Contre toute attente, l'interview de Miya Atsumu fut pliée sur les vingt minutes restantes de la pause méridienne. Peut-être était-ce la menace de devoir se réunir une seconde fois pendant le week-end pour la terminer, ou bien celle de laisser à Mahiru le soin de meubler le reste de l'entretien avec des mensonges dont elle seule avait le secret – toujours est-il que le volleyeur comme la reporter daignèrent se tenir tranquilles jusqu'à la dernière seconde. En conséquence, c'est avec un sourire satisfait qu'elle avait pénétré dans la classe quelques secondes après la sonnerie à peine, avec sous le bras un calepin aux pages bien griffonnées d'informations croustillantes. Même le rire gras et bruyant d'Atsumu, qui avait fait le chemin retour en sa compagnie et s'était empressé de rejoindre ses camarades de classe Saito Hiroto et Suna Rintaro avec toute la discrétion dont il était pourvu, n'avait su entacher sa bonne humeur. Le plus dur était passé, ne resterait plus qu'à tout boucler pendant le week-end pour être tranquille pendant l'interview de Murao Ryouhei.
À cette idée, lycéenne ne put empêcher la dérive de ses pensées niaises au cours de l'après-midi, à tel point qu'une grande partie du cours de sciences naturelles entra par une oreille pour ressortir par l'autre aussi sec. Mahiru imagina à la place les questions personnalisées qu'elle comptait poser à son crush de toujours, la coiffure et le maquillage qui seraient les mieux adaptés pour ce jour-là, ou encore ce qu'elle pourrait bien se préparer comme bento – peut-être valait-il mieux prendre un simple goûter le matin et l'après-midi, plutôt que de passer pour une goinfre devant lui ? Ou pire, de rater sa bouche comme un peu plus tôt avec Atsumu ?
La réflexion la fit hésiter suffisamment longtemps pour que le son pourtant libérateur de la cloche lui passe par-dessus la tête, et qu'elle ne remarque que le cours était terminé que lorsque ses camarades se levèrent pour saluer le professeur. Elle les imita alors maladroitement, les pensées déjà dirigées sur son téléphone portable qui clignotait dans son sac.
— Ah, Mahiru-chan, murmura la voix de Kisara tout près d'elle, une fois que la classe fut libérée. J'espère que ça va.
— Oui oui, j'ai juste la tête à beaucoup de choses en ce moment, sourit-elle en balayant sa maladresse du plat de la main, même si elle se maudit intérieurement de son manque de discrétion. Et toi ?
— Je vois... On peut aller manger des taiyakis ensemble dans la semaine, si tu veux, ça peut te changer les idées.
— Oh ben... pourquoi pas oui ! Peut-être pas aujourd'hui, je suis full avec le club, mais la semaine pro', ça t'irait ?
Kisara ne répondit pas d'emblée, tandis que flottait sur ses lèvres un sourire-grimace que la reporter mit sur le compte de sa timidité. L'espace d'une brève seconde, le regard sombre de sa camarade de classe s'attarda avec hésitation sur un point derrière elle, avant de revenir sur sa personne quand elle acquiesça.
— Ça me va ! Je peux pas rester, je dois rejoindre mon club, mais... Tu as mon numéro, je crois, donc n'hésite pas à m'envoyer un message si ça ne va pas.
— J'y penserai, c'est gentil. Après, la semaine prochaine, le club va s'alléger un peu, donc t'inquiète, ça devrait aller pour les taiyakis.
La blonde fronça un instant les sourcils à cette phrase, mais ne dit rien. Ses prunelles alternèrent de nouveau entre ce point derrière elle et son visage, mais Kisara n'approfondit pas. Quand, intriguée, la reporter amorça un geste pour se retourner, sa camarade marmonna un « À plus tard » qui se perdit dans le brouhaha de la classe, avant de prendre congé d'elle. Mahiru la regarda s'éloigner en vitesse, puis en surprenant l'attention d'Ugaki – la très sérieuse déléguée de classe – rivée dans la même direction, elle osa un coup d'œil furtif par-dessus son épaule pour tenter de comprendre ce qui la mettait si mal à l'aise.
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Salade de Fruits |HQ!!|
FanfictionMahiru ne s'est jamais intéressée à Miya Atsumu. Elle ne le déteste pas, elle ne l'admire pas non plus, rien d'extrême. Il ne lui inspire que les sentiments qu'on a habituellement à l'égard d'un camarade de lycée un peu mignon et populaire : un ou d...