Chapitre 4

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« Comme les tendres fleurs inclinées et fermées par la gelée nocturne lorsque le soleil blanchit relèvent leur tige et s'ouvrent ; ainsi fût-il de mon courage lassé, et une ardeur si vive me revint au cœur. »
- Dante Alighieri, L'Enfer Chant II.

Calliope

La présence que je ressens depuis la visite de l'homme mystère a disparu depuis hier soir et j'ai pu passer une bonne nuit, réparatrice. Et Dieu seul sait que j'en avais besoin. Pourtant, je me sens bizarre. Comme si elle me manquait. Comment le sentiment d'être en permanence accompagnée, observée pourrait me manquer ? Je secoue la tête, me moquant de moi et de mes pensées.

Ce qui est certain, c'est que je me sens automatiquement apaisée quand elle est là. Je hausse les épaules et me dirige vers la cuisine. Je prends un mug et me fait couler un café bien noir dedans.

Pas de sucre.

Que de l'amertume.

Comme ma vie qui me laisse un goût amer dans la bouche. Dans l'esprit. Quand vais-je enfin arrêter de ressasser le passé et vivre pour moi. Faire des choses qui me plaisent vraiment et que j'ai envie de faire ? Je m'adosse au comptoir et laisse mon regard dans le vide. Je bois mon café à petites gorgées et laisse mon esprit divaguer. Sauf qu'il me ramène vers cet étrange homme dans notre salon. Je tente de faire appel à mes souvenirs pour dessiner dans les moindre détails son visage. Mais son image s'efface rapidement, ne reste que deux yeux d'un bleu de glace. Et toujours ces questions. Comment est-il entré ? Est-ce quelqu'un de « normal » ? Non parce qu'il est clairement au-dessus de tous les hommes que j'ai pu rencontrer ! Et puis comment connaît-il Meg ? Pourquoi ne m'a-t-elle jamais parlé de lui ? Et puis pourquoi l'appeler Pandore ? Je plonge mon regard dans la tasse désormais vide et fronce les sourcils. Il y a trop de questions et trop peu de réponses. Je sors mon téléphone de ma poche et clique sur la discussion avec Meg. Je commence à rédiger toutes mes questions, comme une liste, mais hésite à appuyer sur la touche envoyer. Finalement, je verrouille l'écran et retourne dans ma chambre.

En soufflant, je m'allonge sur mon lit, ou plutôt m'effondre, et visse mes écouteurs dans mes oreilles. La musique mélancolique Aftermath, de Muse, résonne dans tous mon corps. Je contemple inlassablement mon plafond, comme s'il avait toutes les réponses à mes questions. Je retourne sur la bulle avec Meg et regarde ma petite liste. Est-ce qu'il ne vaut mieux pas attendre son retour et l'assaillir de questions en face ? Je ferme les yeux un instant avant de cliquer sur la touche supprimer. Finalement j'envoie comme seule question :

« Quand est-ce que tu rentres ? »

Je laisse tomber mon téléphone sur la couette et fixe à nouveau la couleur bleue nuit du plafond. Quand on a aménagé, j'ai peint le plafond de cette couleur avec des petites constellations, de façon à ne pas me sentir oppressée entre quatre murs. J'ai toujours cherché à m'évader. Et j'ai toujours pensé que je ne suis pas faite pour ce monde. Comme une putain d'héroïne de science fiction. Alors ce plafond est devenu mon refuge. Et chaque fois que je sens que je vais vriller, que les mauvais souvenirs ne sont pas loin, je le regarde. Et je m'y perds.

Le soleil ne va pas tarder à se coucher. Le crépuscule puis la venue de la nuit noire sont mes moments préférés. Je les trouve beaux. Tellement beaux. Comme si le monde se taisait d'un coup, pour laisser la place à d'autres de vivre, de s'éveiller. Le crépuscule, c'est un moment éphémère qu'il faut saisir. Je ne me l'explique pas,, mais l'atmosphère qui s'en dégage me fait vibrer, et avec ça, je peux observer chaque étoile s'éveiller. C'est un autre monde qui apparaît alors. Peut-être un monde où je me sens mieux.

Une infinie solitude me prend à la gorge et m'oppresse. Me sentant tout à coup toute petite dans l'appartement, je saute du lit et sors précipitamment. Je me mêle alors à la foule. Elle m'englobe dans un cocon étouffant mais rassurant.

Les dieux de l'Olympe - T1 Perséphone (1ère personne) [terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant