La douce tiédeur de la joue d'Atsumu ne quitta pas les pensées de Mahiru. Que ce soit pendant la course de relais où l'équipe de la 3–5 avait fini troisième sur six, lors du match de baseball où Ugaki et le reste de la classe l'avaient traînée un peu après, ou encore au moment de convivialité organisé par le B.D.E. à la fin de la journée où, chacun avec leurs amis respectifs, ils s'étaient regardés en chien de faïence sans jamais se parler, rien n'y avait fait. Car à aucun moment la reporter n'avait su s'ôter de l'esprit le contact pourtant on ne peut plus bref qu'elle avait initié en l'embrassant.
Il lui restait d'ailleurs sur les lèvres, ce baiser, terriblement brûlant en dépit de toute sa légèreté. Les endroits où sa lippe avait effleuré la peau du volleyeur picotaient encore d'ivresse par moment, et son cœur, oh son pauvre cœur, il s'affolait toujours un peu sitôt que le souvenir la hantait une seconde de trop. Diable, même son odeur de musc et de rosée automnale lui chatouillait toujours les poumons, à la hanter jusque dans les plus sombres heures de la nuit. Et même la distance apportée par le week-end n'atténua pas son effet, bien au contraire, car c'est pleine d'appréhension que Mahiru arriva au lycée le lundi matin qui suivit.
Le hall tout particulièrement fut un calvaire à traverser. Peut-être parce que ça lui avait retourné l'esprit pendant trois jours. Peut-être parce qu'une part d'elle se demandait bien ce qu'Atsumu allait lui dire en cours. Peut-être aussi parce que, depuis l'endroit où il se tenait avec ses coéquipiers, son regard noisette avait traversé la pièce pour se poser sur sa silhouette sitôt qu'elle avait franchi le seuil. Toujours est-il que la brunette dut redoubler de concentration pour fendre la foule jusqu'à atteindre son casier, derrière la porte duquel elle se réfugia sans plus attendre pour se soustraire à son regard – et à tous les autres aussi, parce qu'elle avait la cruelle impression que tout le lycée la contemplait.
— Tu te fais un nid pour l'hiver ?
La voix de Kinako l'arracha à ses inquiétudes, et dans son sursaut, la reporter se cogna l'épaule à la porte de son casier. Elle grimaça de douleur, se massant l'épaule dans une vaine tentative de s'en défaire, avant d'enfin tourner les yeux vers sa meilleure amie qui esquissait un sourire penaud.
— Désolée, articula-t-elle avec embarras. Je pensais pas que...
— T'en fais pas, l'interrompit Mahiru afin de couper court à ce malaise étrange dont elles peinaient à se défaire depuis quelques jours. Tu vas au club, là ?
— Oui, je voulais te proposer qu'on y aille ensemble.
— Ah, euh... oui, carrément. Laisse-moi juste deux minutes.
Sa sœur de cœur se fendit d'un large sourire et acquiesça avec vigueur, tandis que l'autre se dépêchait de troquer ses mocassins de ville contre les chaussures d'intérieur fournies par le lycée. Pas qu'elle ait tout à fait hâte de se rendre au club ou en cours, loin de là. Or pour une fois que Kinako n'était pas accompagnée de Murao le matin, la brunette voulait en profiter – surtout après les événements du vendredi précédent qu'il lui fallait extérioriser. Aussi, après une ultime seconde d'égarement où son regard se perdit en direction du petit attroupement qui s'était formé autour des casiers des jumeaux Miya, Mahiru referma le sien pour emboîter le pas à sa meilleure amie.
— Ça a été ton week-end ? s'enquit-elle avec prudence alors qu'elles s'engageaient dans les escaliers.
— Tranquille, ouais. J'ai surtout dormi ; les matchs de tennis m'ont achevée.
— Ha, tu m'étonnes.
Dans un sourire, l'adolescente songea à la victoire écrasante de la 3–6 sur les autres classes au tournoi de tennis, qui avait en effet dû les vider de leur énergie. Elle-même avait senti passer sa course de relais, seule activité physique de la journée qui avait pourtant suffi à la faire tomber comme une masse à neuf heure du soir – même si, en son for intérieur, elle soupçonnait la fatigue d'être due à autre chose de plus... émotionnel.
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Salade de Fruits |HQ!!|
FanficMahiru ne s'est jamais intéressée à Miya Atsumu. Elle ne le déteste pas, elle ne l'admire pas non plus, rien d'extrême. Il ne lui inspire que les sentiments qu'on a habituellement à l'égard d'un camarade de lycée un peu mignon et populaire : un ou d...