olympe - T1 Perséphone (1ère personne) [terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant