Idylle. Ça commence comme idiot et ça finit comme imbécile.
Voilà ce que s'était répété Mahiru tout au long des remontrances du proviseur adjoint. L'adulte ne leur avait pas à proprement parler hurlé dessus, mais il leur avait bien fait comprendre que ce comportement était inadmissible de la part de lycéens de troisième année – presque des adultes, donc – et qu'ils devraient avoir honte de l'exemple qu'ils donnaient aux plus jeunes. Ni l'un ni l'autre n'avait bronché, guère désireux d'aggraver leur cas, mais la sentence avait été irrévocable : cinq heures de travail d'intérêt général, qui consistaient à venir plus tôt le matin pour arroser les parterres de fleurs dans l'enceinte du lycée.
Force était d'admettre leur idée n'était pas des plus brillantes : sécher les cours à moins de deux semaines des examens trimestriels, pénétrer dans une salle sans autorisation et utiliser le matériel scolaire à des fins autres que pédagogiques, le tout sans adulte pour superviser. Oui, l'intelligence de la reporter avait connu de meilleurs jours. Quant à celle d'Atsumu... il fallait encore en prouver l'existence pour l'évaluer.
— Je sais pas pourquoi, mais j'ai l'impression que tu me prends pour un débile encore une fois.
Elle battit des cils, brutalement ramenée à la réalité par cette voix qui savait lui faire perdre toute contenance à chaque fois, et la silhouette du volleyeur redevint nette dans son champ de vision. Il avait les cheveux en bataille et une partie de son t-shirt était mouillé à force d'agiter le tuyau d'arrosage dans tous les sens, si bien que le tissu collant d'humidité révélait la forme de son buste taillé par les entraînements journaliers. L'effet se trouvait même empiré par cette manière, trop captivante pour que ce soit totalement inconscient, qu'il avait de contracter ses muscles à certains de ses mouvements qui pourraient bien faire rougir les roses blanches qu'il était en train d'arroser.
Car Mahiru, elle, s'empourprait à vue d'œil. Elle se détestait pour cette réaction, qu'elle ne savait pas exactement à quoi attribuer entre ses sentiments pour lui et ses propres hormones avec lesquelles le blond jouait avec une meilleure maîtrise encore que lorsqu'il jouait au volley. Son esprit était d'ailleurs d'autant plus troublé que les souvenirs du mercredi précédent l'avaient travaillée tout le week-end. De sa découverte pour Kinako et Murao, à ce bento partagé dans l'intimité du toit, et enfin cette partie de volley clandestine qui s'était soldée de la plus étourdissante des manières, à faire exploser son cœur de toutes les émotions possibles et imaginables. Car même en ne prêtant pas beaucoup d'attention aux détails, même en étant encore sous le choc des récentes révélations, même en ayant été interrompus avant que quoi que ce soit n'ait le temps d'avoir lieu, Mahiru pouvait affirmer sans se tromper qu'Atsumu avait essayé de l'embrasser.
— C'est pas ça, je réfléchis juste, articula-t-elle alors en se rappelant qu'il lui avait parlé, avant de réduire le débit d'eau du robinet relié au tuyau pour lui permettre d'arroser le parterre d'anémones.
— Tu réfléchis ? répéta-t-il dans une tentative de la faire continuer.
— Oui. Tu sais, connecter ses neurones, faire appel à ses connaissances, ce genre de truc que tu fais jamais.
— C'est vrai que tu les as vachement connectées, tes neurones, quand t'as craqué sur un mec à qui t'as jamais parlé...
Il se détourna des rosiers afin de s'attaquer aux anémones, la narguant au passage de quelques haussements de sourcils, et les lèvres de Mahiru tremblèrent d'agacement – et d'un petit autre chose, aussi, que même dans toute la conscience de ses sentiments, elle n'aurait pas su expliquer. La reporter poussa un soupir long comme le bras.
— Je sais même pas ce qui me retient de t'asperger tout entier avec le tuyau, marmonna-t-elle en désignant ledit tuyau entre ses mains.
— La peur de te faire arroser en retour, peut-être ?
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Salade de Fruits |HQ!!|
FanfictionMahiru ne s'est jamais intéressée à Miya Atsumu. Elle ne le déteste pas, elle ne l'admire pas non plus, rien d'extrême. Il ne lui inspire que les sentiments qu'on a habituellement à l'égard d'un camarade de lycée un peu mignon et populaire : un ou d...