Chapitre 37 ⋅ Les services rendus

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Si Mahiru s'était attendue à devoir satisfaire la curiosité d'Atsumu en retournant en classe après s'être expliquée avec Kinako, surtout quand c'était lui qui s'était proposé de ranger le matériel de jardinage pendant leur discussion, la reporter n'avait certainement pas prévu de le trouver à quelques pas de la porte à sa sortie du local de l'Inarizaki Today. La première sonnerie venait tout juste de retentir dans l'établissement quand sa haute silhouette s'imprima sur sa rétine, adossée contre le mur du couloir. Il se redressa en les apercevant, sa meilleure amie et elle, tandis que le cœur de cette dernière s'emballait bêtement. Et sans lui laisser dire quoi que ce soit, Kinako tourna un regard complice dans sa direction.

— On se voit à midi, lui indiqua-t-elle doucement, la voix toujours enrouée par ses sanglots et aveux. Dans le patio, ça te va ?

— Attends, tu montes pas avec...

Le sourire naissant de son amie l'empêcha de poursuivre. Son regard noir coulissa furtivement vers le volleyeur, puis dans un clin d'œil entendu, elle tourna les talons pour disparaître au bout du couloir. Atsumu la regarda passer curieusement, les mains enfouies dans les poches de son pantalon d'uniforme, avant que son regard noisette ne revienne dans sa direction. Elle frémit sous son attention.

— Qu'est-ce que tu fais là ? Ça a déjà sonné, lui fit-elle remarquer dans un soupir, et il haussa les épaules avec nonchalance.

— J'te voyais pas revenir, alors j'me suis dit que j'allais venir te chercher moi-même avant que tu débarques à la bourre.

— Mais du coup, tu te mets en retard aussi... ?

— Ouais mais on sera en retard ensemble, argua-t-il sans même remarquer la portée de ses paroles sur son interlocutrice. Ça passera mieux pour le prof, vu qu'on était en colle à deux.

Ce disant, le volleyeur l'invita d'un geste de la tête à se mettre en route, ce que Mahiru se hâta de faire. Elle ne put pas empêcher ses propres jambes de trembler au fil des pas, cependant, à l'idée qu'il se soit mis en retard pour lui éviter des remontrances. C'était sans doute très anodin comme geste, un élan de gentillesse maladroite qui ne voulait pas forcément dire quelque chose, une des spécialités de Miya Atsumu à son égard. Pour autant, l'adolescente ne parvenait pas à se l'ôter de la tête.

Un raclement de gorge à sa droite la ramena à la réalité, alors même qu'ils s'engageaient dans la cage d'escaliers.

— Alors, l'histoire avec ta pote ? s'enquit-il avec une curiosité mal dissimulée, qui arracha un soupir à la reporter.

— Qu'est-ce que tu veux savoir ?

— J'sais pas. Ce que tu veux bien me dire.

— Je sais même pas ce que tu sais déjà, vu que tu passes ton temps à écouter aux portes.

Sa méfiance n'était totalement pas infondée. Car sans être fines comme du papier à cigarette, les portes du lycée n'étaient pas totalement insonorisées pour autant. On entendait sans trop tendre l'oreille les voix des professeurs s'élever depuis l'intérieur des classes en passant dans les couloirs – chose que les deux adolescents avaient eu plus d'une fois l'occasion de faire ces dernières semaines – et si ceux-ci levaient la voix, l'on pouvait discerner leurs mots. Et après toutes les confessions qu'elles s'étaient faites à mi-voix avec Kinako, la brunette n'avait pas très envie que cette fouine d'Atsumu n'ait encore une fois laissé traîner ses oreilles là où il ne fallait pas.

Ce dernier ricana pourtant, à conforter Mahiru dans ses soupçons nourris par l'effroi, avant de répondre avec son insouciance habituelle, au moment où ils atteignaient le palier du premier étage – à croire qu'ils n'étaient pas en retard.

Salade de Fruits |HQ!!|Où les histoires vivent. Découvrez maintenant