Chapitre 40 ⋅ Casser les codes

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Comme l'avait annoncé Atsumu, la météo était de la partie en ce jour si spécial. Un soleil éclatant brillait au-dessus de Kobe, à faire monter le mercure jusqu'à vingt-neuf degrés à la mi-journée, tout en restant supportable grâce la brise rafraîchissante en provenance directe de la mer de Seto. Un temps idéal, en somme, pour faire du sport en extérieur sans risquer l'insolation ou la rhinopharyngite. Les organisateurs du Bureau des Étudiants s'en réjouirent d'ailleurs lors de leur discours d'ouverture, même s'ils ne manquèrent pas de rappeler à la foule d'adolescents prêts à en découdre, de bien s'hydrater au cours de la journée mais aussi de ne pas trop se couvrir.

Mahiru peina à les appliquer, ces conseils. Si la première règle ne lui posait aucun problème à condition de ne pas oublier de boire, la seconde en revanche constituait une autre paire de manches – et c'était le cas de le dire. Car sa veste de survêtement aux couleurs du lycée lui allait parfaitement, de par la longueur de ses manches qu'elle pouvait redescendre sur ses mains, et lui permettait donc de cacher sa vilaine brûlure encore sous pansement. Et à une heure à peine du début de sa course – programmée à quatorze heure trente précises – la reporter se demandait comment elle pourrait bien concourir sans ce bout de vêtement pour protéger sa paume endolorie, dans une compétition où le but principal était de se faire passer un objet de main en main.

— Qu'est-ce qu'ils font ? Ils en mettent du temps...

La voix de Narumi Kisara l'arracha à ses inquiétudes. Sa camarade de classe avait quitté le banc où elles s'étaient installées un peu plus tôt et avait rejoint le petit sentier à proximité pour guetter la porte du gymnase numéro trois. Encore une fois, Mahiru eut du mal à ne pas rester bouche bée – pour ne pas dire envieuse – de sa beauté de poupée qui se découpait dans le paysage fleuri du lycée. Elle s'en détourna dans un battement de cils.

— Ça fait quinze minutes que le match est fini, rappela-t-elle alors avec dépit. Ils ne devraient pas tarder.

— Ils sont longs quand même.

— Ah ben c'est des garçons, hein. On dit des filles mais ils sont carrément pires que nous.

— C'est vrai, reconnut Kisara dans un petit rire. Pour peu que les jumeaux aient commencé à se chamailler dans les vestiaires...

La reporter ricana doucement à cette possibilité guère surprenante. Si c'était le cas, elles étaient bonnes pour attendre longtemps sur ce maudit banc ; les jumeaux Miya pouvaient se prendre le chou pendant des heures. Elles en avaient eu la preuve pendant le match dont ils sortaient tout juste, opposant leur classe de 3–6 à celle des 3–5. Un curieux coup du sort avait fait qu'Atsumu et Osamu s'étaient retrouvés chacun dans une classe, et donc de part et d'autre du filet. Inutile de dire que le match fut un carnage, une volonté pour chacun des frères de grapiller des points à l'autre – et ce malgré le désintérêt désormais connu du cadet pour le volley – si bien qu'ils étaient tous les deux en nage au coup de sifflet final. Et malgré sa défaite, il n'y avait pas plus heureux qu'Osamu de donner la victoire à son jumeau.

Des autres volleyeurs, il fut difficile d'en dire grand-chose. Pas qu'ils aient chômé, car ce n'était pas du tout le cas. Pour autant Mahiru peinait à se rappeler leurs exploits, éclipsés par ce duel entre le soleil et la lune. Et elle qui s'était laissé éblouir par les éclats dorés du premier n'avait pas tout de suite compris de qui on lui parlait, quand Kisara lui avait demandé de venir avec elle à la sortie du gymnase pour attendre Ginjima.

— Tu crois qu'il va me regarder bizarrement ? s'enquit-elle au bout de quelques secondes silencieuses.

— Pourquoi il te regarderait bizarrement ? s'étonna la brunette. Vous vous parlez assez souvent, non ?

Salade de Fruits |HQ!!|Où les histoires vivent. Découvrez maintenant