« Nul effet provenant de la raison ne peut
durer toujours, parce que les désirs des hommes
changent suivant les influences du ciel. »
– Dante Alighieri, Le Paradis, Chant XXVI.Calliope
Je décolle mes lèvres de la bouche du dieu des Enfers la première, le souffle court et le cœur qui bat à toute vitesse. Inconsciemment, je souris de toutes mes dents d'un sourire éclatant. Hadès me le rend.
Pourtant, je n'oublie pas les sentiments contradictoires qui font rage dans son cœur. Regrette-t-il ce qu'il vient de se passer ? Je vois bien que son sourire n'atteint pas ses yeux. Hadès se décale imperceptiblement sur le côté et je sens arriver la phrase fatidique.
« C'est une énorme connerie. On devrait rester amis. »
Je me décale à mon tour et mets de la distance entre nous, sans toutefois le montrer d'une manière trop brutale. J'ai peur que ces soudain baisers n'aient provoqué un malaise et je ne sais pas comment détendre l'atmosphère. Ni comment agir avec Hadès.
Je décide de caler ma tête sur le bras du dieu des Enfers et tourne mes yeux vers le plafond bleu nuit. Je préfère accrocher mon regard à la constellation d'Orion plutôt qu'à la douloureuse beauté de la divinité grecque. Je le sens bouger à mes côtés mais ne détourne pas pour autant le regard.
J'en ai presque mal aux yeux de devoir me concentrer sur ces petits points blancs. Qu'est-ce qui nous a pris de nous embrasser ? Je ne suis qu'une idiote qui suit en permanence son cœur au lieu de suivre sa tête. J'aurai dû réfléchir avant de répondre à son baiser. La partie rationnelle dans ma tête refait surface et d'un air mécontent, agite son doigt sous le nez de la partie sentimentale et fleur bleue. La scène ressemble étrangement au dessin animé Vice Versa.
– Laquelle regardes-tu ?
Je prends conscience qu'il me parle mais ne lâche pas pour autant les yeux du plafond.
– Orion.
– Un bon chasseur qui est mort dans des circonstances troubles.
– C'est-à-dire ? Dis-je toujours concentrée sur la constellation.
Il cherche de longues secondes ses mots et finalement au bout de ce qui m'a paru une éternité, il me répond.
– L'histoire est assez confuse. C'était un grand ami d'Artémis et ils avaient l'habitude de chasser ensemble. Un jour une flèche lui a été fatale. Artémis n'a jamais voulu nous en parler et garde ce secret depuis des millénaires. Aujourd'hui encore, il ne faut pas que l'on fasse référence à Orion en sa présence. Je pense que le seul au courant de l'histoire c'est Apollon, et encore, je n'en suis pas sûr.
Je prends le temps de digérer ce qu'il vient de me dire. Il y a des tonnes de mythes grecs et on peut les trouver un peu partout : sur le net, dans un livre, sur la pierre pour les plus téméraires. Alors pourquoi personne ne sait la vérité, il doit bien y avoir une part de vrai dans les mythes.
Non ?
– Pourtant, il y a de nombreux mythes au sujet d'Orion, réplique-je, la vérité doit bien être dans l'un d'entre eux.
– Les humains se sont appropriés nos histoires. Ils ont absolument voulu mettre un fait sur ce qu'ils ne pouvaient expliquer.
La tension dans la voix d'Hadès est perceptible. Je pourrai presque la trancher au couteau tellement elle devient oppressante. J'ai envie de me taper la tête contre le mur. Je suis stupide, je viens de l'énerver. Le pire, c'est qu'il n'en reste pas là, ce qui me donne encore plus envie de disparaître.
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Les dieux de l'Olympe - T1 Perséphone (1ère personne) [terminé]
RomanceRoman Perséphone, retravaillé à la première personne (il y a quelques modifications). Je voulais votre avis pour savoir lequel vous préfériez :) Et si Perséphone n'était pas le grand amour d'Hadès ? Et s'il y avait quelqu'un d'autre ? Calliope, 21...