Chapitre 8

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« [...] sales mâchoires du démon Cerbère, qui étourdit tellement les âmes qu'elles voudraient être sourdes. »
- Dante Alighieri, L'Enfer Chant VI.

Calliope

Je me suis réveillée dans le magnifique lit en fer forgé il y a de cela trois jours maintenant. Au début, je pensais que toute cette escapade n'avait été qu'un rêve. Puis en voyant mes vêtements déchirés et sales j'ai vite compris et déjanté. Je suis bloquée dans un cauchemar.

Je n'ai aucun doute sur l'identité de mon sauveur. L'odeur du souverain des morts flotte dans mes souvenirs depuis trois jours. j'aurai aimé le remercier mais il n'est jamais venu me voir. Je ne comprends pas trop. Pourquoi venir me sauver si c'est après pour m'ignorer des jours entiers ? Et me laisser enfermée dans cette chambre devenue très oppressante.

Et beaucoup trop rouge à mon goût.

Pour me changer les idées, j'ai décidé d'aller fouiller l'armoire à la recherche de vêtement mais tout ce que j'ai trouvé c'est des tenues un peu trop farfelues pour moi, et soit trop petites, soit trop grandes. Mais je n'ai pas eu le choix, je ne pouvais pas rester avec des lambeaux sur le dos.

C'est comme ça que trois jours plus tard, j'observe mon reflet ridicule dans le miroir de la salle de bain adjacente. Elle est faite entièrement de pierre et comprend une baignoire incrustée à même le sol. Le total luxe quoi.

Aujourd'hui encore, je ne peux m'empêcher d'être émerveillée et c'est bien le seul avantage que je trouve à ce palais. Je pourrai presque restée juste pour la salle de bain.

Je laisse derrière moi la fille à la robe verte à fanfreluches et retourne dans la chambre.

Mon Dieu, ce rouge me sort par les yeux !

J'ai tout essayé pour m'échapper une seconde fois mais la porte reste verrouillée et aucun appui me permet de passer par la fenêtre. Alors je poireaute dans la framboise depuis trois jours. Je tourne en rond, tambourine sur la porte mais rien n'y fais.

J'ai droit à la visite de Pandore pour les repas et encore ça ne dure pas une éternité. Je soupçonne Hadès de chronométrer nos repas pour ne pas que trop d'informations sortent. Mais je suis plus maligne que lui. Pandore encore plus. Si bien que j'ai compris que si j'étais enfermée et privée de visite c'est pour mon bien et celui des autres.

Je suis considérée comme danger public par une divinité immortelle souveraine des morts.

Une vaste blague.

Je suis enfermée comme un oiseau en cage. Ne sachant toujours pas quoi faire je tourne en rond. À bout de nerfs, je prends le premier bougeoir que je trouve et le fracasse sur le sol. Je tape enfin ma crise. Puis je me dirige vers la porte et la rue de coups comme si c'était Hadès que j'avais en face de moi. Je hurle aussi beaucoup. Mais je m'en fiche. Je libère toute la colère que j'ai en moi depuis que je suis enfermée. Et puis tout ce rouge m'a grillé les neurones.

Je commence à fatiguer et m'assoie sur le sol, sans faire cesser les coups qui deviennent de plus en plus faibles. Soudain, j'entends des bruits de pas sur le sol en pierre grises. Revigorée je me lève et tambourine de plus belle sur la porte. Quelle est ma surprise quand l'entrée s'ouvre, laissant apparaître une splendide jeune femme. De cinq ans mon aînée certainement, elle a les cheveux blonds platine aux points grises et vertes. Son expression n'affiche qu'une profonde lassitude.

Je ne peux que jalouser son physique. Elle est d'une beauté sans pareille, avec des jambes interminables et la silhouette digne des plus grands mannequins.

Les dieux de l'Olympe - T1 Perséphone (1ère personne) [terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant